L’Ugtt commémore le 68e anniversaire de l’assassinat de Farhat Hached : «Ô peuple je t’aime »…

A ce militant-syndicaliste, la nation est reconnaissante. Plus qu’un hommage qu’on lui rend, cette commémoration est aussi une opportunité riche d’enseignements et de valeurs humaines et syndicales. Une morale de l’histoire pure et simple.

Il était une fois à la tête de l’Ugtt son père fondateur, l’historique militant-syndicaliste Farhat Hached. L’homme qui aimait fort son pays, la Tunisie, au point qu’il s’est sacrifié pour son indépendance, mais aussi pour d’autres nobles causes. Son assassinat, le 5 décembre 1952, lui a fait l’honneur d’un syndicaliste qui a donné le meilleur de lui-même pour que les travailleurs puissent recouvrer leurs droits et retrouver ainsi le bien-être social et matériel. Au fil du temps, son Organisation ouvrière, qu’il a créée le 20 janvier 1946, lui reconnaît son militantisme et son patriotisme. Des valeurs citoyennes qui s’apprennent au quotidien et qui se transmettent de génération en génération. Paix à son âme !

Et chaque année, le 5 décembre, l’Ugtt ne manque guère ce rendez-vous gravé dans la mémoire d’un peuple, celui de Hached et ses dignes successeurs. Femmes et hommes qui ont, avec brio, passé le flambeau et confié à leurs enfants comment aimer son pays comme l’aimaient Hached et ses compagnons.

Mais, cette année, c’est, l’exception ! Le 68e anniversaire de son assassinat semble avoir dérogé à la tradition, loin des bruits de la rue. Soit une célébration hors du commun. En fait, l’Ugtt, sous la conduite de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, se contentera aujourd’hui de le célébrer sans festivités. Coronavirus oblige. Mais l’événement continue à faire la Une des médias, mettant en avant le parcours initiatique de ce martyr militant. A cette figure de proue, la nation est reconnaissante. Plus qu’un hommage qu’on lui rend, contre l’oubli, sa commémoration est aussi une opportunité riche d’enseignements et de valeurs humaines et syndicales. Une morale de l’histoire pure et simple.

Pas de marche, ni manifestation !

Certes, les syndicalistes ne vont pas manifester aujourd’hui, comme de tradition pendant des années. Tout en scandant, en liesse, le fameux slogan de Hached «Ô peuple, je t’aime». Aussi, ils ne vont pas marcher comme à l’accoutumée, parcourant leur habituel itinéraire, de la place Mohamed-Ali jusqu’au mausolée du défunt à Bab Bnet, passant par l’avenue Mongi-Slim à Bab Souika, dans la capitale. Cette fois-ci, seulement un communiqué commémoratif que la Centrale syndicale vient de publier, depuis ses locaux provisoires à Lafayette. En attendant la restauration de son vieux siège emblématique, synonyme de combat pour la liberté et la dignité. Et l’Ugtt de le réaffirmer dans son communiqué : «Cet édifice demeure ainsi l’unique bannière qui défend les intérêts de tous les Tunisiens, afin de consacrer l’équité, la justice sociale, l’égalité et la démocratie réelle». Des valeurs et des revendications pour lesquelles on a tant milité, sans parvenir, jusque-là, à avoir gain de cause. Dix ans après la révolution du 14 janvier, on n’a rien vu venir.

D’ailleurs, ajoute le même communiqué, cette commémoration intervient au moment où le pays s’enlise dans une crise économique et sociale, doublée d’un climat politique tendu. Une ambiance pourrie, où les dissidences partisanes et les intérêts étriqués des uns et des autres ne sont plus à démontrer. Une telle situation conflictuelle n’est pas sans peser lourd sur les rapports de nos élus et leur action parlementaire, sous la coupole du Bardo. Une mascarade politique en permanence dont le citoyen tunisien continue à subir les contrecoups. A cela s’ajoute l’élan protestataire qui gagne les quatre coins de la Tunisie, sur fond de revendications populaires réclamant le droit au développement et à l’emploi. «Face à quoi, l’Ugtt ne doit jamais rester les bras croisés», signe et persiste Taboubi dans ce communiqué. Car l’intérêt général du pays est au-dessus de tout autre considération. La patrie avant les partis, dit-on souvent.

Tout le monde sait qu’on frôle la dérive, allant droit au mur. Un état des lieux auquel le secrétaire général de l’Ugtt semble catégorique. Et pour cause ! « Nous avons appelé à un dialogue national participatif et inclusif susceptible d’instaurer les fondamentaux de la justice sociale, d’anéantir les clivages sociaux et de réduire, de la sorte, le taux élevé de pauvreté», déclare-t-il. Par ailleurs, toujours selon le même communiqué, cet anniversaire de l’assassinat du leader Farhat Hached coïncide, hélas, avec l’attaque perpétrée, un certain 4 décembre 2012, contre le siège de l’Ugtt, à la place Mohamed-Ali, en plein centre-ville. C’était du temps de la troïka. A cet effet, l’Ugtt réitère son appel à sanctionner les auteurs agresseurs, ainsi que leurs complices.

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