
Ça se confirme au fil des journées du championnat, et même au fil des dernières saisons : on n’a plus de grands joueurs. Des joueurs créateurs et qui font gagner, qui enchantent le public. Pratiquement, tous ces joueurs tunisiens qu’on voit dans tous les clubs (du premier au dernier classé) se valent plus ou moins. Il n’y a plus de joueurs distingués qui, lorsque vous les regardez jouer, vous donnent une idée sur leur équipe tellement ils incarnent leurs clubs. Malheureusement, ce sont des joueurs qui défilent et qui se ressemblent (dans le look et le comportement), mais qui n’enchantent plus personne. Tellement ce spectacle présenté dans les matches de notre championnat est médiocre. Et cette médiocrité, nous sommes obligés de la supporter depuis des saisons. Ce qui est frappant, c’est que les meilleurs joueurs, que l’on voit évoluer, sont, en majorité, étrangers. Du côté tunisien, pas de révélations ni de confirmations. Même ceux qui étaient, il y a quelques saisons, en forme et au rang de leaders techniques, ont sombré pour diverses raisons. Alors, comment atteindre un spectacle charmant, un championnat de qualité quand les acteurs, c’est-à-dire les joueurs, sont moyens et manquent de régularité, de personnalité et de «toucher technique»? On a donc un problème de qualité.
Les «entrants» ne sont pas bons et présentables, le système qui les a accompagnés et encadrés est, lui aussi, défaillant. Une fois débarqués en seniors, ces joueurs mal formés sont confrontés à la dure réalité de jouer en équipe première face à la pression des résultats. Ils calent, ils sont mal encadrés, mal gérés avec des salaires qui ne sont pas payés, avec des réseaux sociaux qui ne pardonnent rien. Ajoutez à cela le rythme fou des matches qui se sont joués à 40 degrés, et vous pouvez comprendre pourquoi on n’a plus de grands joueurs qui font la différence aisément et qui font chavirer le public. Est-ce suffisant pour comprendre pourquoi on n’a plus de grands joueurs?
C’est, qu’il y a trente ans de là, et même plus, nous avions des «fantaisistes» sur notre championnat. Et pourtant, ils étaient amateurs, ils jouaient sur des terrains en chamotte, ils ne percevaient pas les montants d’aujourd’hui et le public n’était pas si tendre avec eux. C’est aussi une question de don, d’inspiration avec de grands joueurs qui ont évolué dans la précarité, voire dans la misère, mais qui étaient sublimes.
Personnalité, charisme, don technique, passion pour le club et le football et, par-delà tout, des dirigeants et des entraîneurs d’une autre trempe qu’aujourd’hui.
Finalement, cette médiocrité est générale, elle est même «contagieuse» : les petits et moyens joueurs évoluent bien évidemment sous la direction d’entraîneurs et de dirigeants petits et moyens. C’est une évidence qui n’a pas l’air de changer.