AFD | Projets de développement : Un engagement réaffirmé

Présente depuis 1992, l’AFD est un partenaire majeur de la Tunisie. En adéquation avec les priorités nationales, elle accompagne sa transition politique, économique et sociale. Un engagement réaffirmé en 2016 avec l’annonce d’un soutien exceptionnel d’un milliard d’euros sur 5 ans.

L’action de l’AFD en Tunisie se concentre également sur la protection des sols et l’utilisation durable des ressources en eau. De manière générale, elle travaille en partenariat avec les acteurs du secteur de l’eau pour assainir, sécuriser, renforcer et développer l’approvisionnement de la ressource sur l’ensemble du territoire.

Gestion du stress hydrique

A quelques kilomètres de la ville de Hajeb El Ayoun du gouvernorat de Kairouan, au fin fond des collines rocheuses qui s’étendent sur une vaste zone de la région, la vie devrait être rude. L’absence de cultures et d’arbres reflète le cruel manque d’eau dont souffre cette zone aride. Le lac collinaire, objet de la visite effectuée par un groupe de journalistes tunisiens à Oued Labiedh à Hajeb El Ayoun —dans le cadre de la tournée de presse organisée par l’AFD dans plusieurs gouvernorats— est à sec.

Durant la saison hivernale, il serait rempli, fait-on savoir. Ce lac est, désormais, l’un des quatre projets phares qui ont été réalisés par le département de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche entre 2014 et 2018 dans la délégation de Hajeb El Ayoun dans l’objectif de faciliter l’accès à l’eau et d’améliorer le revenu agricole, notamment, dans les zones les plus reculées de cette région à travers la mobilisation des eaux de ruissellement. Outre le lac collinaire, les projets portaient sur des équipements des forages par des systèmes de pompage photovoltaïque, sur des banquettes mécaniques (qui s’étendent sur une superficie de 700 hectares et dont le rôle consiste à limiter l’érosion des sols) ainsi que sur des citernes enterrées (elles sont au nombre de 20). Financés à hauteur de 85% par l’AFD sous forme de prêt, le coût global de ces projets s’élève à environ 953 mille dinars.

Un programme qui a mis du retard

«Il s’agit d’une zone d’intervention du programme “Financement Cadre pour la Gestion des Bassins Versants” (FCGBV) qui est financé par l’AFD et qui a démarré en 2009. Le programme aurait dû être achevé en 2014, mais plusieurs problèmes sont survenus après 2011 et ont entravé sa bonne démarche, à cause, entre autres, de la dévaluation du dinar. Le programme s’achèvera à la fin de cette année. La construction du lac collinaire de Oued Labiedh (en maçonnerie) a été achevé en 2016. Le choix de l’emplacement obéit à plusieurs critères, notamment techniques comme la topographie mais aussi à des critères socioéconomiques. Sa capacité est de 165 mille m3. Il s’agit de petits points d’eau qu’on essaye de créer au niveau des zones assoiffées sur l’ensemble du pays», a expliqué Naoufel Ben Haha, directeur de l’aménagement de l’espace rural au sein de la Direction générale de l’adaptation, l’aménagement et la conservation des terres agricoles (DGAACTA).

Les divers types de barrages collinaires

La Tunisie compte plus de 920 lacs collinaires répartis sur l’ensemble du territoire mais concentrés essentiellement dans le Nord. La limite pluviométrique exigée pour la construction de ces lacs est de 300 millimètres de pluies, c’est-à-dire la limite de Sidi Bouzid. Pour ce type d’ouvrage, il existe trois catégories réparties selon l’usage, en l’occurrence les lacs utilisés pour la recharge de la nappe phréatique, les lacs destinés à l’exploitation agricole et les ouvrages construits dans l’objectif de protéger l’infrastructure à l’aval. «Le lac collinaire de Oued Labiedh à Hajeb El Ayoun a, en effet, un double rôle, il permet à la fois la recharge artificielle de la nappe et l’exploitation agricole des terres, notamment l’irrigation des petites parcelles dans les alentours. Dans cette zone reculée de Hajb El Ayoun, 14 exploitations agricoles bénéficient de cet ouvrage», a souligné Ben Haha. Il a précisé que cette catégorie de lac se trouve, généralement, dans les zones assoiffées. Au Nord, les lacs collinaires ont d’autres utilités. Ils permettent, en effet, de protéger les grands ouvrages en bloquant tous les sédiments qui viennent en amont. A leurs avals, on trouve généralement des barrages collinaires qui protègent à leur tour les grands barrages. Globalement, ces lacs permettent d’irriguer une moyenne de 10 hectares de terres agricoles dans les alentours, ce qui permet d’améliorer les revenus des habitants provenant des exploitations agricoles.

S’adapter au changement climatique

Ce n’est un secret pour personne : la Tunisie est aux prises avec un stress hydrique aigu. La situation va de mal en pire en raison des répercussions du changement climatique. «Rien qu’en jetant un coup d’œil sur la carte mondiale des zones affectées par le changement climatique, on voit que le Maghreb figure parmi les régions les plus vulnérables aux extrêmes climatiques. C’est pourquoi la DGAACTA a monté un nouveau projet avec l’AFD, baptisé projet d’adaptation au changement climatique dans les territoires vulnérables de Tunisie qui se focalise sur les territoires les plus affectées par le changement climatique. Son objectif est de réaliser des aménagements dans ces zones avec une approche participative et partenariale. Ces territoires sont ensuite gérés par la population elle-même, et dans le contexte tunisien à travers les municipalités», a fait savoir le directeur général de l’aménagement rural. Il a, par ailleurs, affirmé que suite à une étude d’évaluation réalisée en 2017 dans l’objectif d’analyser le contexte socio-économique ainsi que les spécificités géographiques et pluviométriques de chaque région, la direction a élaboré une stratégie à l’horizon 2050 qui permet de développer de nouvelles méthodologies d’intervention basées sur le concept du territoire de vie, et ce, en concertation avec tous les bénéficiaires. C’est une stratégie qui a été financée par l’UE à hauteur de 2 millions d’euros et dont la mise en œuvre a été amorcée en 2018.

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