La Tunisie a déjà défini sa politique énergétique pour les années à venir. L’objectif est de réduire le déficit de la balance énergétique en s’orientant davantage vers les énergies renouvelables pour les ménages et les secteurs économiques.
Les énergies fossiles ne sont plus en mesure de satisfaire les besoins de plus en plus importants de la population tunisienne, tous secteurs confondus. La Tunisie est d’ailleurs obligée d’importer une grande quantité d’hydrocarbures du marché mondial car la production nationale est insuffisante. Pourtant, des firmes internationales sont à pied d’œuvre en vue de prospecter de nouveaux gisements de pétrole ou de gaz dans certaines zones. Les citoyens ont exigé des responsables d’installer des compteurs dans les champs pétroliers en vue de connaître, de façon précise, le volume de la production et surtout les quantités vendues. A noter que l’entreprise tunisienne des activités pétrolières (Etap) entre en tant que partenaire dans plusieurs projets pétroliers menés en Tunisie et bénéficie d’une partie des revenus au cas où le gisement s’avère rentable.
Le ministère chargé de l’énergie délivre, chaque année, des permis de recherche et de prospection aux firmes qui s’intéressent à mener des travaux sur le sol tunisien pour découvrir de nouveaux gisements. Il s’est avéré, chiffre à l’appui, que la production, vieux gisement, est en baisse. Des études sismiques et des forages ont été effectués sur d’autres champs mais n’ont pas donné des résultats satisfaisants malgré l’investissement colossal consenti.
Le déficit s’aggrave
Face à cette situation peu reluisante qui se caractérise notamment par une aggravation du déficit énergétique et un déséquilibre entrtel’offre et la demande, la Tunisie n’a pas d’autres choix que d’opter pour un mix énergétique d’ici à l’an 2030 en conciliant les ressources énergétiques conventionnelles avec les énergies renouvelables. Notre pays a déjà préparé son plan solaire qui a été mis à jour. Ce plan qui a trouvé l’appui de la part de la communauté internationale comporte plusieurs projets qui utilisent les énergies renouvelables et particulièrement l’énergie solaire et éolienne. Ce plan nécessite des fonds considérables pour le mettre en œuvre et des bailleurs de fonds internationaux se sont dit prêts à soutenir ce projet compte tenu de ses effets bénéfiques sur la population tunisienne.
Mais les énergies renouvelables, malgré leurs avantages, ne peuvent pas, à elles seules, répondre à toutes les demandes exprimées par la population. D’où la nécessité de continuer à utiliser, même de façon moins prononcée, les énergies fossiles par l’importation et la recherche sur le territoire tunisien. L’objectif est de diminuer, un tant soit peu, le déficit de la balance énergétique au cours des années à venir. En appui à cette stratégie de transition vers le mix énergétique, les responsables comptent aussi sur la rationalisation et l’économie d’utilisation de l’énergie par les citoyens et les différents secteurs économiques.
On sait déjà que le secteur industriel est énergivore. Les industriels ont été appelés à trouver de nouvelles solutions pour diminuer l’utilisation de l’énergie fossile. Des conventions ont été d’ailleurs signées entre certains industriels et l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (Anme) en vue de se tourner davantage vers les énergies renouvelables. C’est un défi qui doit être relevé en mobilisant toutes les structures nationales, publiques et privées. Un investissement important est prévu pour l’acquisition et l’installation d’équipements nécessaires comme les panneaux photovoltaïques et les éoliennes dans des zones ciblées.
Des avantages à la pelle
Ainsi, les industriels ont été invités à effectuer l’autoproduction de l’électricité pour satisfaire leurs besoins et vendre le surplus à la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg). Ils peuvent opter aussi pour la biomasse et la cogénération dans le cadre d’une approche d’efficacité énergétique. Les avantages de ces méthodes innovantes de production de l’énergie sont nombreux et ont fait leur preuve dans les pays développés dont certains ont opté aussi pour l’énergie nucléaire en tant qu’alternative à l’énergie conventionnelle. L’énergie de schiste qui a été utilisée dans certains pays, y compris aux Etats-Unis, a été refusée par plusieurs composantes de la société civile tunisienne qui estime qu’une telle méthode nécessite l’utilisation de grandes quantités d’eau et peut être à l’origine de la dégradation du sol.
La politique tunisienne en matière d’énergie renouvelable se base, en grande partie, sur les panneaux photovoltaïques. D’ailleurs, le projet Prosol (promotion du solaire) a connu un succès grâce aux facilités accordées aux particuliers pour installer des chauffe-eau solaires en utilisant les panneaux photovoltaïques. Le financement, l’acquisition et l’installation de ces panneaux par des professionnels confirmés se font par facilité. Le bénéficiaire paie, en effet, à chaque facture de la Steg, une tranche du coût total. Les avantages des énergies renouvelables ne sont plus à démontrer. Celles-ci sont moins coûteuses que l’énergie conventionnelle et moins polluantes dans la mesure où elles ne dégagent pas de fumées nocives comme le CO2.
D’ailleurs, un projet gigantesque sera réalisé dans le Sud tunisien où le taux d’ensoleillement est important, pour obtenir de l’électricité à partir de panneaux photovoltaïques installés sur un espace libre. Ces équipements doivent bénéficier d’une surveillance permanente pour éviter leur endommagement par les vandales qui ne reculent devant rien pour commettre leur forfait.
Des perspectives qui promettent
A la faveur du plan solaire tunisien qui fait partie de la stratégie nationale en matière de maîtrise de l’énergie, la Tunisie peut réussir son mix énergétique d’autant plus que tous les ingrédients sont disponibles tels que le soutien de plusieurs organisations, Etats et bailleurs de fonds à cette approche adoptée par notre pays. Certes, les travaux de prospection des gisements pétroliers et gaziers vont se poursuivre, en vue de découvrir de nouveaux gisements et entretenir ceux qui sont déjà au stade de production. Les importations du pétrole qui est raffiné dans nos unités de raffinage vont également se poursuivre, mais avec un taux moins élevé, et ce, grâce à l’utilisation des énergies renouvelables qui compenseront une partie des besoins en énergie.
Du travail reste encore à faire au niveau de la sensibilisation et de l’information de tous les industriels, transporteurs et opérateurs économiques en vue de s’orienter vers les énergies renouvelables et particulièrement l’énergie solaire qui offre des opportunités importantes pour l’autoproduction de l’électricité à moindres coûts. L’énergie éolienne est également une source d’énergie propre inépuisable. Du côté de Bizerte, par exemple, des éoliennes installées depuis des années fonctionnent à plein régime pour générer l’électricité et approvisionner une partie de la demande exprimée. D’autres éoliennes pourraient être installées dans d’autres zones où les conditions climatiques sont adaptées. Une nouvelle mentalité doit imprégner nos industriels pour faire de l’énergie renouvelable une véritable opportunité économique rentable.
Au niveau des ressources humaines, des mesures devraient être prises pour former des compétences confirmées dans le domaine des énergies renouvelables et particulièrement dans l’installation des panneaux photovoltaïques et même dans la fabrication qui nécessite beaucoup de savoir-faire. Ainsi, une nouvelle industrie innovante pourrait voir le jour en Tunisie, ce qui lui permet d’améliorer ses revenus grâce aux ventes sur le marché local et sur le marché extérieur.
(Image par Alex Csiki de Pixabay )