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L’Ambassade de l’enfance: 70% des agressions sexuelles ciblent les enfants !


En 2016, l’Association tunisienne pour la défense des droits de l’enfant a annoncé un chiffre qui fait froid dans le dos, mais qui est toujours d’actualité et en hausse d’année en année : plus de 70% des agressions sexuelles ciblent les enfants, mais c’est dans seulement 1% des cas que justice est rendue et l’agresseur condamné.


Chaque année, un enfant sur deux dans le monde (soit environ un milliard d’enfants) est victime d’actes de violence physique, sexuelle ou psychologique. Pis encore, toutes les 5 minutes, un enfant connaît une mort violente quelque part dans le monde, environ une fille sur 5 est sexuellement abusée au moins une fois dans sa vie et 1 enfant sur 4 est victime de mauvais traitement. Ces chiffres, qui font froid dans le dos et qui révèlent l’ampleur du problème des agressions contre les enfants, ressortent d’un nouveau rapport publié en juin dernier par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Unicef, l’Unesco, la Représentante spéciale du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies chargée de la question de la violence contre les enfants et le Partenariat pour l’élimination de la violence.

La Tunisie n’est pas à l’abri de ce phénomène complexe qui touche toutes les sociétés. En effet, les études et les rapports officiels faits à plusieurs occasions montrent que 70% des enfants en Tunisie sont victimes de violences de toutes sortes. Sur le nombre total des enfants victimes de violences qui ont été signalés aux délégations de la protection de l’enfance, 30% ont subi des agressions sexuelles de différents types : harcèlement sexuel, attouchements, viol avec pénétration…, un chiffre qui reste en dessous de la réalité, selon Ghofrane Heraghi, présidente de l’Association «Wallah we can».

L’Ambassade de l’enfance voit… enfin le jour !

Depuis des années, la Tunisie fait partie des pays qui disposent de lois pour protéger les enfants de la violence, mais elle ne parvient pas à prévenir cette violence à l’encontre des enfants, qui a toujours été omniprésente. Bien qu’il nous touche au quotidien, ce phénomène reste encore tabou, d’où l’urgence de faire davantage d’efforts pour protéger les enfants, sinon la situation pourrait sensiblement s’aggraver. Partant de ce constat qui n’est, d’ailleurs, un secret pour personne, l’Association «Wallah we can» est sur le point de lancer à Tunis (notamment à Hammam-Lif) un nouveau centre d’hébergement pour les enfants victimes de harcèlement sexuel en milieu scolaire. Fruit d’une collaboration avec les ministères de l’Education et celui des Affaires de la Femme et de la Famille, “l’Ambassade de l’enfance” est donc un centre dédié à l’accueil des mineurs victimes de violences et à la promotion des droits de l’enfant. Il s’agit d’un projet pilote qui aura pour vocation d’être généralisé dans d’autres régions du pays. Ce dispositif vient répondre aux insuffisances identifiées en matière de structures et d’espaces d’accueil, mais également en matière d’accompagnement permettant de répondre aux besoins spécifiques des enfants victimes.

«Les enfants victimes de violences physiques, psychologiques et d’abus sexuels seront accueillis pour de courts séjours dans ce centre où des pédopsychiatres travailleront sur leur reconstruction. En outre, des avocats seront mis à la disposition des enfants pour leur protection, en poursuivant leurs agresseurs et leurs violeurs, et des étudiants en droit se pencheront sur la prévention en développant des plaidoyers afin de faire abroger les lois qui agressent l’Enfance et faire voter des lois qui protègent l’Enfance», précise Mme Heraghi.

Les parents doivent briser le silence !

L’ouverture de ce centre est prévue pour le mois d’avril prochain avec une capacité d’accueil de 30 enfants qui seront accompagnés par l’un de leurs parents car il est fondamental que l’enfant victime de violences ait une personne de référence qu’il puisse contacter à tout moment, qui soit en capacité de lui expliquer sa situation et de le rassurer. Dans ce cas-là, l’un des parents demeure la personne la plus compétente et la plus qualifiée pour une telle mission. A cet effet, l’instauration d’une culture de dialogue entre les enfants et leurs parents est indispensable car la plupart des enfants victimes d’abus, pour ne pas dire la totalité, n’en parlent à personne.

«La peur de ne pas être crus, ou la peur des conséquences et représailles les en empêchent. Sur un autre plan, les parents doivent briser le silence afin de protéger leurs enfants et aider à combattre l’impunité… Ce centre, avec le soutien qu’il apporte et les projets qu’il élabore, incite, aide et encourage les parents à condamner de tels actes et à porter plainte contre les agresseurs car cela ne peut continuer à être mis sous silence.

Mais, malheureusement, en Tunisie, comme dans plusieurs autres pays, dans ces cas de violence, les victimes, qui sont dans ce cas nos enfants, sont les personnes qui se sentent le plus souvent coupables… car la culpabilité n’est pas ressentie, ni portée par le malfaiteur, mais elle se trouve, en dépit de toute logique, endossée par la victime innocente. Pour toutes ces raisons, et face à une telle situation, les parents doivent être conscients de la gravité de ce comportement, de ses effets et de son impact sur la psychologie des enfants qui se croient coupables, puisqu’ils deviennent témoins de la souffrance de leurs parents», explique Mme Heraghi, ajoutant que selon les chiffres annoncés par l’Association tunisienne pour la défense des droits de l’enfant, en 2016, plus de 70% des agressions sexuelles ciblent les enfants, mais c’est dans seulement 1% des cas que la justice est rendue et l’agresseur condamné.

Pour toutes ces raisons, la lutte contre ces agressions doit faire partie du programme de l’éducation nationale pour rompre avec ce comportement farouche et irresponsable et abandonner cette pratique qui ne cesse de détruire la vie des enfants. «Cela signifie qu’il faut s’attaquer aux causes profondes de la violence et promouvoir et assurer des ateliers de prévention des agressions faites aux enfants, à destination des écoles primaires. Une telle mesure tient à promouvoir le droit au respect de l’intégrité de l’enfant, qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle, afin de se sentir à l’abri du danger, avoir confiance en eux… et agir sans contrainte», souligne Mme Heraghi.

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