Parler des réserves en pétrole était un sujet tabou durant l’ancien régime tunisien. Le pétrole était l’affaire de l’Etat qui donne les autorisations de recherche et de prospection, bénéficie des revenus de cette manne sans que personne, parmi les citoyens, ne sache quelle est la valeur exacte de ces revenus et où est-ce qu’ils sont dépensés. Le secteur est ainsi caractérisé par un flou persistant sans que personne n’ose ou ne peut exiger des informations à ce sujet. La situation a changé radicalement au lendemain de la révolution et plusieurs voix se sont fait entendre réclamant des informations détaillées au sujet de nos réserves en pétrole, les quantités produites, la part de la Tunisie et son équivalent en monnaie sonnante et trébuchante.
Les informations fournies par les autorités compétentes ne sont pas toujours acceptées par les citoyens dont certains doutent de leur véracité. Certains vont jusqu’à croire que la Tunisie est riche en hydrocarbures et « flotte sur un gisement de pétrole important ». En réalité, les chiffres parlent d’un déclin de certains champs pétroliers et c’est un phénomène naturel qui touche surtout les anciens gisements. Les prospections sont à pied d’œuvre en vue de découvrir de nouveaux champs. Ce sont des grandes firmes internationales qui sont chargées, après obtention des permis de recherche, d’effectuer tous les travaux nécessaires — comme les études sismiques, les prospections et les recherches — dans l’espoir de découvrir un nouveau gisement.
Tous ces travaux exigent un investissement lourd supporté par lesdites firmes. L’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap) est partie prenante dans certains projets et bénéficie des revenus au cas où la prospection s’avère positive. Les députés ont exigé que l’octroi des permis de prospection doit passer obligatoirement par la commission de l’Assemblée des représentants du peuple pour éviter les abus et demander des comptes à la firme responsable de la prospection.
Tout manquement à son devoir peut entraîner l’annulation pure et simple du contrat établi. Certains ont proposé, en outre, l’installation de compteurs au niveau de chaque champ pétrolier pour connaître exactement les quantités produites par jour, et celles qui sont vendues et leur valeur. Cette transparence des informations permettra de rassurer les citoyens qui sont toujours soucieux de la capacité de la Tunisie dans ce domaine. Une plateforme virtuelle, mis à jour quotidiennement et accessible à tous les citoyens, pourrait être mise en ligne pour informer, presque en temps réel, des apports du pétrole de chaque champ ainsi que les quantités vendues et leur valeur financière.
Certes, notre pays ne fait pas partie du club des grands producteurs de pétrole dont une grande partie est importée pour satisfaire les besoins locaux, mais elle dispose de certains champs qui sont encore productifs sans que personne ne connaisse leur rendement réel.