L’Etat n’a pas misé sur son capital jeunesse en matière d’éducation ces dernières années, si bien que cette jeunesse se trouve aujourd’hui désœuvrée.

De nombreuses personnalités le pensent de plus en plus et l’affirment sur les réseaux sociaux, véritable mine d’or de confessions et de révélations : «La plus grosse erreur est d’avoir négligé et oublié les jeunes », martèle l’une d’elles. Entendez par là, une erreur des pouvoirs publics d’avoir délaissé un secteur pourvoyeur de talents, de futurs cerveaux de la Nation et plus encore en termes de capital humain.  Au lieu de cela, on a détruit leur avenir et confisqué leur jeunesse. La jeunesse et l’enfance en Tunisie sont plus que jamais touchées par les temps qui courent, si durs soient-ils et les crises à répétition qui frappent le pays sur tous les plans: économique, social et sanitaire.

Le dernier en date, véritable coup de massue, a trait à la pandémie du Covid-19 qui n’épargne rien ou presque sur son passage. Premières victimes collatérales, les enfants désarçonnés par tout ce qui leur tombe sur la tête, comme tracas et ennuis découlant de la situation épidémiologique actuelle. D’abord au niveau scolaire, on ne compte plus les amateurs de l’école buissonnière qui désertent les bancs. Font-ils leurs devoirs et leurs cours assidument depuis leur domicile ? Il y a fort à parier que non pour beaucoup d’entre eux, le retour des classes après dix jours de confinement général prévu , hier, et après les vacances d’hiver pour les élèves, était vivement attendu car les cours à distance, notamment pour le système public, connaissent des limites. Pendant ce temps, les enfants des quartiers populaires passent leur temps à jouer  dans des espaces inappropriés,  faute d’aires de jeux et de loisirs gratuits, comme le grand terrain bâti et marbré qui borde la municipalité de Tunis à La Kasbah. Aucun responsable politique n’a daigné bouger le petit doigt pour améliorer leur vécu au quotidien. Cela se passe sous la fenêtre de la mairesse de Tunis qui a d’autres chats à fouetter visiblement et n’en a cure de l’enfance en manque d’espaces de jeux et de centres de loisirs. Passons. De nombreux enfants sont confrontés à des parents, quand ils sont encore réunis sous le même toit, qui se querellent pour des montagnes de factures, de frais en tout genre qu’ils ne peuvent comprendre. Un cortège de désagréments qui explose dans la rue et se traduit par un comportement à la limite de la violence. Si bien qu’elle va chercher à fuir sa réalité constamment dans les jeux virtuels, les scènes de rue et pis encore…

Du réel au virtuel

Le spécialiste de sondages d’opinion en Tunisie, introverti en éducateur aiguisé, Hassen Zargouni, a posté une publication édifiante qui résume la situation des enfants en proie aux jeux vidéo plus qu’aux jeux éducatifs : «Aujourd’hui, les 13-17 ans sont le fruit de l’échec de leurs aînés qui ne les connaissent plus, qui ne dialoguent plus avec eux et qui leur sont étrangers. Cette génération est trop affairée par les jeux virtuels qui les projettent dans un autre monde loin des tracas sociaux. C’est un autre monde qu’ils se créent, un monde parallèle, afin de fuir un quotidien difficile (famille, école…). Ces jeux sont hyper-accessibles car téléchargeables». Il a relevé également l’absence de sensibilisation et d’éducation comme l’éducation aux médias et à l’écologie qui peut maintenir ces jeunes dans le réel au lieu de sombrer dans le virtuel. A méditer. Autre chose à signaler, le dernier spectacle pyrotechnique lors des célébrations d’un club de football tout feu tout flamme, à peine la période de confinement général pour lutter contre le coronavirus achevée, montre la complexité de la situation de jeunes avides d’expression de rue et en manque de sensations.

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