Le secteur de l’artisanat durement impacté par la crise du Covid-19 : Le cri d’alarme

C’est un cri d’alarme, un énième depuis le début de cette épidémie liée au coronavirus, que la Fédération nationale de l’artisanat a lancé, espérant trouver auprès des autorités concernées une écoute attentive et une issue à cette situation douloureuse.

Le constat n’est pas nouveau. Mais au lieu de fournir des solutions concrètes et efficaces à cet état de fait, capables de donner des pistes aux professionnels du secteur de l’artisanat pour sortir de cette impasse et voir le bout du tunnel, le silence et la passivité règnent toujours. Cette situation a alimenté la colère et la méfiance des artisans qui menacent, aujourd’hui, de monter au créneau.

Appel à protester

Dans une tentative d’attirer l’attention des autorités concernées sur la gravité de la situation et la nécessité d’agir de manière urgente pour sauver tous les métiers de l’artisanat sans exception (le travail du textile, du cuir, des métaux, la poterie, le forgeron, l’armurier, l’artisan de soie, le peintre, le tailleur, le tapissier…), le président de la Fédération nationale de l’artisanat (Fena), Salah Amamou, a appelé, dans une vidéo publiée sur la page officielle de la Fena sur Facebook, tous les professionnels du secteur de l’artisanat, du Nord au Sud de la Tunisie, à descendre, le jeudi 18 février 2021, dans la rue pour protester contre l’ignorance et le silence des autorités concernées.

«Nous (artisans, commerçants, industriels, restaurateurs…) serons tous présents à partir de 10h00 devant le siège de la présidence du gouvernement, place de La Kasbah, et devant les sièges des gouvernorats dans les quatre coins du pays pour réclamer et accélérer la concrétisation des mesures gouvernementales prises au profit du secteur de l’artisanat. Les professionnels du secteur sont, aujourd’hui, dans une situation critique, voire chaotique, et ne bénéficient pourtant pas des aides et des mesures annoncées depuis des mois par le gouvernement… Depuis le début de cette crise sanitaire, l’artisanat, un secteur en perte de vitesse depuis une dizaine d’années, n’a jamais pu trouver sa place sur le marché… C’est un secteur à l’agonie, mais qui veut retravailler malgré cette crise qui nous frappe de plein fouet…

Face à cette situation catastrophique, les autorités concernées devraient bouger, car si elles ne changent pas de posture et de stratégie, l’artisanat n’aura pas de place dans le paysage économique tunisien, déjà en pleine crise… Aujourd’hui, nous avons décidé de prendre les choses en main et de manifester pour faire entendre notre voix auprès des nos décideurs… A nouveau, nous le répétons, si la situation devait se dégrader davantage», souligne Amamou, dans une déclaration accordée au quotidien La Presse.

Hashtag “Artisan à l’agonie”

Amamou affirme, également, que face à cette situation désastreuse, la Fena vient de lancer sur les réseaux sociaux le hashtag #artisan_à_l_agonie, pour dénoncer l’indifférence, le mépris et le non-respect des promesses annoncées par le gouvernement pour sauver et aider l’artisanat. «Souvent considéré comme le grand oublié de cette crise sans précédent, l’artisanat peine, aujourd’hui, à trouver la place qu’il devrait occuper dans le développement économique du pays. Pis, le secteur est actuellement à l’arrêt total étant donné que 90% des entreprises sont en situation de blocage total et plus de 50% d’entre elles ont même mis la clé sous la porte… Ce scénario catastrophique ne nous surprend guère, étant donné que plus de 90% des produits artisanaux sont vendus dans des salons, expositions ou foires, dans les lieux touristiques, sur les marchés d’exportation… Mais après la propagation du coronavirus, les secteurs de l’événementiel, des foires et salons ont connu des annulations massives et les reports continuent de pleuvoir dans ce contexte de pandémie. Ainsi, les artisans ne trouvent aucune issue pour leurs productions et les produits déjà existants sont stockés depuis des mois —ce qui est une option est très coûteuse—.

Pour ce faire, nous allons protester dans un premier temps pour faire bouger les choses vers le meilleur, sinon, les stocks invendus seront exposés devant le siège de la présidence du gouvernement», nous précise Amamou.

Des promesses restées lettres mortes

Dans un temps précédent, la Fena a publié un communiqué de presse, dans lequel elle a demandé l’application des recommandations et des mesures gouvernementales prises au profit du secteur de l’artisanat, tout en rappelant que les répercussions de la crise du Covid-19 frappent de plein fouet le secteur de l’artisanat qui est à l’arrêt total d’activité depuis plusieurs mois.

Pour ce faire, la Fena réclame l’octroi d’une prime mensuelle exceptionnelle de 200 dinars en faveur des petits commerçants et des artisans, la prise en charge, pendant 6 mois, de la contribution patronale à la Cnss au profit des commerçants des produits artisanaux, et le report des échéances des prêts bancaires individuels au profit des professionnels du secteur jusqu’à la fin de l’année 2021.

«Ces revendications concernent aussi et surtout l’application des décisions du Conseil ministériel restreint du 15 février 2016, notamment la mise en place d’une structure pour l’approvisionnement en matières premières et pour la commercialisation des produits du secteur dans le cadre d’un partenariat public-privé, la création d’un système de formation professionnelle propre au secteur de l’artisanat sous la tutelle de l’Office national de l’artisanat, la transformation du Centre technique du tapis et du tissage en une agence disposant des compétences nécessaires pour fournir la matière première et commercialiser le produit pour le secteur du tissage et du tapis. Ces revendications sont toujours d’actualité et devraient se transformer en réalité et non rester des promesses sur papier», nous précise encore Amamou.

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