Avec la crise liée au coronavirus et une récession qui s’annonce sévère, c’est peu dire que la situation sociale va être explosive. Mais on devait s’y attendre. Les prévisions économiques, dont font état les conjoncturistes, ne sont guère rassurantes. Dans ce contexte de détérioration de la croissance économique et dans l’hypothèse d’une poursuite de la baisse tendancielle du taux d’activité au niveau national, le taux de chômage grimpe à 17,4% au quatrième trimestre 2020 contre 16,2 % au trimestre précédent, selon les dernières statistiques de l’INS. Le nombre de chômeurs s’est établi à 725,1 mille du total de la population active, contre une moyenne de 676.6 mille chômeurs pour le troisième trimestre 2020. La hausse drastique du taux de chômage augure de fortes tensions sociales. Un taux, qui oscillait avant cette crise entre 14 et 15%, était déjà problématique en raison d’une croissance molle et irrégulière qui ne permettait pas d’absorber tous les jeunes qui se présentent sur le marché du travail chaque année. La crise est bien là, doublée d’une activité économique qui ne tourne pas à plein régime. La pandémie de coronavirus n’est plus uniquement une crise sanitaire qui guette l’humanité entière, mais elle a des conséquences immédiates sur nos économies, de facto sur le «marché» du travail. La «pandémie» du chômage a touché divers secteurs vitaux. Devant la précarité des conditions de travail et l’absence, dans la majorité des cas, des indemnités de chômage, des licenciements ont plongé plusieurs familles dans la plus grande misère. La propagation rapide du Covid-19 a amplifié aussi la «pandémie» du chômage, de la misère et des inégalités sociales.  Face à la «pandémie» du chômage qui risque de se généraliser et de durer dans le temps, le gouvernement ne montre aucune volonté ou intention de prendre en charge cette nouvelle donne, due aussi bien à la crise sanitaire qu’aux tensions sociales observées depuis des années. Depuis plus d’une décennie, les gouvernements successifs n’ont pas consenti des efforts conséquents pour porter secours aux victimes de leur propre système économique. Ils demeurent attachés à cette politique d’attentisme de promesses  qui a paupérisé des pans entiers de la société. Avec un taux de pauvreté de 19% et qui peut s’aggraver davantage, la Tunisie revient 15 ans en arrière, soit 470.000 personnes de plus qui tombent sous le seuil de pauvreté. Notons que la perte des revenus, due à la pandémie du Covid-19, a eu aussi un impact sur les conditions et le niveau de vie des ménages, en matière de dépenses d’alimentation, de santé et d’éducation. Sachant que la pauvreté multidimensionnelle pourrait passer de 13,2% actuellement à 15,6%. D’après les simulations, le choc du Covid-19 accentuerait la fragilité financière des secteurs des industries non manufacturières (-29%), du tourisme (-23%), du transport (-19,6%) et du textile (-17,7%).

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