Bonne nouvelle pour les hommes d’affaires et les chefs d’entreprise qui ont contracté des crédits et qui n’étaient pas en mesure de les rembourser dans les échéances convenues. En effet, dans son communiqué en date de mercredi 30 décembre 2020, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a annoncé le report des échéances des crédits qui seront prolongées jusqu’à la fin du mois de septembre 2021.
Conformément à l’article 2 de la circulaire de la Banque centrale numéro 2020-06, le report de remboursement des crédits contractés par les chefs d’entreprise jusqu’au mois de septembre 2021 vise, en premier lieu, à continuer à alléger la pression exercée sur les entreprises qui ont contracté un crédit. En effet, ces entreprises souffrent des effets du Covid-19 qui se sont traduits par une diminution de la productivité et une récession de la demande au double niveau national et international. Dans le cadre du confinement général, plusieurs chefs d’entreprise ont réduit la présence des travailleurs au sein de l’entreprise, et ce, pour respecter la distanciation prévue par le protocole sanitaire institué par le ministère de la Santé dans plusieurs secteurs économiques et dans la vie quotidienne.
Une telle décision va certainement faire plaisir aux chefs d’entreprise, elle va prolonger le manque à gagner des banques dans la mesure où elles ne vont pas bénéficier des montants dus au remboursement dans les délais impartis. Mais un tel report ne va certainement pas contribuer à déséquilibrer les états financiers de ces banques dont une grande partie a réalisé au cours du dernier exercice un chiffre d’affaires conséquent et un produit net bancaire élevé. La pandémie a, cependant, mis à rude épreuve la trésorerie de plusieurs entreprises qui n’étaient pas en mesure de payer les salariés et les fournisseurs.
Pas de regret des banques
Les entreprises ont toujours besoin, de ce fait, de contracter des crédits remboursables sur une période donnée. Les banques concernées n’ont pas regretté d’avoir octroyé ces crédits aux entreprises tunisiennes, car cette fonction relève de leur mission. Mais ce qui est sûr, c’est que les banques n’ont pas prévu l’avènement d’une pandémie qui va durer des années et qui aura son influence sur le tissu industriel et des services. Les secteurs du tourisme et du transport sont, par exemple, les plus touchés par la crise. Plusieurs entreprises industrielles ont subi également les affres de la pandémie. Ces entreprises en difficultés conjoncturelles pourraient se remettre débout et poursuivre leur activité normalement. Mais cela n’empêche pas de dire aussi que nombreuses entreprises ont mis la clé sous la porte en licenciant les employés dans le cadre d’un chômage technique. D’autres entreprises ont changé de vocation ou ont orienté leur production vers d’autres segments. A titre d’exemple, plusieurs petites unités de textile se sont spécialisées dans la fabrication des bavettes qui sont très demandées depuis l’avènement de la pandémie.
Les chefs d’entreprise ont, certes, besoin d’un nouveau report du remboursement des crédits mais ils souhaitent aussi avoir de nouveaux financements pour pouvoir réaliser leurs projets prévus. Ainsi, la contribution des banques dans le financement de l’économie et particulièrement le secteur privé demeure plus qu’essentielle. La question qui se pose avec insistance est de savoir si toutes les banques acceptent volontiers de fournir les nouveaux financements nécessaires pour faire tourner la roue de la production. En tout cas, les pouvoirs publics sont soucieux de préserver les postes d’emploi existants et de ne pas renforcer les rangs des chômeurs au chômage technique qui hante les esprits.
Financement des entreprises non-résidentes
Par ailleurs, la BCT a aussi prolongé la durée maximale d’octroi des financements exceptionnels jusqu’à la fin du mois de décembre 2021 au profit des entreprises non-résidentes établies en Tunisie sous réserve des conditions prévues par la circulaire numéro 1999-09. Ces entreprises qui sont, en général, totalement exportatrices ont besoin, elles aussi, d’un financement nécessaire pour la réalisation de diverses opérations dont celle qui concerne l’exportation. Touchées de plein fouet par la crise, ces entreprises ont la capacité de se rétablir dans un délai court contrairement aux autres entreprises. Encore faut-il qu’elles soient éligibles pour pouvoir bénéficier du financement bancaire. Leur activité est fortement liée aux marchés extérieurs.
De ce fait, quand le trafic commercial retrouve son activité normale, ces entreprises commencent à respirer. Les clients sont là et n’attendent que l’arrivée de leurs commandes. A noter que ces entreprises opèrent dans plusieurs secteurs concurrentiels comme le textile-habillement, le cuir et chaussures, les industries alimentaires, les composants électriques et électroniques et autres. En outre, ces unités font travailler une main-d’œuvre dans différentes spécialités. Le financement bancaire prévu donnera un nouveau souffle à ces entreprises qui doivent poursuivre leur production pour la commercialiser vers plusieurs destinations et assurer ainsi un chiffre d’affaires à l’export conséquent.
De toute façon, les décisions de la BCT pour le report, une nouvelle fois, des crédits et le financement des entreprises non-résidentes pourraient avoir des répercussions positives sur la dynamisation du secteur productif appelé à déployer plus d’effort pour bien se positionner sur la scène économique mondiale. La vigilance demeure, toutefois, nécessaire pour éviter de tomber dans le piège de la précarité, même après avoir bénéficié d’un report de remboursement des crédits ou d’en encaisser de nouveaux financements.