Dghoumes à Tozeur, Bouhedma situé à Sidi Bouzid et Gafsa et Dejbil à Kebili, trois parcs naturels qui fascinent par leur beauté mais demeurent mal exploités en matière d’écotourisme en raison d’un cadre institutionnel et réglementaire en dissonance avec les objectifs permettant  l’accès à un développement optimal de ce type de tourisme. De Tozeur, où l’on s’est rendu sur ces lieux jalousement gardés sur invitation du ministère des Affaires locales et de l’Environnent, des experts ont lancé un appel urgent  pour modifier certains règlements en vue d’ouvrir les portes de ces parcs aux tour- opérateurs et  booster l’écotourisme.

En dépit d’un cadre naturel enchanteur, d’une riche biodiversité  d’espèces uniques d’importance mondiale, les écosystèmes désertiques de la Tunisie susceptibles d’offrir une opportunité pour servir le tourisme durable spécifique aux déserts, notamment aux espaces oasiens se trouvent aujourd’hui face à un triple défi à relever, à savoir la valorisation,  la préservation et l’exploitation pérenne.

Des règlements  en défaveur de l’écotourisme
La Tunisie, le Sud spécialement, recèle des trésors naturels mal exploités pour de multiples raisons,  dont la sempiternelle question de la complication  des procédures administratives en matière de mise en valeur  surtout quand il s’agit de parcs naturels soumis à des lois rigides, comme ceux de Dghoumes à Tozeur s’étendant sur 8.000 ha, Bouhedma situé dans les gouvernorats de Sidi Bouzid et Gafsa couvrant environ 16.500 ha et Dejbil relevant du gouvernorat de Kebili avec une superficie de 150.000 ha. Trois perles d’une beauté et d’une richesse inestimable qui renvoient le visiteur à l’incommensurable beauté du Sahara et ses vastes étendues  d’une splendeur incomparable .

Comment assurer plus de visibilité pour ces parcs nationaux et bien les exploiter au profit du tourisme écologique ? Le ministère des Affaires locales et de l’Environnement s’attelle aujourd’hui à établir un pont avec les diverses parties prenantes pour optimiser l’écotourisme dans le cadre d’un projet «Ecotourisme et conservation de la diversité biologique désertique en Tunisie» s’inscrivant dans le cadre de la stratégie de la conservation de la biodiversité et  la valorisation des écosystèmes naturels typiques par la promotion du tourisme écologique. Mais certains obstacles doivent être surmontés, lance Samia Kchouk, membre  du comité de pilotage dudit projet.

«Le cadre institutionnel et réglementaire ne favorise pas un développement optimal de l’écotourisme, outre l’absence d’une stratégie de communication et de marketing de ce type de tourisme, le manque  de connaissances dans les domaines liés à la gestion des aires protégées et la promotion de l’écotourisme, ainsi que le manque d’implication des communautés adjacentes», fait-elle savoir lors d’une journée d’information organisée la semaine dernière à Tozeur.

Message de Tozeur au ministre du Tourisme
A cet effet, le parc naturel Dghoumes à Tozeur dispose d’une buvette bien équipée et d’autres infrastructures pour faciliter l’accueil des visiteurs mais il faut amender  la réglementation en vigueur juste pour l’ouverture de la buvette à l’intérieur du parc. On ne badine pas  avec la préservation des espèces animales et végétales et tout amendement doit faire l’objet d’un long parcours du combattant.

Le professeur universitaire et expert en écotourisme, Mohamed Chayeb, qu’on a rencontré au parc Bouhedma, insiste sur l’urgence d’alléger le cadre réglementaire sinon tous les projets mis en place en faveur de l’écotourisme risquent de ne pas voir le chemin de la concrétisation d’autant plus que le projet en question a été entamé en mai 2013 et prendra fin en mai 2019 avec un financement de 4.27 millions de dollars comme don du Fonds pour l’Environnement Mondial à travers la Banque mondiale. «L’ouverture de ces parcs aux tour- opérateurs est de nature à drainer de la devise à notre pays», souligne-t-il. Ces paroles sont adressées au ministre du Tourisme car c’est une belle opportunité à saisir pour le tourisme durable.

Ce projet, signalons-le, a contribué à l’amélioration des conditions de vie de la population locale avec la création d’emplois aussi bien pour les bénéficiaires directes de projets, que pour des membres de leurs familles (Création d’environ 500 emplois permanents et 200 indirects). De l’hébergement à la restauration, à l’artisanat et la promenade à cheval ou à dos de dromadaire, autant d’emplois sont créés grâce à ce projet.

Samir Dridi

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