Cinéma: Retour sur des œuvres impérissables

Les cinémas fermés, les sorties restreintes, il est possible de trouver tous les films, ou presque, en VOD et DVD. Nous vous suggérons une sélection d’œuvres impérissables.

Si nos sorties sont réduites au minimum, les cinémas fermés et les rayons DVD clos, les plateformes de streaming donnent la possibilité de voir ou revoir des films récents ou des classiques tous genres confondus. Pour la famille et les cinéphiles, voici une sélection triée sur le volet pour prendre le large.

Plateformes de streaming et box donnent accès aux films par paiement, ou gratuitement durant cette période de confinement…

Pour toute la famille

Les films d’animation figurent en tête pour les familles avec enfants, jusqu’à l’adolescence. Les classiques Disney sont évidemment en première ligne, mais on oublie souvent les tout premiers : Blanche-Neige et les sept nains (1937), Pinocchio (1940), Dumbo (1941) ou Bambi (1942) qui sont les plus achevés. Les mélomanes apprécieront également Fantasia (1940) qui illustre des grands classiques de Beethoven, Tchaïkovski, Stravinsky…  sans oublier L’Apprenti sorcier de Paul Dukas, avec Mickey.

Toujours côté animation, le maître du dessin animé japonais Hayao Miyazaki est incontournable : Mon voisin Totoro (1999), dès le plus jeune âge, Princesse Mononoké (2000), Le Voyage de Chihiro (2002), des chefs-d’œuvre ; mais aussi Le Vent se lève (2014), plus adulte, sont à voir et à revoir.

Aventures

De Capitaine Blood, film de pirates avec Errol Flynn de 1935, aux Aventuriers de l’Arche perdu (1982) de Steven Spielberg, le cinéma ne manque pas d’exotisme. Les Mille et une Nuits sont aussi du voyage.

Pourquoi ne pas (re)voir le merveilleux Voleur de Bagdad (1940) de Michael Powell, avec Conrad Veidt, sublime acteur dans un rôle de méchant jamais égalé, qu’affronte Sabu, jeune star indienne des années 40-50, avec des effets spéciaux dans des couleurs chatoyantes stupéfiantes.

Ou alors, Master and Commander (2003) de Peter Weir, où Russell Crowe, en capitaine de navire britannique, guerroie avec obsession contre la flotte napoléonienne. Epique, c’est le dernier grand film maritime historique, réalisé par un amoureux de la mer.

Westerns

Il y a bien sûr les classiques de John Ford (La Charge Fantastique – 1941, La Prisonnière du désert – 1956, Les Cheyennes – 1964…), de Raoul Walsh (Les Aventures du capitaine Wyatt, 1951) et Anthony Man (Winchester 73, 1950)…

Comme une réplique à ces classiques, le «western crépusculaire», né en 1962 avec Coups de feu dans la Sierra de Sam Peckinpah, écorne la légende de l’Ouest.

Il adopte un style plus réaliste, tant visuel qu’historique: les cow-boys sont poussiéreux, les outlaws ne sont plus des héros, les duels sont truqués… Peckinpah creuse le sillon dans La Horde sauvage (1969), Un nommé Cable Hogue (1970) et Pat Garrett et Billy le Kid (1973), rare film avec Bob Dylan qui a écrit la musique (dont Knocking at Heaven’s Door composé pour le film).

Mais il y a également un très grand western, des plus récents, français de surcroit : Les Frères Sisters (2018) de Jacques Audiard, César du meilleur film 2019, avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly et Jake Gyllenhall. D’après le roman de l’écrivain canadien Patrick Dewitt, une traversée dans l’Ouest pendant la ruée vers l’or avec un scénario plein de surprises et une réalisation somptueuse.

Comédies

En ces temps anxiogènes, rire devient une priorité. La comédie demeurant le genre préféré de la majorité des cinéphiles, voici un classique hexagonal et un film culte américain.

Les versions de Knock, que cela soit celle de 1933 de Louis Jouvet (également interprète) et Roger Goupillères, ou celle de 1951 de Guy Lefranc, toujours avec Jouvet, demeurent, encore aujourd’hui, hilarantes. Une Satire de la médecine irrésistible, d’après la pièce de Jules Romain, mise en scène dans les années 1930 par Jouvet. Evitez la dernière version de Lorraine Lévy en 2017 avec Omar Sy, préférez l’original.

Côté américain, Un jour sans fin, de Harold Ramis de 1993 est un must, avec Bill Muray et Andie McDowell. L’histoire d’un présentateur météo misanthrope, bloqué dans un bled de Pennsylvanie en plein hiver, obligé de vivre en boucle la même journée. Comme lui, le film se regarde en boucle : une des meilleures comédies de la deuxième moitié du XXe siècle.

Drames

Le cinéma français a donné parmi les plus beaux drames dans les années 1930-40 avec le réalisme poétique, dont Marcel Carné et Jacques Prévert sont les cinéastes emblématiques. Les titres sont nombreux (Le Quai des brumes – 1938, Hôtel du Nord – 1938, Le Jour se lève – 1939…) Attardons-nous sur Remorques (1941) de Jean Grémillon, avec Jean Gabin, Michèle Morgan et Madeleine Renaud. Le film est souvent oublié au profit du Quai des brumes qui réunit le même couple Gabin-Morgan. A (re)découvrir.

