Sans les prières de Tarawih et les soirées en familles, le mois sacré sera vécu différemment pour cette année en raison du coronavirus.
Déjà en confinement depuis le 22 mars, les Tunisiens s’apprêtent à accueillir le Ramadan autrement.
Les mosquées demeureront fermées. Ainsi en a décidé l’Etat. Les prières de Tarawih, symbole fort de l’adoration de Dieu, où la méditation des versets coraniques est amour et purification spirituelle, manqueront aux fidèles qui ont pris l’habitude d’accourir aux lieux de culte. Du haut des minarets, l’appel à la prière annonçant la rupture du jeûne résonnera toujours, mais, avec un pincement au cœur, on sera moins nombreux autour de la table pour cette année.
On vivra Ramadan différemment pour cette année. Distanciation sociale oblige, les prières de Tarawih et de l’Aïd-el-fitr auront lieu à domicile, annonce l’institution indépendante Office de l’Ifta. La décision est tombée comme un couperet. Elle est inévitable compte tenu de la pandémie, mais ces prières surérogatoires, comme leur nom l’indique d’ailleurs, sont synonymes de relaxation où la méditation est de mise. Une échappatoire spirituelle.
C’est pour cette raison qu’on voit les fidèles (femmes et hommes) lors des prières de Tarawih, vêtus de jolis habits traditionnels, chapelets et tapis de prière à la main, se pressant pour se rendre aux mosquées l’air enjoué après la rupture du jeûne.
Quoiqu’elles ne soient pas obligatoires, les prières de Tarawih sont devenues pour la majorité des Tunisiens un rendez-vous spirituel incontournable pour conjurer les occupations mondaines, les futilités de la vie quotidienne et tenter d’entrer en communion avec Dieu durant ce mois sacré. C’est l’islam dans toute sa beauté et sa pureté. Mais la Nuit du destin, nuit sacrée, la meilleure de toutes les nuits de l’année, comme c’est mentionné dans la sourate Al-Qadr, sera vécue différemment, loin des invocations des imams et la ferveur de la dévotion, loin aussi des larmes purificatrices. Pénible et éprouvante sera l’aphonie des lieux de culte le jour du destin.
Privés de Tarawih, de prières en groupe dans les mosquées, de la prière du vendredi mais aussi et surtout de petit pèlerinage à La Mecque (La Omra), le mois du jeûne aura un goût insipide, sera sans saveur non seulement en raison de l’interdiction des prières dans les mosquées, mais aussi du couvre-feu qui nous acculera à rester chez soi. Le coronavirus nous privera cette année des charmes des veillées ramadanesques, du brouhaha et de la cohue dans les rues et de l’ambiance cacophonique des cafés qui ravivent les âmes après une journée de jeûne.
Durant le mois de Ramadan, le couvre-feu s’étalera de 20h00 à 6h00 du matin. Certaines personnes auront juste le temps d’allumer une clope ou deux dans le quartier en compagnie des amis, tout en respectant bien sûr les gestes barrières. Bavette collée au visage sans oublier la distance de sécurité d’un mètre qu’il est impératif d’observer.
A l’abstinence diurne s’ajouterait une autre privation nocturne, d’une autre nature. Les soirées en famille jusqu’à l’aube manqueront aux Tunisiens, les feuilletons aussi. Le tribunal administratif en a décidé ainsi en raison de la propagation du coronavirus. Et puis les feuilletons ne sont pas aussi importants que ça, allèguent les puritains.
HASSEN SAADAOUI
22 avril 2020 à 06:30
Ramadan est le mois sacré il n’est ni insipide ni sans charme. recadrez vous