Répercussions du Covid-19 sur les PME industrielles : Bilan mitigé

L’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii)  vient de publier une enquête sur les répercussions de la pandémie du Covid-19 sur l’activité et la pérennité des PME tunisiennes, basée sur les données d’un sondage auprès d’un échantillon représentatif de 398 entreprises choisies parmi les 5.400 entreprises industrielles employant 10 personnes et plus, couvrant toutes les régions du pays et touchant tous les secteurs de l’industrie manufacturière.

L’objectif de l’enquête étant d’identifier les préoccupations et stratégies des PME après le confinement. Elle a été menée auprès de 398 entreprises industrielles, dont 55% opèrent sur le marché local ou partiellement exportatrices contre 45% totalement exportatrices.

L’enquête a montré que, durant la phase de déconfinement ciblé, 66% des dirigeants déclarent que leurs firmes sont en situation d’activité partielle, 24% disent être en situation d’activité normale contre seulement 10% en situation d’arrêt temporaire.

L’analyse de la situation des entreprises selon le régime d’activité montre que 75% des entreprises totalement exportatrices sont en activité partielle contre 60% pour les entreprises partiellement exportatrices. 18% des entreprises totalement exportatrices sont en activité normale contre 29% pour les entreprises partiellement exportatrices. De même, 7% des entreprises totalement exportatrices sont en situation d’arrêt contre 11 % pour les entreprises partiellement exportatrices.

L’analyse sectorielle, quant à elle, montre que parmi les entreprises en activité normale, 35% opèrent dans l’industrie agroalimentaire, contre seulement 17% pour l’Industrie textile et habillement.

Baisse des chiffres d’affaires

S’agissant de l’évolution du chiffre d’affaires (entre les mois de mars et avril 2019 et 2020), 96% des entreprises enquêtées font part d’une baisse de leurs chiffres d’affaires par rapport à la même période de l’année précédente. Une baisse due essentiellement aux mesures prises par le gouvernement au moment du confinement total, en l’occurrence la fermeture des frontières et l’arrêt de l’activité industrielle, à l’exception des secteurs prioritaires, alors que  4% seulement déclarent une augmentation de leurs chiffres d’affaires.

L’analyse sectorielle dégage les résultats suivants : 73% des entreprises du secteur de l’industrie du bois, liège et ameublement ont enregistré une baisse de plus de 75% de leurs chiffres d’affaires. Pour les entreprises opérant dans l’industrie des matériaux de construction, céramiques et verres, 67% d’entre elles ont subi une chute de plus de 75% de leurs chiffres d’affaires. 58% des entreprises de l’industrie chimique ont accusé une dégradation entre 50 et 75% de leur chiffre d’affaires.

Une récession comprise entre 13 et 32%

L’enquête indique que «la pandémie du Covid-19 a causé un bouleversement sans précédent de l’économie mondiale et du commerce international, la production et la consommation s’étant lourdement freinées dans le monde entier». Les indicateurs affichés montrent que le commerce mondial devrait enregistrer en 2020 une récession comprise entre 13 et 32% sous l’effet de la pandémie du nouveau coronavirus qui a fortement «désorganisé les activités économiques et la vie normale dans le monde», selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Autre indicateur, et selon les analyses, les dirigeants des PME tunisiennes gardent les mêmes cibles vers les marchés extérieurs, la situation est quasi-stable. Une légère baisse de 5% pour le marché européen est constatée, passant de 41% avant la crise à 36% après la crise.

Cependant, «une légère hausse pour le marché africain est à souligner passant de 19% avant la crise à 21% après la crise».

L’employabilité des PME post-confinement

La crise sanitaire a eu des conséquences néfastes sur le marché de l’emploi à l’échelle internationale et nationale. Sachant qu’avant l’apparition de la crise, le taux de chômage était estimé à 15,1% selon INS (mars 2020).

D’après les statistiques, 71% des firmes comptent diminuer leurs effectifs, contre 29% seulement ayant prévu l’augmentation de l’effectif après la fin de la crise.

«Durant cette période de crise, le taux d’employabilité des entreprises opérationnelles s’élève à environ 53% de leurs effectifs totaux. Celui de l’effectif opérationnel durant la crise Covid-19 varie d’un secteur à un autre. Il est de 77% pour l’industrie agroalimentaire, 50% pour l’industrie du textile et habillement et l’industrie chimique contre seulement 28% et 21% respectivement pour l’industrie des matériaux de construction, céramiques et verre, et l’industrie du cuir et chaussures».

Chaîne logistique des PME post-confinement

La crise sanitaire a perturbé  la chaîne mondiale d’approvisionnements. Pour la Tunisie, et sous l’effet de la rupture et la saturation de la chaîne logistique, 92% des entreprises enquêtées déclarent avoir reçu des annulations de commandes par rapport à l’année 2019, contre seulement 8% ayant annoncé avoir reçu des nouvelles commandes.

L’analyse sectorielle montre que l’industrie agroalimentaire et l’industrie du textile et habillement sont les plus touchées par l’annulation des commandes, soit respectivement 24% et 26%.  La crise sanitaire a eu une répercussion sur l’approvisionnement en matières premières qui varie, entre autres, d’un secteur à un autre. «Il ressort de l’analyse que lorsque l’impact de la crise est fort, la durée moyenne de reprise de la chaîne logistique est d’environ 7 mois».

Les résultats de l’enquête montrent que  50% des entreprises prévoient une reprise de la chaîne logistique dans une durée inférieure à 6 mois, 42% d’entre elles annoncent une reprise de la chaîne logistique entre 6 mois et 1 an et seulement 8% pensent que cette reprise peut être retardée durer plus d’une année.

Pour surmonter cette période critique, 26% des chefs d’entreprise pensent à reconvertir leurs activités contre 74%  qui comptent garder le même secteur d’activité. D’emblée, ils sont tous confrontés à plusieurs préoccupations dont la perte de parts de marché, les échéances financières, fiscales et sociales, le risque de fermeture et faillite, la perte des postes d’emplois.

Le gouvernement tunisien a mis en place plusieurs mesures de sauvetage aux profits des PME au moment de la crise sanitaire. «Le gouvernement a spécifié des critères d’éligibilité aux mesures gouvernementales annoncées pour le sauvetage des entreprises les plus touchées par la pandémie. Cependant 59% des enquêtés jugent que ces critères sont moyennement accessibles, 37% jugent qu’ils sont faiblement accessibles, contre seulement 4% qui pensent que les mesures sont fortement accessibles pour les PME».

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