Dégradation des conditions de séjour des migrants subsahariens: Les oubliés du confinement…


La communauté africaine en Tunisie est aussi constituée de gens qui vivotent dans la précarité. Le confinement empire leur situation.


A mesure que le confinement total entamé le 22 mars 2020 se prolonge dans le temps, des difficultés pour certaines couches de la population naissent, même si cette situation condamne tout le monde.

Elles semblent avoir de plus en plus de mal à se plier à cette obligation suprême pour des raisons plus ou moins défendables.  On pense aux catégories les plus vulnérables comme les travailleurs journaliers tunisiens ou étrangers qui sont payés à la journée et sans couverture sociale et  qui encourent les risques liés à la précarité d’emploi. C’est justement ce point qui affecte la majorité des travailleurs d’origine subsaharienne dont le contingent d’ivoiriens qui sont livrés à leur propre sort durant cette période difficile. De nombreuses associations africaines qui siègent à Tunis, comme l’Association des étudiants et stagiaires en Tunisie (Aesat), l’Association des étudiants et stagiaires ivoiriens en Tunisie (Aesit) ou l’Association pour le leadership et le développement en Afrique, ont fait écho de la dégradation des conditions de séjour des ressortissants ivoiriens en Tunisie.

Les toutes dernières nouvelles des trois Africains décédés par asphyxie suite à une fuite de gaz qui s’est produit il y a une semaine révèlent la situation précaire dans laquelle ils vivent.

Campagne de donations

Une campagne de donations a vu le jour cette semaine. L’une d’elles a consisté en la distribution de cinquante repas gratuits par un fast-food de La Marsa. Une initiative généreuse  qui a été fort appréciée par la diaspora africaine à Tunis. Mieux encore, l’Aesit s’est mobilisée en faveur de ses compatriotes en demandant à ceux qui sont dans la nécessité de se manifester afin de bénéficier de leur aide. Une aide qui prévoit la fourniture de matériel médical et de vivres pour se nourrir sur simple demande via la plateforme numérique google docs. Le lien du recensement des demandeurs qui veulent recevoir des dons affiche ce message : « Dans cette période de crise sanitaire, des ONG, des institutions et des personnes de bonne volonté, en collaboration avec l’Aesat, l’Aesit, ont bien voulu venir en aide à la communauté à travers des dons, denrées alimentaires et produits de nettoyage».  Un message rassurant qui a été salué par la communauté ivoirienne. De son côté, l’Aesat a transmis, par la voix de son président, «une lettre ouverte à la Tunisie» dans laquelle il appelle nos concitoyens à la bienveillance et la clémence en cette période  de crise sanitaire mondiale en exonérant du loyer d’habitation pour le mois d’avril les étudiants ou les ressortissants africains incapables de payer leurs dus.  En outre une initiative, qui consiste en une aide aux réseaux d’associations des migrants, mise en place avec l’ensemble des associations migrantes en  Tunisie, a vu le jour.

Elle s’appelle Cellule Solidarité Africaine, dont l’Aesat a signé l’engagement «pour lutter ensemble contre le Corvid-19 et venir en aide à nos communautaires.»

Manifestement, il y aurait deux, voire trois catégories d’Africains résidents en Tunisie qu’il faudrait distinguer socialement pour ne pas confondre leurs situations divergentes, parfois sans commune mesure.

Il ne faut pas associer les Africains issus de la diplomatie et dont les conditions socioéconomiques sont aisées aux migrants ivoiriens ou guinéens qui vivent dans le désespoir et se battent pour subvenir à leurs besoins quotidiennement. D’autres Africains sénégalais ou camerounais plus altruistes et ayant le sens des affaires et de la négoce s’en sortent mieux et savent tirer leur épingle du jeu malgré le confinement qui leur est imposé. C’est ce qu’on appelle l’audace et la capacité de résilience.

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