Reportage au Nord-ouest | Si Tabarka m’était contée

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Qu’ils rêvent de fuir le tumulte ou souhaitent prendre le temps de souffler, de partir se diluer dans la vapeur parfumée d’un spa délicieux, de se faire dorer sur des plages au sable fin, de respirer à pleins poumons l’air pur des Kroumirs ou de se divertir les pieds dans l’eau le long  de sa  côte, les Tunisiens répondent sans hésitation à l’appel de Tabarka. Et dès que l’été pointe son nez, ce sont des cortèges de voitures qui sillonnent les artères principales de cette ville coquette, dont le charme et l’attrait poussent au farnienté limace. En effet, le weekend dernier, les hôtels de Tabarka affichaient complet malgré l’humeur maussade d’une économie en berne et d’un secteur en détresse.  Cependant, Tabarka, la jolie, souffre depuis plusieurs années d’un délaissement inexplicable. Reportage.

Village noyé dans la futaie des châtaigniers et leurs inextricables maquis où l’œuvre des hommes, encerclé par celle de la nature, perd bien vite ses frontières pour se fondre dans l’harmonie du paysage, une fois visité, on quitte Tabarka avec des souvenirs d’amour et l’irrésistible envie d’y revenir. Bâtie au fond d’une baie, dont la coupure s’enfonce dans le massif escarpé et boisé des monts de Kroumirie, au débouché de l’Oued Kebir, est une petite ville du Nord-Ouest qui, en parlant d’elle, nul n’a su le faire sans déraisonner. Mais Tabarka, grâce à son  climat renommé pour ses qualités toniques et vivifiantes, réputée pour sa  parfaite salubrité et dont la forme d’exposition l’a mise à l’abri des atteintes trop rudes et du sirocco, offre depuis la nuit des temps à ses visiteurs un magnifique lieu d’hivernage et un superbe endroit de villégiature. Sa kasbah et son fort, pittoresquement plantés sur le rocher de sa merveilleuse corniche d’où on découvre un paysage admirable, constituent avec un îlot aride à 400 mètres de la ville, couronné d’un vieux fort  et ruines, des fantômes altiers de la splendeur d’antan et lui confèrent un charme un peu sauvage et très particulier.

Les aiguilles

Une autre curiosité naturelle de Tabarka vous attend au premier tournant de sa fameuse promenade des aiguilles où les jeux de la mer sur les rochers sont  aussi attrayants que les fonds marins où le corail, cet animal des mers chaudes, est devenu l’effigie symbolique de Tabarka.

En effet, à 250 mètres du port,  apparaît un promontoire d’aiguilles rocheuses en grès que la mer a sculpté sous forme de dentelles de pierre. La  patiente érosion des eaux a construit là des images inachevées qui rappellent les bas-reliefs rompus à l’Antiquité ou  les fresques hindoues. Au-delà de Tabarka et jusqu’à Cap Negro, il existe de grandes dunes de sable d’un jaune velouté semblable à l’or liquide qui interpellent les visiteurs égarés et suscitent l’intérêt d’un investisseur italien qui compte réaliser, grâce à un investissement colossal, un projet touristique de nouvelle génération. Mais Tabarka est multiple et multicolore. Et pour cause, le produit touristique du Nord-Ouest, avec sa composante balnéaire (Tabarka, Zouaraa, Sidi Mechrig), sa composante culturelle (Chemtou, Dougga, Bulla Regia, Le Kef), sa composante thermale (Hammam-Bourguiba, Gouaïdia), sa composante lacustre (Béni Mtir, Bou Hertma, Mellegue) et sa magnifique composante forestière  (Aïn Draham, Kisra, Aïn Soltane, Sakiet, Makthar), constitue une panoplie exceptionnelle de produits à forte valeur ajoutée à même d’offrir au visiteur un séjour de qualité et à très forte charge culturelle. Mais Tabarka est aussi une ville où la musique ne fait que sculpter cette identité unique.

Ville jardin

Car, Tabarka ville jardin, capitale de la musique,  a inspiré des poètes, des écrivains, des romanciers, depuis le grand jour jusqu’au dernier des rimailleurs. On ne saurait ici énumérer le nombre d’hommes et de femmes célèbres qui ont foulé son sol ou navigué sur ses eaux. Hadrien, Hanon, Darghouth, Sanson Napollon, Saint-Cyprien, Sainte-Maxime, La Kahena ou encore Cesaria Evora, Léo Ferré, Louis Aragon, illustres et inconnus se sont tous inclinés devant cette terre de si étonnants contrastes. Chantée par les poètes, hantée par les légendes, décrite par les croque-notes, Tabarka, mille fois déflorée, reste pure et garde une paix sans égale. C’est pourquoi le voyageur trop pressé, qui négligerait d’inscrire à son itinéraire d’autres cités voisines à Tabarka, se priverait d’un rare régal et n’emporterait qu’une vision incomplète de cette terre tunisienne de si étonnants contrastes, dont elle présente un des aspects les moins connus. En effet, au-delà de Tabarka et jusqu’à Cap Negro, il existe des grandes dunes de sable d’un jaune velouté semblable à l’or liquide qui interpellent déjà l’intérêt d’un investisseur italien qui compte réaliser grâce à un investissement colossal, un projet touristique de nouvelle génération. (A suivre)

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