Maintien du dinar à un niveau stable: Un défi de grande importance

La valeur de la monnaie nationale doit se maintenir à un niveau stable avec une réduction des écarts avec les autres monnaies en misant davantage sur le travail et les bénéfices provenant des services et produits marchands.


La fluctuation de la valeur du dinar continue face  aux devises étrangères. Dans un paysage politique marqué par l’instabilité avec de nouveaux remaniements, une vision peu claire sur les perspectives de développement économique et une productivité en baisse dans plusieurs sociétés, le dinar tunisien ne peut pas mieux se placer. Ainsi, selon les chiffres (cours interbancaires) publiés récemment par la Banque centrale de Tunisie (BCT), à la date du 18 janvier 2021, le taux de change du dinar tunisien s’est déprécié vis-à-vis des principales devises étrangères, à l’exception du dollar, par rapport à la même date de l’année 2020.

Ainsi, la valeur d’un euro représente actuellement 3,286 dinars, alors qu’il valait, en 2020, 3,129 dinars. De même, les 1000 yens s’échangent contre 26,146 dinars (25,601 dinars en janvier dernier) et les 10 dirhams marocains valent 3,033 dinars (2,939 dinars en janvier 2020). En revanche, la valeur du dinar s’est appréciée face au dollar. Ce dernier s’échange actuellement contre 2,730 dinars, alors qu’il valait à la même date de l’année dernière 2,814 dinars. Les Etats-Unis passent depuis quelque temps par une période difficile caractérisée par un changement à la tête de la présidence après les élections effectuées ainsi que par la poursuite de la propagation du Covid-19 qui  a mis l’économie américaine à  genoux sans parler de la guerre commerciale entre le pays de l’oncle Sam et la Chine. Malgré les restrictions américaines sur les produits chinois, le dragon rouge continue à investir presque tous les marchés du monde et consolide sa place en tant que puissance économique et monétaire mondiale.

Tous ces problèmes ont pesé lourd sur l’économie américaine, ce qui s’est répercuté sur la valeur du dollar. Etant exposé à la réalité du marché monétaire, les indicateurs économiques doivent être consolidés (autorégulation) pour que la monnaie américaine retrouve sa force face aux autres devises. En Tunisie, ce n’est pas toujours le cas dans la mesure où les autorités monétaires sont en mesure d’utiliser les mécanismes de régulation pour réduire l’écart entre la monnaie nationale et les différentes devises. Le but recherché est de favoriser les exportations et l’investissement tout en réduisant les importations. A noter que les principales devises utilisées par les pouvoirs publics à l’import et à l’export sont le dollar et l’euro ainsi que le yen.

Dans l’opération d’exportation, l’exportateur tunisien peut opter pour l’euro, mieux coté que le dollar, et ce, dans le but de faire plus de recettes. Par contre, lors des opérations d’importation, le dollar se trouve avantageux vu sa valeur moins élevée que celle de son concurrent européen. C’est dire que si certains pays comptent sur la réalité du marché monétaire, d’autres utilisent aussi des mécanismes de régulation afin d’atténuer un tant soit peu l’écart entre la monnaie nationale et la devise ciblée, et ce, dans l’intérêt national. Mais à ce niveau, il faut faire attention et être prudent pour ne pas placer la barre très haut et réaliser une opération fictive qui risque de porter atteinte à l’économie nationale. La meilleure solution demeure, bien entendu, l’apport des devises par les services et les produits marchands à l’exportation ou par le tourisme pour fortifier notre monnaie nationale et éviter les effets pervers de la fluctuation des monnaies étrangères qui peuvent connaître, de temps à autre, une hausse par rapport au dinar. La valeur de la monnaie nationale doit se maintenir à un niveau stable avec une réduction des écarts avec les autres monnaies en misant davantage sur le travail et les bénéfices provenant des services et produits marchands.

Des dépenses diverses

Ce n’est pas encore le cas malheureusement où les hommes d’affaires et les citoyens comptent beaucoup sur l’Etat et les autorités monétaires pour réguler le marché des devises sans faire beaucoup d’efforts de leur part pour modifier la situation en leur faveur. C’est une question de mentalité héritée de père en fils et qu’il est difficile de changer. Dans les grandes puissances économiques et les pays libéraux, c’est pourtant le marché  qui définit la valeur de chaque monnaie en fonction de plusieurs paramètres dont ceux qui concernent la solidité de l’économie, les recettes des exportations, la valeur des investissements étrangers et bien sûr l’apport de la saison touristique et l’approvisionnement du marché local en produits agroalimentaires. Et pour réaliser des indicateurs positifs et stables, rien ne vaut le travail, l’innovation et la recherche.

Compte tenu de cette situation défavorable, les autorités monétaires sont contraintes de juguler en vue de maintenir le dinar à un niveau acceptable pour les devises ciblées. Certes, la valeur du dinar par rapport à l’euro et le dinar reste encore modeste malgré les légères améliorations constatées de temps à autre. Mais on doit compter davantage sur la réalité du marché en prenant en considération les différents indicateurs économiques et monétaires. Il ne s’agit pas de noyer le dinar, comme disent les économistes, mais de lui donner de vrais fortifiants capables de le hisser à un niveau supérieur avec un écart faible avec les principales devises.

Toutefois, beaucoup reste à faire pour pratiquer la réalité du marché à commencer par l’amélioration de la santé de l’économie nationale avec une meilleure productivité, des exportations qui dépassent de loin les importations — sans transgresser les principes de l’Organisation mondiale du commerce — des recettes touristiques en hausse. Pour atteindre ces objectifs, une meilleure gouvernance est nécessaire à tous les niveaux avec une implication des travailleurs dans le changement des méthodes de travail.

Laisser un commentaire