Le transport du phosphate par voie ferrée coûte 3,5 fois moins cher que le transport routier.
Pourquoi est-il important de relancer le fret ferroviaire en Tunisie ? Pour répondre à cette question, on peut se référer, tout d’abord, à ce qui se passe dans le secteur ferroviaire dans le monde. Cela fait des années que le transport par train perd du terrain en faveur d’autres modes de transport plus rapides, en l’occurrence aérien, maritime et routier.
Mais aujourd’hui, la tendance mondiale est au retour du train. Et pour cause: le train est plus écologique, notamment si l’on sait qu’une tonne de cargaisons transportée par train émet 9 fois moins de CO2 qu’avec le fret routier. Une raison pour laquelle les Européens tiennent actuellement à stimuler le fret ferroviaire dans le cadre du pacte écologique «Pacte Vert».
2 millions de tonnes de phosphate transportées en 2019
En Tunisie, le transport par voie ferrée représente 3% seulement du marché du fret. Un taux quasi faible, par comparaison avec celui de l’Europe (18%) ou celui des Etats-Unis (40%) et qui dénote du potentiel sous-exploité du secteur, notamment à désenclaver économiquement des régions entières. En 2019, la Sncft a assuré le transport de 1,2 million de tonnes de marchandises et 2 millions de tonnes de phosphate.
Il s’agit d’une forte régression de l’activité du fret, plus particulièrement du transport du phosphate qui représentait, pour longtemps, la principale source des recettes financières de la compagnie. Selon les données communiquées récemment par la Sncft, la quantité de phosphate transportée par train est passée d’environ 7,3 millions de tonnes en 2010 à seulement 2 millions de tonnes en 2019. Cette baisse s’est répercutée sur les équilibres financiers de la société, notamment sur le taux de couverture des dépenses pour cette activité qui est passé de 108% en 2010 à 41% seulement en 2018.
Un transport bon marché
En effet, la chute de l’activité du transport du phosphate de la Sncft puise son origine, essentiellement, dans le recours au transport routier, ainsi que la recrudescence des mouvements sociaux qui sont liés au bassin minier et qui ont paralysé le trafic ferroviaire. Ainsi, à l’échelle nationale, la relance du fret ferroviaire signifie aussi l’amélioration de la compétitivité de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) qui ne cesse de dégringoler depuis 2011.
Ceci est sans grande surprise, si l’on sait que le transport ferroviaire du phosphate est beaucoup moins coûteux que celui routier : 7 dinars le coût de la tonne transportée par train contre 25 dinars minimum par voie routière.
Il est vrai que la relance du transport ferroviaire du phosphate nécessite, avant tout ,le déblocage du dossier de la CPG et du bassin minier, mais la maintenance du réseau ferroviaire et le renouvellement du parc matériel roulant sont également nécessaires, notamment si l’on sait que les dépenses allouées à la maintenance des équipements du fret, y compris le transport du phosphate, s’élèvent à 12 millions de dinars par an.