L’Ites signale qu’il est prévu que la valeur ajoutée du secteur des TIC passera de 4.000 MD en 2015 à 8.250 MD en 2025 et les exportations de 950 MD à 9.000 MD.
Eu égard au développement des opportunités qu’offre l’IoT, son taux de croissance projeté pour les années à venir, ainsi qu’aux atouts et ambitions de la Tunisie dans le domaine des TIC, l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) vient d’élaborer une étude, la première dans son genre, concernant les secteurs de la production des biens et services de haute technologie. Baptisée «Stratégie numérique en Tunisie -Internet des objets 2018-2025», cette étude vient à point nommé élaborer une vision IoT au service du développement, ainsi que le positionnement que veut prendre la Tunisie à l’échelle nationale, africaine, et internationale, en IoT et développer une stratégie à cet effet.
Un diagnostic pour se préparer
L’élaboration de la stratégie nécessite un diagnostic de l’environnement, basé sur des données pour connaître les conditions de l’offre et celles de la demande. Dans le cas de l’IoT qui est un domaine tout à fait nouveau pour les entreprises TIC en Tunisie, les conditions de l’offre sont insuffisamment connues. L’étude indique qu’il n’existe pas de statistiques sur les offres IoT en termes d’applications ou de domaine dans lesquels l’Internet des objets a été utilisé. De ce fait, une enquête a été menée auprès des entreprises fournisseuses de services et solutions IoT, des entreprises utilisatrices et des structures de recherche qui a permis de faire ressortir les problèmes critiques de chacune de ces catégories de parties prenantes de l’IoT.
Le premier constat qui ressort de ce relevé est que le secteur des fournisseurs de l’IoT ainsi que la recherche scientifique avec ses différentes structures s’insèrent dans une dynamique internationale et affichent une vitalité manifeste du fait de leur engagement dans des actions sur toute la chaîne de valeur de l’IoT et dans divers secteurs économiques. En effet, les fournisseurs interviennent principalement sur les marchés européens et africains en plus du marché local. Ceci dénote de la reconnaissance de leur savoir-faire au niveau international et des opportunités qu’offrent ces marchés.
Du côté de la recherche, la reconnaissance internationale est aussi prouvée par les publications internationales, la participation à des manifestations scientifiques ainsi que par l’insertion dans les réseaux internationaux de recherche. De telles actions réalisées par ces deux catégories de parties prenantes montrent bien qu’elles ont accumulé de l’expérience dans le domaine de l’IoT et qu’elles disposent de compétences, quoiqu’insuffisantes, qui peuvent être mobilisées et qui méritent d’être soutenues. Bien que le potentiel total des acteurs de ces deux catégories n’ait pas pu être estimé sur des bases chiffrées, l’enquête fait ressortir que certaines entreprises ont atteint des tailles qui les autorisent à jouer à l’échelle internationale et il en est de même pour un nombre significatif de structures de recherche.
En outre, les fournisseurs de services IoT estiment que le secteur de l’IoT se développera plutôt fortement et offrira des opportunités d’affaires dans les 5 années à venir sur le plan national et international. Les structures de recherche pensent aussi que la recherche en IoT se développera plutôt fortement dans les 5 prochaines années. Cette perspective de développement de l’IoT est également partagée par les entreprises utilisatrices même si l’adoption est aujourd’hui encore faible.
D’ailleurs, parmi les problèmes relevés par les fournisseurs, figure la faiblesse de la demande sur le marché tunisien. L’analyse de leurs réponses fait ressortir leur manque de spécialisation ce qui risque d’être à l’origine d’une dispersion de leurs efforts. Le manque de communication entre les fournisseurs et les entreprises utilisatrices n’est pas favorable à l’adoption de l’IoT et fait que ces dernières relèvent un manque d’information sur l’apport de la technologie IoT et perçoivent une insuffisance de fournisseurs de services IoT sur le marché local.
