«On n’a pas de problème avec la police, on la respecte. Mais, lorsque des agents de sécurité dérapent et outrepassent leurs prérogatives par des pratiques qu’on croyait révolues, on doit y faire face», martèle le bâtonnier Brahim Bouderbala

En réponse à l’appel du Conseil de l’Ordre national des avocats tunisiens (Onat), les robes noires ont observé, hier, une grève générale dans tous les tribunaux de la République marquée par un sit-in de protestation sur les parvis du Palais de  Justice à Tunis, en signe de solidarité avec leur collègue Nessrine Garneh, avocate stagiaire agressée en août dernier par le chef du poste de police d’El Mourouj 5, alors qu’elle était en train d’assister son client lors d’un interrogatoire. « Non à l’impunité », « non à la pression sur la justice », deux slogans placardés à l’entrée de l’édifice qui disent tout sur l’affaire. Ainsi, l’affaire prit de l’ampleur, du fait de voir une horde de sécuritaires munis de leurs armes venir encercler le tribunal de première instance de Ben Arous, où s’était déroulée l’audience de leur collègue accusé d’être impliqué dans l’agression de l’avocate.

En colère, le bâtonnier Brahim Bouderbala s’est prononcé, sur un ton ferme, contre tout ce qui pourrait porter atteinte à l’image de la profession, dénonçant vivement les pressions exercées sur la justice. L’Etat policier est ainsi pointé du doigt. Car, selon lui, ce qui s’est passé au tribunal de première instance de Ben Arous est  considéré comme abus de pouvoir et une démonstration de force visant à influencer le cours du procès. «On n’a pas de problème avec la police, on la respecte. Mais, lorsque des agents de sécurité dérapent et dépassent leurs prérogatives par des pratiques qu’on croyait révolues, on doit y faire face», martèle-t-il, indiquant que l’Ordre des avocats n’a cessé de rappeler que l’acte de violence dont Me Garneh fit l’objet était, a priori, un simple incident isolé. Toutefois, l’intervention sécuritaire dans le but de mettre la pression pour détourner l’affaire a été perçue comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et pour cause ! «Nous menons cette grève pour remettre les choses en place et rendre à notre collègue sa dignité», renchérit-il, mettant en avant l’indépendance de la justice et celle de la profession. 

Message reçu !

Par ailleurs, il espère que la police sera réellement républicaine et au service du citoyen. Et d’ajouter que l’institution sécuritaire est appelée à redorer son blason et engager les réformes nécessaire à son évolution. D’ailleurs, relève-t-il, les avocats sont toujours les premiers à défendre le corps sécuritaire. «Aujourd’hui, l’affaire dépasse ma personne pour devenir un véritable combat des droits et des libertés, à même de défendre bec et ongles l’indépendance de la justice…», déclare Me Nesrine Garneh, venue assister au mouvement de protestation. Ce mouvement a été ainsi suivi d’une marche symbolique, parcourant l’avenue Bab Bnet jusqu’à La Kasbah. A l’arrivée, les manifestants se sont, alors, heurtés à un cordon policier empêchant leur passage à la place du gouvernement. Mais la situation fut sitôt rétablie. Et le message des avocats semble être reçu ! Le bâtonnier des avocats tunisiens, Me Bouderbala, a repris la parole pour faire passer d’autres messages clés. «Nous faisons toujours valoir la raison et la sagesse. Et que cela a ses limites !», a-t-il conclu, sans pour autant exclure un scénario d’escalade, si les parties concernées n’ont pas saisi la leçon.

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