résultats préliminaires de l’étude sur les violences faites aux femmes sur les réseaux sociaux : Mettre fin à la violence en ligne !

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Lors d’une rencontre tenue récemment au Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif), qui s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale de lutte contre la violence à l’encontre des femmes, les premiers résultats de l’étude sur les violences faites aux femmes sur les réseaux sociaux ont été présentés.


L’étude a été, en effet, réalisée par l’universtaire Sadok Hammami avec la participation de Meriam Cheyib, Khadija Souissi, Sonia Zekri, Hanen Chakroun et Amina Jbebli.
En effet, l’étude s’est focalisée sur la problématique des différentes formes de violence faite aux femmes, notamment la violence sur le réseau social le plus connu, à savoir Facebook qui est un espace virtuel englobant différentes activités sociales, politiques, culturelles, économiques…
Cette première étude réalisée en Tunisie et dans le monde arabe aborde la problématique de la violence subie par les femmes et fait le diagnostic des différentes formes de cette violence, comme les menaces de mort, la discrimination, les menaces d’agressions sexuelles, le cyber harcèlement….
Cette étude s’adresse aux chercheurs, sociologues, professionnels des médias, etc.

Une étude basée sur une stratégie précise
Le choix de l’étude s’est porté sur facebook en tant que réseau social très utilisé par une grande communauté qui rassemble toutes les catégories d’âge. Notons, également, que cette étude a été basée sur une stratégie bien précise, à savoir la réalisation d’un sondage d’opinion auprès de plus de 563 participants, la technique du focus groupe, l’observation des différentes interactions dans certaines pages sur ce réseau, dont les résultats ont été analysés par la suite.

Parmi les volets principaux qui ont constitué les parties de cette étude, on note une définition détaillée de la violence «numérique» tirée du rapport de l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes qui la définit comme suit : la traque furtive sur Internet, la publication de photos intimes d’une tierce personne via Internet ou le numéro du téléphone portable, la publication de données personnelles d’une tierce personne sur le Net, les menaces , les avances sexuelles…

Des exemples d’agressions verbales et des pourcentages
L’étude a catégorisé les agressions verbales et les propos infâmes adressés aux femmes en fonction des qualificatifs utilisés : 50% des échantillons étudiés ont qualifié la femme de «pute», 15% l’ont traitée de «nulle», 16% dévoilent leur avis en s’exprimant ainsi «c’est bien fait pour elle», 14% la traitent de «sale gueule», et 3% la traitent d’ «impudique».

Une autre répartition a été élaborée dans cette étude pour démontrer les pourcentages des propos dégradants en étroite relation avec l’aspect vestimentaire ou physique de la femme, dont on note plus de 60% de la communauté échantillon qui traite la femme en faisant référence à l’animal, ainsi que d’autres injures et insultes humiliantes, à l’instar de «bête», «conne» afin de la dévaloriser intellectuellement.

Les mères célibataires ne sont pas épargnées de ce traitement dévalorisant et des moqueries ou mauvaises plaisanteries relevées dans quelques pages sur Facebook.
Précisons, à ce titre, que l’étude a montré, entre autres, que le pourcentage le plus élevé des agresseurs sur les réseaux sociaux sont des jeunes, soit 49% de jeunes contre 40% chez les adultes et personnes âgées. La première réaction la plus observée lors de cette étude et qui concerne la réaction des femmes violentée vis-à-vis leur agresseur est la suppression immédiate de l’agresseur de leur liste d’amis alors que certaines se murent dans le silence, d’autres répondent à leur agresseur et certaines le signalent auprès de leurs proches et portent plainte auprès de la justice.
Toujours selon l’étude, les agressions subies par les femmes sur le réseau social Facebook les poussent la plupart du temps à modifier la confidentialité et les paramètres de leur compte et à limiter leur liste d’amis. Sur le plan personnel, la violence via les réseaux sociaux conduit à l’auto-exclusion et peut causer la dépression.

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