
Par Khadija TAOUFIK MOALLA
Durant ces temps brumeux et orageux que traverse la Tunisie, entre crises socioéconomique, sanitaire, politique, culturelle et environnementale… apparaît parfois un rayon de soleil qui illumine ces journées d’automne : l’Hôpital militaire en est un !
Durant tout le mois dernier, ma fille a eu une très belle expérience dans cet hôpital, dont les standards équivalent ceux pratiqués dans les pays européens et meilleurs que ceux des hôpitaux américains (ayant personnellement testé les deux).Ce qu’elle a expérimenté, chaque jour, démontre, si besoin est, du professionnalisme, de la rigueur, de la discipline et du savoir-faire de tout le personnel hospitalier, tous grades et toutes spécialités confondus, dont probablement, seuls nos militaires en sont encore capables.
2-L’exemple des équipes médicales et paramédicales qui opèrent dans cet hôpital, m’a prouvé, si besoin est, que nous avons des professionnels de la santé très compétents, très disciplinés et d’une très grande rigueur quant à l’application des protocoles sanitaires… Ces équipes prouvent que quand nos professionnels se trouvent dans des environnements qui offrent d’excellentes conditions de travail, ils et elles sont capables de donner le meilleur d’eux-mêmes.
3- Cet exemple m’a démontré aussi qu’un établissement sans corruption, sans passe-droit et où aucune impunité n’est permise, est possible en Tunisie ! C’est un élément d’une très grande importance, car les valeurs défendues dans cet hôpital sont devenues une denrée très rare, sinon inexistante, dans la majorité de nos institutions publiques et autres.
Toutes ces raisons et plusieurs autres encore m’ont poussée à vouloir chercher, analyser et trouver les raisons de cette exception que représente cet hôpital. Je ne prétends pas avoir trouvé toutes les raisons, car le fait que cet hôpital soit sous le leadership du ministère de la Défense et non celui de la Santé ne peut pas tout expliquer. Le fait qu’il jouisse de beaucoup plus de moyens financiers que les autres établissements publics de santé, est une raison valable, mais pas suffisante. La discipline militaire est, certes, une excellente raison, car c’est une aptitude et une qualité qui n’existent presque plus chez nos civils, toutes institutions confondues.
Je suis persuadée que chaque lecteur trouvera aussi beaucoup d’autres raisons qui expliquent pourquoi cet établissement paraît unique par son excellence au milieu de la médiocrité ambiante dans laquelle nous vivons et à laquelle nous sommes confrontés quotidiennement, même de la part de la majorité des établissements privés.
Partant de ces quelques raisons, je voudrai faire certaines suggestions afin que les gouvernants patriotes puissent s’en inspirer. Bien entendu, celles et ceux qui ont accepté une position gouvernementale, sans aucun engagement de servir le peuple tunisien, ne sont pas concernés, car ils n’ont pas l’intelligence émotionnelle qui leur permet de comprendre le sens profond de ma démarche. Le plus probable, c’est qu’ils auront recours à un «mécanisme de défense» assez couramment utilisé par la majorité de nos politiciens et qui est le déni.
1-L’Etat et tous ses gouvernants doivent avoir un comportement irréprochable, sur tous les plans, car agir sans intégrité, être corrompu… ou accepter d’être impliqué dans un quelconque conflit d’intérêts, etc., cela donne l’exemple d’une mauvaise gouvernance, et offre carte blanche aux citoyens qui, se croyant aussi au-dessus des lois, se permettront toutes les exactions à la gestion de la chose publique.
2-Toutes ces recommandations et des dizaines d’autres devraient être incluses dans le cadre d’une stratégie pour tout le secteur de la santé, car nos jeunes médecins ont besoin d’un environnement qui les soutienne et leur donne les meilleurs exemples de professionnalisme, de discipline et d’excellence afin qu’ils le suivent au service des Tunisiennes et des Tunisiens, et en application du Serment d’Hippocrate auquel ils ont, toutes et tous, un jour souscrit.
3-Le ministre de la Santé devrait considérer l’Hôpital militaire comme un «pôle d’Excellence», dans lequel chaque médecin devrait faire un stage, avant d’être recruté dans un hôpital civil, afin de perpétuer à la lettre tout ce qu’il aura vu et appris durant son stage.
4- Le ministre de la Santé devrait aussi recourir aux directeurs de l’Hôpital militaire, à la retraite, afin qu’ils aident, à titre bénévole, les directeurs des autres hôpitaux à mieux gérer leurs établissements et à inculquer la même discipline pratiquée à l’Hôpital militaire et ne permettre aucun passe-droit, ni impunité aux infractions, spécialement durant l’épidémie du coronavirus, qui risque de nous accompagner durant les 6 prochains mois au moins.
Nous est-il encore permis de rêver que tous nos établissements de santé deviennent à l’image de notre Hôpital militaire, pôle d’excellence au service de tout notre peuple ?
Seul l’avenir nous le dira.