El-Kamour: Qui pousse à l’escalade ?

«Les salaires des travailleurs de la société de l’environnement ont été transférés hier, vendredi 12 février, au Conseil régional de Tataouine par l’entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap)»,  annonce Moncef Achour, président de la délégation gouvernementale


L’assaut de quelques sit-inneurs d’El Kamour (Tataouine) visant à fermer la vanne de pompage de pétrole a été repoussé par les militaires mobilisés à cet effet et leurs véhicules avaient été saisis, selon les protagonistes de cette action qui a surpris plus d’un et dont le timing inquiète puisqu’il survient dans un contexte marqué par la persistance du blocage politique observé suite au récent remaniement ministériel, envenimant encore plus la relation entre les trois présidences.

La voix de la raison ne se fait plus entendre dans ce débat houleux. Mais en l’absence de dialogue, l’onde de choc risque d’être dévastatrice pour tout le pays, alors qu’il faut favoriser le dialogue et ne pas jeter de l’huile sur  le feu pour raviver la crise.

Sous de faux prétextes?

Sous prétexte que le gouvernement a failli à ses engagements et refusé de mettre à exécution les accords conclus, le porte-parole de la coordination d’El-Kamour a rappelé qu’un ultimatum a été adressé, en vain, depuis environ un mois au Chef du gouvernement, acculant ainsi quelques membres de la coordination à passer de nouveau à l’action dans la perspective de fermer la vanne de pompage de pétrole et de forcer la partie officielle à «tenir parole». Une attitude qui a, vraisemblablement, surpris le chef de  la délégation gouvernementale en charge du dossier, Moncef Achour. Ce dernier a regretté cette escalade et la tournure des événements, d’autant plus que la concrétisation des termes de l’accord conclu depuis novembre dernier était sur la bonne voie en dépit d’un relatif retard observé et qui est, en grande partie, inhérent au nombre élevé des candidats qui se sont présentés au concours  de recrutement dans les sociétés pétrolières et la société de l’environnement.

Pour rappel, la station de pompage de gaz et de pétrole  se trouve dans une  zone militaire dont l’accès est soumis à autorisation, ce qui explique la riposte des unités militaires à l’égard des quelques sit-inneurs qui voulaient fermer à nouveau la vanne de pétrole. Suspendue en juillet 2020, au grand dam des Tunisiens à cause des mouvements de protestation, l’activité de pompage n’a repris qu’avec l’accord d’El-Kamour en novembre dernier suite aux concertations avec le gouvernement. La fermeture de cette station à cette époque, malgré son emplacement  dans une zone militaire interdite, n’a pas manqué de soulever les questions somme toute légitimes  quant à la capacité de l’Etat d’assumer ses responsabilités  en appliquant la loi et de ne pas céder au  chantage des groupes contestataires.

Rien ne se fera sans

le dialogue

La vaine tentative de fermer à nouveau la vanne de pétrole n’a pas manqué de soulever les mêmes interrogations quant aux réels desseins qui ont poussé, soudainement cette fois-ci, des jeunes à agir en solo et opter pour l’escalade sans une concertation aucune avec les autres membres de la coordination et les représentants de la société civile. Qui pousse en catimini à l’escalade en ces temps de crise? L’impulsivité doit céder la place au dialogue dans ces temps de crise et la fermeture de la vanne de pétrole n’est pas susceptible de résoudre la crise. Contrairement au passé, des voix se sont cette fois élevées, refusant  la vaine tentative  de quelques membres de la coordination visant à imposer leur diktat.

Il n’y avait pas de raison poussant à de telles escalades au moment où les efforts de la mise en application des accords se poursuivent au sein de la délégation gouvernementale en charge du dossier.

Aux dernières nouvelles, les salaires des travailleurs de la Société de l’environnement ont été transférés, hier vendredi 12 février, au Conseil régional de Tataouine par l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap),  annonce Moncef Achour, président de la délégation gouvernementale  sur sa page facebook. Une réunion se tiendra mardi prochain au siège de l’Etap en vue de trouver des solutions aux questions encore en suspens.

Rappelons-le, l’accord d’El-Kamour conclu en novembre 2020 prévoit, en substance, la classification de la Société de l’environnement, de plantation et de jardinage en tant que société à participation publique sous tutelle du ministère de l’Agriculture bénéficiant des augmentations du secteur public, l’accélération du versement des salaires des cadres et agents de cet établissement, le recrutement de 1.000 agents et cadres, ainsi que d’autres mesures en rapport avec le recrutement au sein des compagnies pétrolières et des sociétés opérant dans le désert. Il a été aussi conclu qu’un fonds d’investissement et de développement sera accordé au gouvernorat de Tataouine. Une commission de suivi a été mise en place en vue de veiller à l’application des termes de cet accord.

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