La Tunisie célèbre aujourd’hui le 65e anniversaire de son indépendance. Pour ceux qui veulent scruter l’avenir, l’événement marquant de cette date sera le lancement du premier satellite tunisien. Un geste majeur qui propulse la Tunisie dans l’innovation et la modernité. Les pessimistes parleront pour leur part de recolonisation. Tel le député Saïd Jaziri qui a clamé haut et fort que la suspension de la diffusion de la Radio du Saint Coran a été «une décision française car la France nous occupe toujours et qu’elle est contre l’Islam, notre religion». Des propos irresponsables et d’un ridicule absolu. Certes, le colonialisme est une erreur.
Evidemment qu’il y a eu des exactions épouvantables au Cap Bon, à Bizerte et ailleurs. Mais aussi il y a eu un Charles Nicolle, un Ernest Conseil, un Mendes France, un Alain Savary, un Bourguiba, un Ben Ammar. Il y a eu aussi des gens de grande intelligence en cette période.
C’est une histoire qui n’est pas en blanc et noir, c’est une histoire de libération, d’une indépendance mais soixante-cinq ans après, la jeunesse tunisienne n’a pas besoin uniquement de penser à l’indépendance, elle pense plutôt à sa liberté de faire, d’entreprendre et de rêver, de construire. Mais attention à ne pas caricaturer au nom de l’histoire la relation entre la France et la Tunisie. C’est une relation qui a construit l’époque de l’indépendance tunisienne, qui a construit la francophonie en 70, qui a construit plein de choses et qui a construit le développement. Nous avons aussi plus de 800 mille Tunisiens qui vivent en France, qui jouent un rôle bien important dans la société française, qui sont bien intégrés. Quant aux échanges économiques, il y a plus de 1.400 entreprises françaises en Tunisie.
Le déficit commercial de la France avec la Tunisie est d’un milliard d’euros, soit plus de trois mille millions de dinars. Que dire de l’Islam, et c’est formidable, qui est la deuxième religion en France ? Il faut que le mensonge politicien et l’instrumentalisation des personnes cessent sur une prétendue domination française sur la Tunisie. Les faits sont là. En effet, depuis 1956 jusqu’à aujourd’hui, il y a eu du chemin. Car notre pays est d’une indépendance farouche, une souveraineté que personne ne lui conteste et personne en France ne souhaite autre chose que le succès de cette Tunisie selon les choix qui sont les siens. Notre relation est totalement équitable. Notre relation diplomatique est beaucoup plus forte qu’elle l’était pendant les dernières décennies parce qu’elle est construite sur un nouveau socle de valeurs nouvelles et partagées. C’est une relation entre deux démocraties qui discutent ensemble. Et s’il y a des prédicateurs qui ne croient pas encore que la Tunisie d’aujourd’hui n’est pas celle d’avant 1956, ils n’auront qu’à regarder au ciel le satellite tunisien suivre sa trajectoire pour se mettre en orbite, pour comprendre que quelque chose a changé et dans la bonne direction.