« Trêve » de Myriam El Hajj: Un documentaire rétrospectif

Dans la lignée des films documentaires mis en ligne gratuitement, « Trêve » ou (Hodna en arabe), film libanais de Myriam El Hajj, revient, caméra à bout portant sur un commerce peu connu dans la région, celui de la vente de matériel de chasse à Beyrouth. Un passé déchirant n’a pas tardé à refaire surface…

En présence de ses compagnons de toujours, Riad, propriétaire et oncle de la réalisatrice, est enthousiaste à l’idée de s’investir dans un commerce qui s’annonce lucratif. Mais dans le subconscient collectif, la chasse et  son matériel rappellent systématiquement la violence,  la guerre et ses ravages. Les plaies d’un Liban déchiré par les affrontements n’ont toujours pas cicatrisé. Il a suffi que Riad inaugure sa boutique pour remettre au goût amer du jour cette mémoire collective.

Myriam El Hajj, à travers sa caméra, à remonté avec Riad et ses compagnons, jusqu’ aux origines du mal, en fouillant dans cet héritage gardé par l’ancienne génération mais peu à la portée de la génération d’aujourd’hui. Dans son film documentaire, la réalisatrice est dans la fabrique d’un discours rétrospectif. La première génération dans la transmission d’un héritage mémoriel aussi violent soit-il à la génération d’aujourd’hui. Le film à l’atmosphère oppressante, traite de la paix, de la survie, de la guerre dans une époque éprouvante.

Sa réalisatrice lance un regard engagé sur un vécu dur. Elle s’infiltre dans l’univers masculin de combattants anciens. Le documentaire est réalisé en tableaux fixes et tente de colorer un passé presque oublié. L’atmosphère accablante, la couleur vert militaire régnante, les tons masculins et virils sont apaisés par la touche féminine de la réalisatrice trentenaire.

« Mon oncle Riad et ses amis, anciens combattants des milices chrétiennes au Liban, vivent toujours à l’heure des combats qui ont enflammé leur jeunesse. Entre souvenirs échangés dans la boutique de chasse de mon oncle, et parties de chasse dont ils reviennent souvent bredouilles, je les questionne, je les affronte : que leur reste-t-il de leurs combats, de leur engagement, de leur idéal, alors que le Liban continue à vivre dans les tourments de l’instabilité ? », Le pitch de la réalisatrice lors de la sortie de son documentaire donne un avant- goût fort de la thématique qu’elle traite. Un film mis en ligne en période de confinement depuis une semaine. D’une durée d’une heure, les internautes ont l’occasion de le voir en accès libre.

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