L’américano-britannique Pandora (1951), d’Albert Lewin avec Ava Gardner et James Mason, adapte la légende du Hollandais volant. Un navigateur maudit est condamné à voguer sur les mers pour trouver l’amour qui le délivrera de sa malédiction. La conception artistique du film, déléguée au peintre surréaliste Max Ernst, fait de Pandora un film exceptionnel qui flirte avec le fantastique. Son romanesque, son couple mythique, sa mise en images aux couleurs flamboyantes, fascinent toujours.

Polars / Thrillers

Le regretté Alain Corneau (1943-2010), fou de polars et de films noirs, a réalisé trois perles du genre : Police Python 357 (1976) avec Yves Montand, Série noire (1979), avec Patrick Dewaere, et Le Choix des armes (1981) avec un casting cinq étoiles. Premier polar prenant pour cadre la banlieue parisienne, on y trouve Yves Montand, Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Michel Galabru, Gérard Lanvin et des seconds rôles magnifiques (Jean Claude Dauphin, Jean Rougerie, Roland Blanche…), avec en bonus la découverte de Richard Anconina dans son premier rôle, révélation du film (meilleur espoir aux César 1982).

Maîtres du genre, les Américains mènent le bal. Le peu (re)connu Police Fédérale Los Angeles (1986), au titre original plus pertinent, To Live and Die in L. A., de William Friedkin (L’Exorciste), est un des fleurons du genre. Avec William L. Petersen, Willem Dafoe et John Pankow, l’histoire du dérapage de deux agents du FBI pour venger leur collègue tué par un faux monnayeur. Friedkin renouvelle son coup de maître de French Connection (1971), avec parmi les meilleures poursuites de voitures jamais réalisées.

Guerre

Classique des classiques français, La grande Illusion (1937) de Jean Renoir rassemble la fine fleur des acteurs de l’époque : Jean Gabin, Pierre Fresnay, Erich Von Stroheim et des seconds rôles comme on n’en fait plus, Marcel Dalio, Carette ou Jean Dasté. Pendant la Première Guerre mondiale, des prisonniers français préparent leur évasion et entretiennent des liens ambigus avec leur geôlier allemand. Un film prémonitoire de la Deuxième Guerre mondiale imminente.

Autre guerre, autre époque : Croix de fer (1978), avec James Coburn, Maximilien Schell et James Mason, est le seul film de guerre réalisé par Sam Peckinpah. Sur le front russe, un aristocrate allemand fait une question d’honneur de décrocher la Croix de fer au combat. Sous les ordres d’un vieux briscard, il va à l’épreuve du feu tel un pleutre, en risquant la vie des soldats du régiment.

Rare film sur la Seconde Guerre mondiale vue du côté allemand, une œuvre humaniste qui dénonce la vanité d’un héroïsme détourné. Puissant.

Fantastique / Science-fiction

La britannique Hammer films a dominé le cinéma fantastique mondial de 1958 à 1976. Un de ses meilleurs fleurons demeure Le Cauchemar de Dracula (1958) de Terence Fisher avec Christopher Lee et Peter Cushing. Peut-être (et pour beaucoup) la meilleure adaptation du roman de Bram Stoker sur des images somptueuses de Jack Asher, dans une atmosphère violente, sanglante et érotique qui a fait scandale en son temps. La Hammer est à (re)visiter dans ses nombreux titres : La Revanche de Frankenstein (1958), Le Chien des Baskerville (1959), La Malédiction des Pharaons (1959)… du réalisateur maison Terence Fisher.

Côté science-fiction, 2001 : l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick est l’évidence du moment.

Ce temps de confinement est «idéal» pour prendre le temps (2h21) de regarder ce voyage sidéral somptueux, depuis «l’aube de l’humanité» jusqu’à «Jupiter et au-delà de l’infini».

Film de tous les défis, autant dans ses images que dans son scénario, impossible à réaliser aujourd’hui, 2001: l’Odyssée de l’espace  est considéré comme l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma, et dépasse le seul genre de la science-fiction: une révolution.

Patrimoine

Du point de vue patrimonial, Lumière ! L’Aventure commence (2016), documentaire de Thierry Frémaux, directeur délégué du Festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière de Lyon, est un bijou. Florilège de films réalisés par les inventeurs du 7e art, Auguste et Louis Lumière, il démontre que tout le cinéma moderne était en gestation dès 1895, au-delà de la technique. Une merveille.

Face aux frères Lumière, Georges Méliès, qui connaissait les inventeurs du cinématographe, est le magicien du 7e art, après l’avoir été sur scène.

Plusieurs anthologies de ses films sont disponibles, dont son chef-d’œuvre, Le Voyage dans la Lune (1902) dont on a découvert en 2010 une version en couleur peinte à la main, selon la technique de l’époque.

Restauré, le film bénéficie d’une superbe musique du groupe Air, disponible en CD/DVD.

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