Adnen Bouassida, Président de la municipalité de Raoued, à La Presse : «Donnez-nous les moyens et nous réaliserons des miracles»

président de la municipalité de Raoued

Le verbe facile, une mine d’idées et la passion visiblement dévorante pour la vie communale, Adnène Bouassida semble bien parti pour réussir son mandat à la tête de la municipalité de Raoued. Beau vainqueur des dernières élections municipales, il a, depuis, fait du chemin, engrangé des acquis inestimables, sans pour autant céder à l’euphorie, car, avec son tempérament de battant et sa griffe de gagneur, cet ardent avocat de la perfection et de la transparence est de ceux, qui tant qu’ils n’ont pas tout fait, n’ont rien fait. C’est un peu pourquoi il affirme avec courage qu’il n’a pas peur d’avoir encore du pain sur la planche. Entretien.

Commençons d’abord par les dernières inondations qui ont durement touché votre commune où les dégâts étaient considérables. Jusqu’à quand durera cette situation dangereuse?

Effectivement, la situation est dangereuse, parce qu’à la première pluie, c’est la panique. Et c’est inévitable dans une commune connue pour l’immensité de son territoire, les menaces des quatre oueds qui la traversent et le phénomène des constructions anarchiques, vieux de plusieurs décennies. Le problème est que notre commune n’a jamais bénéficié d’un plan de prévention contre les inondations. Depuis mon élection, je n’ai fait que soulever cette épineuse question. Aujourd’hui, on peut parler de lueur d’espoir, puisque l’Etat a commencé récemment le déblocage d’un fonds pour ce projet (Etude et exécution des travaux).

Nul n’ignore que votre commune n’a pas totalement vaincu les phénomènes des constructions anarchiques et des moustiques. Etes-vous prêts à relever le défi ?

Dire qu’on n’a rien fait dans ces deux domaines, c’est carrément trahir la vérité. En effet, d’aucuns ont bel et bien constaté un léger mieux illustré par le nombre sans cesse croissant des décisions de démolition et des saisies sur chantier ouverts sans autorisation de bâtir. Le tout en dépit de la persistance de notre conflit avec la police municipale dont la réticence en matière d’intervention n’est plus à démontrer. Quant au volet des moustiques, je crois modestement que la situation est largement meilleure que par le passé, puisque nos engins d’arrosage en insecticides ne chôment pratiquement plus. Les progrès sont donc sensibles, voire considérables. Mais, rassurez-vous, nous continuerons de maintenir la pression sur ces deux terrains, si forts soient les prix à payer.

Sur le plan environnemental, la note est par contre loin d’être gaie, n’es-ce pas ?

Non, pas du tout. D’abord, regardez ce qu’on a fait pour la voirie, avec notamment le bitumage de dizaines de kilomètres de chaussées et la réfection des trottoirs. Ensuite, on n’a plus de problèmes concernant les opérations de collecte des ordures ménagères qui se déroulent désormais quotidiennement et dans les règles de l’art, et cela grâce au renforcement de notre parc roulant, à la discipline des ouvriers et au suivi de tous les instants à l’aide des GPS. Par ailleurs, on a amélioré notre score dans les domaines d’aménagement des espaces verts et de lutte contre le commerce parallèle, outre l’assainissement des trottoirs squattés par les établissements commerciaux (cafés, restaurants…).

Toujours volet environnemental, nous avons créé des terrains de quartier et des espaces de loisirs, redonné au Festival de Raoued son lustre d’antan et élaboré une étude de création d’un petit parc naturel, à l’instar de celui d’Ennahli. Situé sur l’une des vastes plaines qui surplombent la commune, il fera sûrement la joie des habitants.

Avez-vous imaginé des solutions aux problèmes de la circulation de plus en plus étouffante dans vos cités ?

