
La déclaration du centenaire de l’OIT exhorte les pays membres à « exploiter tout le potentiel du progrès technologique et de l’augmentation de la productivité, notamment grâce au dialogue social, pour parvenir au travail décent et à un développement durable».
Si plusieurs spécialistes et économistes appellent à mettre à plat dans l’immédiat la question de la productivité, c’est parce qu’elle a connu une baisse drastique depuis 2011, contribuant, par un effet d’entraînement à la cherté de vie. Souvent dans les discours et débats médiatiques, la baisse de la productivité qui a accompagné la décennie écoulée s’apparente à la baisse de la production dans l’industrie extractive minière, en l’occurrence dans le secteur du phosphate. Mais, en réalité, la diminution de la productivité a pratiquement touché tous les secteurs. En tout cas, c’est ce qui a été affirmé par le membre de l’Utica, Nafaa Ennaifer, dans une déclaration accordée à La Presse.
«Nous avons un grand problème de productivité»
La productivité est définie comme étant le rapport entre la production de biens ou de services et les ressources qui ont été utilisées pour sa réalisation comme les ressources humaines, énergétiques, le capital, les matières premières… etc. Elle représente l’efficacité avec laquelle une économie ou une entreprise utilise ces ressources pour produire des biens ou des services. En observant l’évolution de la productivité de l’ensemble de l’économie sur les neuf dernières années, on constate que la productivité évoluait dans le même sens que celle de la croissance du PIB. “Il y a une baisse de productivité dans quasiment tous les secteurs, notamment le bâtiment, l’agriculture, les services et l’administration.
Ce qu’il faut comprendre,c’est que cette chute de productivité augmente la charge des entreprises et les pousse, de facto, à augmenter les prix de leurs produits, s’est indigné Ennaifer. Il a expliqué que les augmentations salariales—d’ailleurs légitimes, précise-t-il—n’ont pas été, cependant suivies par un accroissement de la productivité. «Prenons l’exemple du secteur du bâtiment: on double le salaire de l’ouvrier, en contrepartie il réduit de moitié son rendement».
La compétitivité, tributaire de la productivité
«On aura, nécessairement, dans ce cas un renchérissement du coût du m2 construit. Clairement, avec ce schéma on n’est pas sorti de l’auberge», souligne le syndicaliste. Et d’ajouter que l’indiscipline couplée au sentiment d’impunité qui ont régné après 2011 ont beaucoup impacté les relations interprofessionnelles de manière à ce que l’employé ne remplit plus son contrat dans l’entreprise.
Il a fait savoir que cet état de fait donne lieu soit à des entreprises moins compétitives ou à une augmentation des prix des produits fabriqués ou des services fournis. La répercussion sur le coût de la vie sera dans ce cas immédiate, explique Ennaifer. Pareil constat a été tiré dans le secteur agricole où la rareté de la main-d’œuvre agricole a engendré une crise du secteur.
« Si l’agriculteur peut produire plus sur le même pan de terre, il va être en mesure de gagner plus d’argent sans avoir augmenté le prix. C’est ce problème majeur de productivité qui doit être traité en priorité. Ce n’est pas par hasard qu’un pays comme la Turquie est plus compétitif que la Tunisie dans le secteur manufacturier, parce que même si leurs salaires sont deux, à trois fois plus élevés que les salaires en Tunisie, ils compensent cela par une productivité bien élevée», a-t-il asséné. Il est à souligner dans ce contexte que l’augmentation de la productivité est l’un des axes sur lequel travaillerait l’OIT pour ce centenaire.
L’organisation internationale s’est engagée dans le cadre de sa déclaration du centenaire de déployer les efforts afin d’encourager les pays à « exploiter tout le potentiel du progrès technologique et de l’augmentation de la productivité, notamment grâce au dialogue social, pour parvenir au travail décent et à un développement durable visant à garantir à tous la dignité, l’épanouissement personnel et le partage équitable de leurs avantages».