Mort du dernier spécimen de la gazelle Mohrr au parc national de Bouhedma: Ainsi s’en va la belle des bois

La Tunisie du début du XXe siècle était encore un pays giboyeux et qui présentait un attrait certain pour le visiteur épris de faune sauvage en même temps de belle lumière, de pittoresque ou d’archéologie. On y trouvait, en effet, toutes les espèces sauvages et on y voyait, en outre, certains grands fauves, bien que, à vrai dire, ces carnassiers soient déjà de plus en plus rares. Les éléphants ont disparu avec les Carthaginois, les dernières autruches libres ont été chassées, au sud des chotts, il y a une centaine d’années. Et la fin du XIXe siècle a dû voir celle du dernier lion.

L’information s’est répandue comme une traînée de poudre hier. Le dernier spécimen de la gazelle Mhorr au Parc national de Bouhedma en Tunisie est mort. La gazelle Mhorr (Nanger dama mhorr, une sous-espèce de la gazelle Dama), est l’une des espèces les plus menacées de la planète, avec moins de 100 animaux vivant encore à l’état sauvage dans 4 populations très dispersées et isolées.

Le communiqué de l’Association tunisienne de préservation de la vie sauvage en Tunisie est pénible. Cet animal, symbole de beauté et d’élégance, est mort dans la solitude. Personne ne sait « la date exacte de sa mort », souligne le communiqué. Pourtant, il s’agit d’un animal en captivité, bien qu’il soit placé dans un parc préservé. Pourtant, les expériences de réintroduction ont montré que cette espèce peut retrouver l’essentiel de sa capacité à vivre en liberté, même après des générations de vie en captivité ou en semi-captivité.

Le pire est qu’avec sa mort, c’est la disparition définitive de cette espèce qui est annoncée en Tunisie. Mais là où le bât blesse, c’est que depuis 2016, il ne restait que trois mâles de cette espèce réintroduite dans les années 90. Deux de ces animaux avaient déjà péri il y a quelques années. Maintenant c’est le dernier qui part, dans un silence douteux et complice des autorités.

Que reste-il de nos animaux ?

En visitant les forêts de la Kroumirie, la première question que pose le visiteur est : y a-t-il encore des animaux sauvages dans cette région ? En effet, même si la Tunisie n’a point la faune exubérante des pays tropicaux. Les éléphants, dont les conditions d’existence en Afrique du Nord, à cette époque, sont un problème insoluble pour le naturaliste ont disparu avec les Carthaginois, et aucun autre grand animal ne s’est développé dans ce climat sec.

Les dernières autruches libres ont été chassées, dit-on, au sud des chotts, il y a une centaine d’années. La fin du XIXe siècle a dû voir celle du dernier lion. Enfin, la chasse à outrance et le braconnage ont diminué notablement la quantité du gibier, surtout à proximité des villes.

Toutefois, la Tunisie du début du XXe siècle était encore un pays giboyeux et qui présentait un attrait certain pour le chasseur épris en même temps de belle lumière, de pittoresque ou d’archéologie.

La chasse y est surtout variée. On y trouvait, en effet, toutes les espèces sauvages et on y voyait, en outre, certains grands fauves, bien que, à vrai dire, ces carnassiers devenaient déjà de plus en plus rares.

C’était en parcourant les sous-bois de la Kroumirie qu’on avait des chances de se trouver subitement nez à nez avec le lion, mais on y chassait aussi avec succès la panthère, le guépard, le caracal, le chat-tigre (ou serval), le lynx, de même le cerf el le daim. Chaque année, pendant l’hiver, on tuait quelques pans ibères dans les grands fourrés d’Aïn Draham, de Nefza, de Feriana et d’El-

Feïdja. La loutre de Barbarie se tenait également à proximité des cours d’eau de Kroumirie, mais surtout dans la région de Tabarka. On la trouvait aussi le long de la Medjerda et dans l’oued El-Abid (Cap Bon).

L’hyène rayée se terrait un peu partout; le renard, la genette, la mangouste se cachaient dans les bois, les montagnes et autour des fermes.  Dans le sud, on capturait assez facilement un joli petit renard au pelage soyeux, appelé fennec. Quant au chacal, c’était la plaie : il pullulait sur toute l’étendue du territoire et, pour s’en débarrasser, on était souvent obligé d’avoir recours aux procédés…chimiques.