C’est vrai que cela devient un casse-tête, vu l’explosion démographique que connaît la commune. Aujourd’hui, nous avons l’idée de recourir à la solution de la fourrière et des sabots. Or, ce qui nous paralyse vraiment, c’est l’inexistence de terrains conçus pour les parkings. C’est donc une question de caractère purement foncier. C’est pourquoi nous avons adressé des demandes d’expropriation auprès des départements étatiques concernés. Le même problème se pose d’ailleurs pour nous à propos d’un terrain situé à Ennekhilet et que nous envisageons de transformer au zone d’habitation pour le personnel de la municipalité. Un personnel que je ne remercierai jamais assez pour son abnégation et sa conscience professionnelle. Car, pour moi, il constitue la locomotive de notre mairie.

Et puis, un « smigard » qui cravache dur a tout à fait droit à un logement décent pour qu’il soit plus motivé et rassuré sur son avenir et  celui de ses enfants.

Est-il vrai que les relations de votre commune ne sont pas au beau fixe avec certaines municipalités voisines?

Je dois préciser que nos relations demeurent solides avec les municipalités de l’Ariana et de La Soukra. Et je suis persuadé que ces liens vont en se consolidant, surtout que nous envisageons ensemble d’aménager un grand marché commercial commun du côté de Chotrana pour remplacer l’actuel marché hebdomadaire (souk Ejjomâa), tout en abritant les marchands du commerce parallèle. Ce nouveau pôle, une fois construit, sera relié par un long tronçon de route venant directement de La Soukra, ce qui soulagerait la grande artère menant à Raoued.

Nous pensons même organiser des navettes de bus desservant quotidiennement ce nouveau marché à partir des trois communes. Si donc tout baigne avec mes  collègues de l’Ariana et de La Soukra, il est, pan contre, désolant et regrettable de constater que le torchon brûle encore entre notre municipalité et celle de La Marsa. La pierre d’achoppement, il faut aller la chercher chez nos voisins qui ont procédé, illégalement en 2003, à la mainmise sur un large par de notre territoire au nom d’un absurde retraçage des frontières entre les deux communes. La bataille de récupération des terres usurpées bat désormais son plein à la faveur de notre volonté tenace de la trancher. Ainsi, nous avons accompli récemment toutes les formalités juridiques nécessaires et, forts de la justesse de notre position, nous n’avons plus qu’à attendre la sentence du Tribunal administratif pour que justice soit faite.

Je dois signaler que la zone grignotée par la municipalité adverse abrite des pôles économiques et touristiques capables de… renflouer la caisse de n’importe quelle mairie. Il faut donc rendre à César ce qui appartient à César. Ce n’est pas d’un cadeau qu’il s’agit.

L’on sait que votre conseil municipal a été secoué, à ses débuts, par un conflit qui vous a opposé à un conseiller, sur fond de divergences politiques. Où en sont les choses?

Ce fut un orage qui a vite passé, parce que la sagesse et le sens de la responsabilité ont fini par prévaloir. Notre camarade est aujourd’hui à nos côtés, comme si de rien n’était. C’est justement cette union sacrée qui fait la force de notre conseil municipal. Et nous ferons tout pour la préserver afin de ne pas décevoir ceux qui nous ont élus.

Dans une commune, la vôtre, qui est en perpétuelle métamorphose et dont la population majoritairement jeune, il est bizarre de relever que l’infrastructure sportive est pratiquement inexistante. Que pensez-vous faire pour combler ce vide ?

Outre les terrains de quartier dont on continue d’encourager la création, nous avons érigé une salle couverte déjà opérationnelle et qui abritera incessamment d’importants tournois sportifs internationaux. Dans la foulée, nous comptons construire un terrain de football et de rugby. Comme vous pouvez le constater, ce ne sont pas les idées et les projets qui nous manquent. Mais, donnez-nous les moyens et nous fairons des exploits.

Le mot de la fin ?

A ceux qui me reprochent peut-être un excès de rigueur et de rudesse, je dois dire que j’ai appris à honorer scrupuleusement mes engagements, sans rechigner à l’effort ni avoir peur de l’application de la loi, la responsabilité de la gestion de la commune étant une œuvre collective.

 

Entretien conduit par Mohsen ZRIBI

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