Par Anis SOUADI

Dans cette lutte difficile contre la crise sanitaire, l’Etat est appelé à se positionner comme étant l’actionnaire majoritaire de cette action. Il doit absolument trouver, même dans le pessimisme, la force de réagir, d’être réactif, de retenir les bonnes réponses et de mettre en place des programmes rectificatifs de riposte.

Le tableau économique reste dramatique : hémorragie financière, recul de l’emploi, taux d’endettement menaçant, arrêt de la croissance…

Ce qui est valable pour l’économique, l’est aussi pour le social : augmentation spectaculaire du chômage, appauvrissement de la population, détérioration du pouvoir d’achat, insécurité et, surtout, un malaise social profond.

Cette situation  explique le décrochage inquiétant de la Tunisie par rapport à ses concurrents directs, alors qu’elle était, il n’y a pas longtemps, un modèle régional, ou presque.

Mais ce qui désole le plus, c’est que l’Etat n’arrive toujours pas  à prendre toute la mesure de cette situation  à haut risque. On dirait que nos décideurs se déclarent en permanence aux abonnés absents.

Et les quelques programmes et mesures lancés  pour redresser la barre ne sont en réalité qu’un simple catalogue de dispositions pour maquiller leur passivité et leur incapacité à gérer de telles conjonctures. Certains parlent même d’un manque d’audace et de courage.

Une attitude négative qui a suscité des réactions multiformes. L’appel de Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances, ainsi que celui de Mohsen Marzouk (le 2 novembre), à l’instauration de l’état d’urgence économique et sociale s’inscrit dans cette optique.

Cet appel intervient au moment même où le paysage politique connaît une division sans précédent, ce qui a influencé de manière significative  la décision économique. Une décision qui confond encore et toujours le superflu et le nécessaire, mais aussi et surtout l’urgent et l’essentiel.

Il coïncide  surtout avec une période  où la population, la grande partie du moins, se retrouve désormais dans une situation de survie alors qu’à la fin des années 90, la Tunisie était considérée par les observateurs internationaux  de société de consommation. La chute est donc trop profonde pour rester passif.

Reste que pour bien réussir l’état d’urgence économique et social, il est nécessaire de tenir compte d’un ensemble de mesures exceptionnelles qui chercheraient d’abord à soutenir les entreprises en difficultés, aussi bien publiques que privées, de limiter les cessations d’activités, notamment dans les secteurs stratégiques, et d’arrêter l’hémorragie de pertes d’emplois, surtout les licenciements économiques.

Le soutien aux entreprises suppose aussi l’allégement de leurs charges financières à travers surtout le report et même la réduction de certaines taxes fiscales et sociales, sans parler de l’assouplissement, même provisoire, de certaines règles du code de travail.

L’amortissement de la chute spectaculaire du pouvoir d’achat suite notamment aux turbulences graves ressenties sur le marché de l’emploi se place de son côté comme un axe prioritaire. Sur ce point, il est important d’entreprendre un programme d’indemnisation sérieux et non pas se contenter de quelques aides parachutées ici et là.

En somme, dans cette lutte difficile contre la crise sanitaire, l’Etat est appelé à se positionner comme étant l’actionnaire majoritaire de cette action. Il doit absolument trouver, même dans le pessimisme, la force de réagir, d’être réactif, de retenir les bonnes réponses et de mettre en place des programmes rectificatifs de riposte.

Justement, l’Etat, comme le disait de Gaulle, est tenu par le devoir «de penser, de résister et de gouverner».

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