
Le ministre du Transport a été bien clair, il s’agit d’un limogeage en rapport avec un cumul d’erreurs graves. « On est dans une dynamique de construction pour assurer la pérennité de la compagnie nationale et non de confrontation », a-t-il expliqué. Pour Olfa Hamdi, il n’y a pas l’ombre d’un doute, ses déclarations à l’égard de la partie syndicale ont eu sur elle l’effet boomerang.
C’est par le biais d’un laconique communiqué publié sur le site officiel du ministère du Transport que le limogeage de Olfa Hamdi de son poste à la tête de Tunisair a été annoncé. Elle n’aura tenu qu’un mois et quelques jours depuis sa désignation en tant que PDG de la compagnie aérienne tunisienne le 4 janvier dernier. « Tous unis pour le décollage… Ensemble pour protéger la Gazelle», a-t-elle posté sur son compte facebook. Vacant depuis le limogeage d’Elyes Mnakbi, le poste proposé à la jeune dame de 35 ans, au parcours académique ne laissant planer aucun doute sur ses hautes qualités professionnelles, n’était pas de tout repos. Dotée d’une maîtrise en génie industriel de l’Ecole centrale de Lille en France, une deuxième maîtrise en gestion de grands projets de l’Université du Texas à Boston aux Etats-Unis d’Amérique, et un diplôme supérieur en droit de l’université de droit de Texas, elle devait montrer ses preuves et élaborer une stratégie de sauvetage pour la compagnie Tunisair.
Les raisons d’un limogeage annoncé
Avec un CV bien riche en diplômes, l’experte internationale en gestion de grands projets, Olfa Hamdi, a très vite montré ses limites en matière de négociation sociale et a payé le prix fort de son «dilettantisme» en s’attaquant frontalement à la centrale syndicale dès les premiers jours de la prise de ses nouvelles fonctions. Les critiques ont fusé de tous bords au moment où, du haut d’une chaise, elle a sévèrement pointé du doigt les pratiques de certains syndicalistes à la société qui ont organisé, trois jours durant, un sit-in devant son bureau. Frustrée, elle assène une vérité crue en dénonçant dans ce cadre la présence de personnes étrangères jouant aux cartes et fumant des cigarettes.
Beaucoup plus, elle voulait prendre les choses en main et assurer le décollage escompté de la Gazelle, mais la réplique ne s’est pas fait attendre de la part de la principale centrale syndicale, les appels à son limogeage aussi. Aussi bizarre que ceci puisse paraître, la jeune nouvelle PDG s’est trouvée esseulée, sans aucun soutien.
Le ministre du Transport, Moez Chakchouk, a expliqué, dans un entretien accordé à Shems FM, les raison du limogeage par les graves erreurs commises par Olfa Hamdi, dont notamment le non-respect du devoir de réserve qui a été traduit par «la publication sur facebook de documents internes, son refus de se présenter aux réunions au siège du ministère de tutelle et, cerise sur le gâteau, les rencontres avec des ambassadeurs en dépit des mises en garde et les rappels à l’ordre à cet effet.
Le ministre du Transport a par ailleurs assuré que les procédures pour la levée de la saisie sur les comptes de Tunisair avaient été entamées depuis 19 février et devraient se poursuivre en vue d’assurer la pérennité de la compagnie nationale.
Bras de fer déséquilibré
Sur sa page facebook, Olfa Hamdi n’a pas hésité à adresser des critiques acerbes au SG de l’Ugtt, l’accusant d’être derrière la campagne de dénigrement menée à son encontre. Et d’ajouter que les hostilités à son égard sont tributaires du refus de Tunisair de répondre favorablement à une correspondance signée par Noureddine Taboubi et dans laquelle ce dernier demande le transfert d’une avance du montant découlant des frais d’adhésion des agents de Tunisair à la centrale syndicale, comme le stipule la circulaire n°1 daté du 4 janvier 2021 .
Ne s’avouant pas vaincue dans son bras de fer avec l’Ugtt, Olfa Hamdi est allée jusqu’à publier cette correspondance sur sa page facebook, ce qui a vraisemblablement mis en colère le ministre du Transport et a précipité son limogeage. En réaction à cette correspondance fuitée, le porte-parole de l’Ugtt, Sami Tahri, a tenu à expliquer que pareille demande n’a rien d’exceptionnel et à démentir les allégations avancées par Hamdi, dont l’inexistence de la circulaire précitée.
Samir Tahri a critiqué par la même occasion le recours de Olfa Hamdi à la publication de ce document interne, ce qui dénote, selon ses dires, son incompétence à gérer les affaires de cette société. Il a demandé par la même occasion l’ouverture d’une enquête se rapportant à la véracité de ses diplômes!