7e Art│A’ quand des salles de cinéma dans les régions ?

Les salles de cinéma ont repris leurs activités le dimanche 14 juin 2020, alors que la réouverture des complexes cinématographies est prévue un mois plus tard après une période d’arrêt due à la pandémie de Covid-19. Les petites chapelles du 7e art pourront ainsi accueillir les cinéphiles et étancher leur soif de films. Ce n’est pas le cas de la majorité des Tunisiens.

En 2020, la Tunisie abrite 25 salles de cinéma en 24 gouvernorats dont 19 dans le Grand-Tunis. Un constat amer pour un pays où 10% des riches détiennent près de la moitié du revenu national (OXFAM). Les plus sages diront que le cinéma n’a pas de place dans la liste des priorités de l’Etat vu l’ascension des problèmes socioéconomiques, ils diront certainement le contraire dès qu’une vague de criminalité montre le bout du nez. D’après des statistiques, la Tunisie accueillait près de 95 salles de cinéma du Nord au Sud en 1957, juste après son indépendance de la colonisation française.

Aujourd’hui, on touche le fond et on creuse pour ne chercher que de faux problèmes et satisfaire un vide médiatique en donnant aux plus hébétés l’opportunité de nous donner des leçons à coups d’opinion. Longue vie à la démocratie des télés poubelles.

Les enfants des régions intérieures grandissent dans des espaces où le cinéma est absent, c’est la preuve directe que l’Etat ainsi que les représentants du parlement ne savent ni vivre ni jouer aux échecs car l’art est non seulement un élément majeur dans le bien-être des peuples, mais aussi un outil d’expression assez pratique sauf si le gouvernement redoute bien sûr l’avènement d’un peuple pensif et rebelle.

Plus de 100 salles de cinéma ont claqué leur porte depuis les années 80, comme Atlas à Sfax, Nejma à Sousse et le Sahara à Tozeur. Ces prestigieuses salles ont vu leur établissement se reconvertir en lieux commerciaux.

Le gouvernement n’est pas le peuple, il le prouve chaque instant car il ne sait encore rien de lui ni de son potentiel. Est-ce que Seif Eddine Makhlouf pense à la jeunesse de Kairouan ou de Kasserine, celles que la frustration et le manque d’épanouissement rongent et déstabilisent ? Et pourquoi faut-il encore qu’on attende qu’un autre jeune fasse une overdose ?

G.A.

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