Chute de la production de phosphate : Grave impact sur les cultures céréalières

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Les quantités d’engrais DAP disponibles actuellement sur le marché ne représentent que 24% de l’ensemble de la demande. Les agriculteurs craignent une baisse du rendement des cultures céréalières pour cette saison agricole.

Jusqu’à quand l’inaction de l’Etat va perdurer face à  ce qui se passe dans le bassin minier de Gafsa ? On a beau parler des répercussions négatives de la recrudescence des arrêts de production et des sit-in de protestation sur l’export et sur les recettes de l’Etat. On a débattu de l’énorme manque à gagner en termes de devises. En vain. Rien ne semble pouvoir en finir avec cette crise chronique et démêler l’écheveau de problèmes qui laminent le secteur. Et c’est au tour du secteur agricole de subir, par ricochet, le retour de manivelle d’une situation aussi inexplicable que fâcheuse.

Le manque d’engrais chimiques DAP sur le marché, causé par la chute de la production de phosphate dans le  bassin minier, risque de compromettre la saison des grandes cultures. Ce produit dérivé du phosphate, qui est d’habitude fabriqué en totalité par le Groupe Chimique Tunisien, est un engrais indispensable pour l’amélioration du rendement des céréales.

Elle tourne au ralenti

Durant la période d’ensemencement et avant le semi qui prend lieu, chaque année, de mi-novembre à mi-décembre, les agriculteurs utilisent le DAP pour un bon démarrage de la saison. Tournant au ralenti, la Compagnie de Phosphate de Gafsa n’est plus en mesure, depuis la fin du premier trimestre, de produire les quantités de minerai nécessaires pour la production des engrais chimiques, notamment le DAP. «Ce qu’il faut souligner c’est qu’il n’y avait pas un travail d’anticipation pour gérer le manque d’engrais dès le départ. Depuis le mois d’avril précédent, on savait qu’il y aurait un problème d’engrais en Tunisie, puisque le PDG du GCT avait déclaré que  le niveau d’activité de la société était très faible», a affirmé, dans ce sens, le membre du bureau exécutif de l’Utap, Mohamed Rejaibia, dans une déclaration accordée à La Presse.

En effet, le total des besoins des agriculteurs en DAP est estimé à 90 mille t. Au mois de septembre, on disposait de seulement 18 mille t de DAP sur le marché. “Le ministère de tutelle nous a  promis d’approvisionner le marché avec une quantité de 20 mille t supplémentaires au mois d’octobre. Malheureusement, ça n’a pas été le cas. Ce n’est qu’à partir de la semaine dernière que la situation a commencé à s’améliorer. Mais le temps presse et dans une semaine, on va commencer le semi de blé dur”, a ajouté Rejaibia.  Cette pénurie a été confirmée par la ministre de l’Agriculture,  Akissa Bahri, qui a affirmé, lors d’une séance d’audition des membres du gouvernement devant le Parlement tenue lundi  26 octobre, que la quantité d’engrais DAP présente sur le marché ne représente que 24% des besoins des agriculteurs. La rareté du produit a été, également, à l’origine d’une pression exercée sur la demande qui  a induit un phénomène de spéculation et d’augmentation des prix. “Le coût du DAP est passé de 62 à 85 dinars le quintal. Franchement, je ne vois pas comment ils vont faire pour résoudre le problème. L’objectif des agriculteurs c’est d’améliorer le rendement des cultures. Pour l’atteindre, il faut disposer de tout un package technique  indissociable qui comporte les engrais, les semences sélectionnées, les traitements, etc. Si un de ces éléments manque, le rendement va, sûrement, être impacté”, a expliqué, dans ce sens, le syndicaliste.  Pour l’ammonitrate, également un engrais phosphaté que les agriculteurs utilisent durant une période ultérieure de l’année, le Groupe Chimique a décidé d’importer 3 lots de 20 mille tonnes chacun à partir du mois de novembre pour pouvoir répondre aux besoins des exploitants agricoles. Autant dire que voilà un autre secteur qui est désormais fragilisé davantage par l’instabilité sociale qui lamine le secteur du phosphate en Tunisie.

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