Crédits en temps de crise | Un cercle vicieux pour arrondir les fins de mois

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Le recours aux crédits est devenu un acte indispensable pour presque tous les ménages tunisiens, vu les revenus modestes dont ils disposent et qui ne leur permettent pas de subvenir à tous leurs besoins.

En fait, les familles tunisiennes arrivent à peine à acquérir les produits de première nécessité comme le pain, la semoule, les pâtes et le sucre. Pourtant, l’Etat subventionne régulièrement ces produits grâce à la Caisse générale de compensation, créée au lendemain de l’Indépendance initialement pour préserver le pouvoir d’achat des familles nécessiteuses ou à revenus limités. Au fil du temps, tout le monde, y compris les personnes aisées et certaines entreprises commerciales, ont profité des subsides de cette caisse. Les fonctionnaires ont souvent recours aux banques pour contracter un crédit bancaire qui n’est pas accessible à tout le monde. En fait, les banques exigent que le demandeur du crédit soit un employé permanent disposant d’un salaire fixe. Des documents sont ainsi demandés, comme, à titre d’exemple, l’attestation de travail ou la fiche de paie.

Une fois le dossier accepté, le client peut bénéficier d’un crédit. Mais un taux d’intérêt considéré comme élevé, allant jusqu’à 6%, est pratiqué pour tout crédit, dont le remboursement s’étale sur une période convenue de 5 ans sans délai de grâce. Ainsi, le coût du crédit peut être deux, voire trois fois plus cher que son coût initial, et ce, suite au taux d’intérêt pratiqué. Ces taux d’intérêt varient d’une banque à une autre, il serait judicieux de faire une comparaison entre les banques avant de se décider de contracter un crédit pour pouvoir bénéficier du financement le moins coûteux.

Un crédit, pour quoi faire ?

Le candidat à un crédit bancaire n’a pas besoin de se déplacer pour faire cette comparaison. Grâce à l’Internet, toute personne peut avoir une idée sur les taux pratiqués par les banques qui publient régulièrement les produits proposés, dont les crédits divers et les taux d’intérêt correspondants. Ainsi, les offres concernent souvent les crédits de consommation, de logement, de voiture, de rénovation et autres. Les crédits de consommation sont souvent contractés pour l’achat d’équipements domestiques, la rénovation et l’entretien des logements et les vacances dans des hôtels, particulièrement au cours de la saison estivale. Le salaire ne suffit pas à lui seul pour satisfaire tous les besoins même si les deux  conjoints travaillent. Ainsi, le recours au crédit de consommation est devenu indispensable.

Par le passé, les fonctionnaires étaient nombreux à solliciter un crédit des caisses sociales. Mais avec la crise financière qui a frappé de plein fouet ces caisses, il est devenu presque impossible d’espérer d’en avoir un financement. Pourtant, les caisses accordaient des prêts bonifiés, presque sans intérêt, et ce, pour aider les affiliés à obtenir un financement avantageux et remboursable sur une période assez longue. Certains fonctionnaires préfèrent contracter des crédits de leur entreprise qui offre des financements assez souples pour des montants qui peuvent atteindre les 5.000 dinars. C’est dire que les familles se débrouillent comme elles peuvent pour pouvoir joindre les deux bouts chaque mois, notamment lors des périodes des grands achats. Il va sans dire que l’épargne en ces jours de vaches maigres n’est plus possible.

Comment rembourser les crédits ?

Le problème qui se pose après avoir consommé le crédit est le remboursement. Il s’agit, en effet, de trouver assez de fonds pour rembourser non pas le capital du crédit uniquement, mais aussi le taux d’intérêt, ce qui rend le crédit plus cher. Certains consommateurs vont jusqu’à contracter un nouveau crédit pour rembourser l’ancien. Ils entrent ainsi dans un cercle vicieux qui ne sera jamais crevé. Quand on entre dans cette frénésie de crédits, la sortie n’est pas garantie. Le remboursement des crédits constitue un vrai problème qu’on n’arrive pas à résoudre. Les banques se conforment à la réglementation en vigueur et exigent le remboursement des crédits dans les échéances, sinon l’affaire peut être portée devant les tribunaux si une solution à l’amiable n’est pas trouvée. Aucun prétexte ou justification n’est accepté pour reporter les échéances.

Certains ménages sont allés jusqu’à vendre leurs effets personnels pour pouvoir rembourser leur crédit et éviter d’être traînés en justice. C’est une situation triste à voir et ces actes irréfléchis sont déconseillés. L’idéal serait, en effet, de rationaliser les dépenses et de ne pas dépasser le budget familial pour éviter de tomber dans le piège des crédits qui est comparé à un puits sans fond. Les ménages doivent apprendre à se passer de certains biens et à détourner le regard de ces publicités qui incitent les consommateurs à acheter toujours davantage sans tenir compte des capacités financières des familles tunisiennes, dont plusieurs sont sous-payées.

La rationalisation de la consommation est la seule voie pour contourner les crédits qui sont, certes, devenus une composante faisant partie de la vie quotidienne des Tunisiens. Acheter une voiture même d’occasion, renouveler sa garde-robe ou effectuer des travaux ne peuvent se faire que par des crédits. Mais on peut reporter ces grands achats pour une autre période plus favorable, et attendre des rentrées d’argent programmées. Pour contracter un crédit, il faut être sûr de pouvoir le rembourser dans les délais impartis pour éviter des tracasseries avec la justice.

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