« La maison mauve » de Selim Gribaâ et « Faracha » d’Issam Bouguerra: Place aux courts métrages en ligne

Rarement, les activités artistiques tunisiennes n’ont été à ce point à la portée qu’auparavant. De nombreux réalisateurs se sont empressés de mettre en ligne leurs courts métrages en cette période de confinement. On a découvert pour vous « La maison mauve » de Selim Gribaâ et « Faracha » d’Issam Bouguerra.

Les films courts ne jouissent pas en temps normal d’une grande visibilité : grâce à des plateformes sécurisées, telles que des blogs, des sites personnalisés, Vimeo (parfois via un accès avec mot de passe) ou même Youtube, l’internaute peut découvrir d’un simple clic des productions peu connues du grand public et des passionnés.

« La Maison Mauve » de Selim Gribaâ 

Datant de 2014 et disponible en accès libre sur Vimeo, le court métrage est riche de ces têtes d’affiche : Tawfik Bahri, Jamel Madani, Jamel Sassi et Maha Chtourou. D’une durée de 30 mn, cette comédie brosse en mauve et intelligemment une période avant et une période après la révolution vécues dans un  quartier populaire. L’histoire tourne autour de Hassan, un chômeur d’une cinquantaine d’années qui n’arrive pas à trouver un travail pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires : sa précarité à lui et à sa femme se fait sentir chaque jour. Après ses recherches vaines et sous pression de sa conjointe, Hassan part à la rencontre d’Ammar, chef RCD de son quartier (endossé par Jamel Madani) qui lui promet un travail dans un mois à condition d’exprimer son appartenance et son soutien indéfectible à Ben Ali et au RCD : il lui demande de peindre sa maison en mauve en signe de « dévotion ». L’existence de Hassan bascule peu de temps après éclatement de la révolution de Janvier 2011. 

Projeté à l’époque de sa sortie dans plusieurs festivals locaux et étrangers, « La maison Mauve » a reçu un accueil positif et a raflé le prix du public au Green Caravan Film Festival à Londres en 2015. Une belle satire sociale intelligente, qui pointe du doigt avec une pointe d’humour ces Tunisiens –toutes classes sociales confondues- qui s’adaptent de la pire des manières aux chamboulements politiques.

« Faracha » d’Issam Bouguerra 

S’il y a une autre pépite ciné inratable en ces temps lugubres, c’est bien « Faracha » d’Issam Bouguerra. Riche d’un casting de professionnels du métier et de jeunes talents montants, le court métrage de 15 mn narré d’une manière légère, fraîche et comique raconte la mésaventure d’un jeune passionné de cinéma, originaire de Kairouan, un gouvernorat connu pour son conservatisme. Omar s’inscrit à un concours de photographie pour être accepté dans une école de cinéma de la capitale et choisi la mort et les rites comme thème principal pour son film. Mais son travail ne reçoit pas l’accueil escompté par les habitants de sa ville. Najoua Zouhaier, Chedly Arfaoui, Noomen Hamda, Marouan Ariane et Moez Gdiri, entre autres, ont participé à ce travail de qualité captivant grâce à sa musique, son rythme, le sens de la répartie de ses personnages et ses prises « Carte postale » de Kairouan. Le lien est disponible également sur Vimeo. Il y a quelques jours, Kamo Hmaied a mis en ligne en avant-première son court métrage de 30 mn « Toujane » avec Ahmed Landoulsi, Kabil Sayari, Sameh Toukabri et Sarah Hannachi. Le film nous transporte dans un village riche de son histoire et particulièrement beau. Nous y reviendrons !

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