Spectacle «Les quatre Saisons» de Emilio Calcagno: quand le théâtre s’invite chez vous


Le Ballet de l’Opéra de Tunis vient de présenter samedi et dimanche derniers le spectacle «Les quatre Saisons» de Emilio Calcagno en live streaming !

«Les 28 et 29 mars 2020, ces deux dates importantes étaient prévues pour le spectacle “Les 4 saisons ou le mariage du loup” au fameux Théâtre le Centquatre  à Paris. Ces deux dates que nous avons tous rêvées, tant préparées et attendues, que ce soit pour le ballet de l’Opéra de Tunis ou le chorégraphe Emilio Calcagno et pour toute l’équipe du spectacle et du pole ballets et arts chorégraphiques. Pour faire face à ce désarroi dû au Covid- 19 et qui a sclérosé nos deux rives sur le plan des programmations artistiques et culturelles et qui a suspendus notre tournée internationale, nous avons décidé de vous faire part du spectacle en streaming, et ce, à l’instar de la vague de résistance digitale sur la Toile pour une continuité de la diffusion des œuvres artistiques, et ce, malgré vents et marées», ont annoncé les organisateurs de l’événement sur la page Facebook du ballet et arts chorégraphiques. C’était l’occasion pour les spectateurs confinés chez eux d’apprécier une œuvre riche et subtile. Sur scène, le corps de l’artiste qui investit le lieu danse avec le temps organique, joue avec la gravité pour rester connecté au réel. Une réalité qui passe au rythme des quatre saisons… Titre de cette chorégraphie éclatante dite aussi «Le mariage du loup», «Erss edhib» qui dans le dialecte tunisien renvoie à ces instants de beauté céleste lorsque des rayons de soleil percent un ciel pluvieux et qui réfractent et réfléchissent un dégradé de couleurs nommé arc-en-ciel. On reste sans voix…

Une voix éthérée et épurée, comme venant de l’air du temps, traverse les âges et les temps, vient déchirer la violence d’un silence sourd qui régnait sur la scène… Pour chanter a cappella et se caler sur les notes telle une plume qu’on pose sur un souffle de vent. Le son du bendir, instrument de musique typiquement tunisien, vient s’ajouter à un fond de musique électronique subtilement métissée à la rigueur d’une musique classique, «Les  Quatre saisons» de Vivaldi.  Heureuse composition musicale qui traduit ces changements qui se sont opérés au firmament d’une Tunisie qui vit plus ou moins mal sa Révolution. Après la pluie, le beau temps. Ainsi va la vie. Et c’est, semble-t-il, le message de cette allégorie singulière qui augure une révolution esthétique en matière de danse contemporaine sous notre beau ciel méditerranéen. On aime ces énergies nouvelles qui électrisent la prestigieuse scène de la Cité de la culture et qui empruntent leur bonhomme de chemin à petits pas mais mesurés.  Au sens propre et figuré. Selon le chorégraphe Emilio Calcagno «Les saisons en Tunisie n’ont pas la même signification qu’en Europe, celles-ci sont un voyage chorégraphique dans une Tunisie en plein changement, où les corps des danseurs dansent et évoluent au rythme des saisons. Pendant une heure, les danseurs vont traverser le froid et le chaud, croiser la pluie et le soleil, ils vont se battre pour rester debout dans ce pays où la chaleur ralentit les corps. Ces corps s’aident et se soutiennent, avec des danses qui se composent et se décomposent telle une famille. Un vent léger souffle tout au long de cette création, porteur de bonnes nouvelles et d’un renouveau. Les Quatre Saisons ou le Mariage du Loup (expression tunisienne employée lorsque le soleil et la pluie se disputent le même jour) est une création, festive et violente à la fois. Pas de baroque ici, mais des corps contemporains qui ont envie d’aller au-delà, de traverser les frontières, d’être libres. Une création colorée à l’image d’une Tunisie en pleine effervescence où les symboles ne sont jamais loin et la démocratie essaie de trouver sa place». On adore ces tableaux où les 13 danseurs se rencontrent dans ce subtil enchevêtrement de corps qui s’attirent, se repoussent et finissent par créer une harmonie dans ce désordre apparent. Les danseurs qui instaurent un chaos organisé se jouent des limites d’une danse exaltée, cultivant l’efficacité du mouvement.

Laisser un commentaire