La liste définitive et normalement exhaustive des martyrs de la révolution est prête et sera publiée officiellement la semaine prochaine au Journal officiel. En même temps, le ministère des Finances a entamé la procédure de créer un fonds de dignité à base de 10 millions de dinars de dotations publiques, sans compter les dons et les participations qui seront injectés dans le compte courant dédié à ce fonds. Un ouf de soulagement enfin pour tout le monde : les familles des martyrs, l’Etat tunisien, la société civile et tous ceux qui sont concernés par ce dossier sensible et épineux.
C’est que, depuis presque dix ans, ce dossier a trop traîné entre les bureaux des différents gouvernements qui s’en sont servis lamentablement, et cela sur fond de calculs politiques. Entre tout cela, la vérité a été enterrée, on ne savait pas qui avait tort et qui avait raison. La machination politique et la malhonnêteté intellectuelle de certains ont fait égarer la vérité sur ce sujet. Des noms de vrais martyrs ont été escamotés, d’autres noms insérés à tort, alors que le processus de justice transitionnelle, entamé en 2014, n’a pas abouti sur quelque chose de fondé et d’équitable aussi.
Maintenant, et selon ce qu’on a entendu, la liste a été soigneusement révisée avec un minutieux recoupement pour une fiabilité des noms. C’est le moment surtout de rendre hommage (même si c’est avec beaucoup de retard) à ces gens qui ont, en 2011, payé de leur vie pour la liberté et pour la fin de la tyrannie et l’injustice. Ils n’appartenaient à aucun parti politique, à aucune idéologie, ils étaient des jeunes et moins jeunes marginalisés quêtant la dignité et le droit d’être valorisés en société. C’est en partie grâce à eux que maintenant on peut parler de tout sans courir le moindre risque. Même si le processus démocratique a dévié pour tourner en parodie de démocratie, même si les affaires socioéconomiques sont en dégradation, faut-il reconnaître que nous sommes redevables à ces femmes et hommes disparus ou blessés et que nous avons oubliés, et que certains parmi nous continuent d’insulter et de maudire.
Ce dossier doit être clos par devoir moral, mais aussi pour permettre aux futures générations de les localiser dans l’Histoire. Si l’on veut que la réconciliation nationale redémarre sur de bonnes bases, il faudra, tout d’abord, rendre justice à ces martyrs de la révolution. C’est leur plein droit, ce n’est pas un cadeau qu’on leur fait. La justice ne les a pas réhabilités, peut-être que, maintenant, on en finira une fois pour toutes. Et qu’ils peuvent trouver une paix quelque part là où ils sont. Mieux vaux tard que jamais !
Abdessattar
10 décembre 2020 à 20:30
Les 10 ans deviennent suffisants pour passer sous silence: Qui les a tués? qui a facilité leur venue en Tunisie? Qui sont les traitres qui ont fomenté le complot?