Le sanglier, très commun, principalement dans les Mogod, en Kroumirie, au Cap Bon et dans presque tous les djebels du centre et du sud, vivait en troupeau, souvent nombreux, et causait de sérieux ravages aux récoltes.

Le porc-épic se trouvait dans les endroits secs, rocheux et accidentés, assez éloignés des lieux habités; le centre et le sud paraissaient être ses endroits préférés, mais ce n’est pas là une règle, car dans les collines du Cap Bon, il était assez abondant, ainsi que dans les montagnes de la frontière algérienne.

Au-delà de Kairouan, en s’enfonçant dans le sud, on croisait fréquemment des troupes de gazelles dorcas, principalement dans les parages de Gafsa, El-Haffey, le bled Ségui, El-Guettar, Kébili, Douz, El-Hamma.  Sur les montagnes de ces mêmes régions et tout à l’ouest de la Tunisie,  sur la frontière algérienne, les chasseurs trouvaient la gazelle de montagne ou corinne. Plus au sud à deux ou trois jours de marche de Kébili, on voyait, mais rarement, la jolie gazelle blanche. Enfin, vers la frontière tripolitaine se promenaient quelquefois de petits troupeaux d’antilopes addax.

A cette époque-là, le mouflon était commun dans tout le massif montagneux situé entre Gafsa, la frontière algérienne et le Chott Djerid, ainsi qu’au sud du chott, dans le djebel Tebaga. Mais les véritables massacres auxquels se livrèrent maints chasseurs peu scrupuleux avaient considérablement éclairci les rangs de cet intéressant gibier, à tel point que le gouvernement a dû édicter un arrêté interdisant la chasse du mouflon pendant plusieurs années consécutives.

Le lièvre existait en grande quantité, ainsi que le perdreau. Sur les rocs de l’île de La Galite, on rencontre des chèvres sauvages et des légions de lapins. De nombreux passages de cailles se produisent au printemps et l’on en faisait des hécatombes.

Dans les oliviers, non loin de Tunis, les grives et les tourterelles étaient communes; les étourneaux y étaient par vols innombrables.

Beaucoup d’oiseaux hivernaient en Tunisie: on pouvait chasser, dans les grandes plaines, la grue cendrée, l’aigrette, la poule de Carthage, le ganga, le vanneau, le pluvier doré, etc.

Sur les bords des lacs, on trouvait du gibier d’eau de toute sorte : canards, sarcelles, grèbes, macreuses, poules sultanes, chevaliers, damans. La bécasse était commune de décembre à fin février dans les coteaux boisés de la Kroumirie, des Mogod et de la vallée de la Medjerda, dans les marécages des plaines de Mateur, de Grombalia, dans les vallées de Béjoua et de Nefza. La bécassine abondait également de novembre à fin mars et il n’est pas rare d’y rencontrer la bécassine-double ou royale.

Enfin, dans l’extrême sud, surtout aux environs de Gabès et dans les montagnes de Matmata, on chassait la grosse outarde et les grands oiseaux de proie, tels que le vautour, le gypaète, les grands aigles, les faucons, buses, busards, etc. On pouvait observer aussi ces mêmes oiseaux de proie dans les massifs montagneux du nord tunisien.

Des mesures de protection étaient prises en faveur de plusieurs quadrupèdes, tels que les faons, biches et cerfs de Barbarie, et d’un certain nombre d’oiseaux, petits et grands, parmi lesquels les rapaces nocturnes, les cigognes, ibis, etc.

On ne pouvait chasser qu’entre le lever et le coucher du soleil, sauf en ce qui concerne le sanglier, le mouflon, le flamant, le canard sauvage et la bécasse.

L’emploi des pièges de toutes sortes était prohibé; celui du lévrier était autorisé pour la chasse du sanglier, de la gazelle, du lièvre, et celui du faucon pour la chasse du lièvre, de la perdrix, de la caille, de l’outarde et du pigeon ramier.

La chasse du mouflon faisait l’objet d’une réglementation spéciale, comme on l’a dit plus haut. Que reste-t-il de cette faune aujourd’hui ?

Un commentaire

  1. Liberte

    19/04/2020 à 09:25

    Le clonage est possible, mais plus simple au Qatar l’espèce et la race existe bien, alors essayons de faire renaître. L’espèce

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