De plus, aussi bien les fournisseurs que les structures de recherche mentionnent également la faiblesse du soutien à l’innovation. Les trois catégories de parties prenantes constatent que le cadre légal et réglementaire est peu adapté au développement de l’IoT.
A cet égard, les enquêtes menées auprès des fournisseurs, des utilisateurs et des chercheurs ont permis d’identifier l’insertion des fournisseurs et des chercheurs dans une dynamique internationale (marchés européen et africain, publications aux revues internationales et participation aux manifestations scientifiques) et la vitalité de leur engagement sur toute la chaîne de valeurs (accumulation d’expériences et de compétences, qui méritent d’être soutenues) ; le fort potentiel de développement des opportunités d’affaires pour tous les acteurs, dans les 5 années à venir sur le plan national et international ; la faiblesse de la demande sur le marché tunisien, le manque de spécialisation (qui risque d’être à l’origine d’une dispersion d’efforts), le manque de communication entre les fournisseurs et les entreprises utilisatrices, le manque d’information sur l’apport de la technologie IoT et l’insuffisance de fournisseurs locaux ; la faiblesse du soutien institutionnel à l’innovation ; l’inadaptation du cadre légal et réglementaire au développement de l’IoT.
Trois scénarios majeurs : du catastrophique au souhaitable
L’étude a évoqué trois scénarios possibles : catastrophique, acceptable et souhaitable. Pour le premier, il se résume en une «inertie institutionnelle». Ceci signifie que les propositions de lois concernant la Tunisie hub régional IoT sont rejetées et que les ministères thématiques refusent d’intégrer le comité de pilotage Tunisie hub IoT 2025, les lois ne considèrent que les besoins nécessaires aux équipements techniques et les directions générales ne fournissent que les données relatives aux besoins financiers.
Pour le deuxième scénario, il évoque des disparités régionales de mobilisation. Une partie des secteurs proposés pour la stratégie Tunisie hub régional IoT est retenue. Les ministères thématiques adhèrent au comité de pilotage mais retardent le processus. Les propositions de loi renforcent les capacités techniques et financières des vulnérables. Les directions fournissent aussi les données concernant les acteurs économiques vulnérables.
S’agissant du troisième scénario, il prévoit un plébiscite immédiat. Ainsi, les financements sont adoptés pour les quatre secteurs stratégiques de l’IoT à l’horizon 2025. Les ministères thématiques s’engagent dans la constitution des pièces nécessaires à l’adoption. Les commissions conçoivent un accompagnement inclusif, des performances du secteur. Les directions préparent un système d’assistance des performances des bénéficiaires.
Pour les trois scénarios, on suppose que le taux de croissance de la valeur ajoutée du secteur informatique est identique. Le scénario choisi (réaliste) pour la période 2018-2025 prévoit une VA dans le domaine de l’IoT qui passera de 13.185,12 M TND en 2017 à 20.413 M TND en 2020 et 87.280 M TND en 2025. Il prévoit, également, que l’effectif affecté à l’activité IoT progressera de 200 en 2017 à 309 en 2020 et 1.322 en 2025. Les emplois nouveaux créés totaliseront 109 en 2020 et 1.122 en 2025. Le taux de croissance du secteur sera en moyenne de 27,0% sur toute la période.
Ce scénario part de l’hypothèse que le marché tunisien est exigu et que, conformément à la politique de l’Etat et du choix effectué dans le cadre de l’étude «Tunisie Digitale 2020», la dimension internationale et africaine doit être prise en compte. De plus, les secteurs économiques nationaux considérés comme prioritaires dans la politique de développement du pays doivent être également pris en considération (l’agriculture, l’eau, l’énergie et le transport).
Sur cette base, la vision de l’IoT pour la Tunisie a été formulée comme suit : «Faire de l’IoT un vecteur au service du développement des secteurs économiques prioritaires et faire de la Tunisie un hub régional en IoT».