Son œuvre met à l’honneur des tracés précis et francs et la ligne occupera souvent les premiers plans.
Les cimaises de la galerie Saladin accueillent les œuvres de Fathi Rebai, artiste-peintre et caricaturiste tunisien, qui nous vient de Paris et plus précisément de Montmartre où il s’est installé depuis les années 70.
Né en 1957 à Tunis, son intérêt pour l’art en général et pour la caricature en particulier, il l’a reçu de son défunt père, le fameux caricaturiste Mahmoud Rebaï, décédé en 1988, connu, surtout, pour ses illustrations dans la revue tunisienne pour enfants, celle qui a accompagné bien des générations «Irfane».
Cet amour pour les lignes et pour le tracé va se prolonger à travers le parcours de Fathi Rebaï qui choisit, à son tour, les voies de l’art. Sa première formation artistique débute au Centre culturel italien pendant deux ans, puis encore deux ans à Paris et enfin en Italie où il étudiera aux Beaux-Arts. De retour à Paris, il adhère au Groupe Paris Montmartre et commence à exposer un peu partout en Europe. Il a de nombreuses expositions à son actif: Salons d’Automne, Salons de Printemps du groupe, en Belgique, en Norvège, en Suède, en Italie, au Maroc
Son œuvre met à l’honneur des tracés précis et francs. La ligne occupera souvent les premiers plans. Entre formes abstraites et figuratives, sa nouvelle figuration révèle l’essentiel de son récit avec un travail sur les reliefs et, par moments, sur les aplats. Il ajoutera à ses fonds des évocations de la culture tunisienne ou maghrébine qui se manifesteront en signes ou en écritures.
Dans cette exposition qui a comme intitulé son propre nom « Rebaï », l’artiste présente une quarantaine de toiles de formats différents. La veine orientaliste y est marquée autant que le sont les tracés de ses nus féminins dont seules les formes et ossatures s’offrent aux regards et qui trônent en conquérants dans une partie de ses œuvres.
L’énoncé plastique est ennuyeux et renvoie à ce remachage insipide, à cette surconsommation et à ce recours au premier degré, encore et toujours, aux mêmes thèmes («Au hammam », « Sidi Bou Saïd », « femme en safsari », l’ajout de ces formes géométriques dont on ne comprend pas l’intérêt…), se voulant l’expression de la nostalgie de l’artiste. Heureusement que cela est atténué, voire annulé, par moments, grâce au traitement de l’artiste qui, dans certaines œuvres, opte pour une picturalité épurée, des couleurs justement dosées. Grâce à son approche du nu féminin aussi : un nu aux lignes franches, insolent et imposant qui vient écraser des arrière-plans surchargés à l’image du poids des traditions. Il s’agit plus ici de représenter la figure du nu féminin que celle de la nudité féminine, le nu chez Rebaï est audacieux, ramené à l’essentiel de son expression, il est de rondeurs, de formes, d’anatomies mais il est surtout la manifestation d’une présence à l’insolence légitime qui déferlera sur toute la surface de certaines de ses toiles. À voir !