Histoire du festival de la chanson tunisienne : La musique au fil du temps

Depuis l’expatriation andalouse du XVe et jusqu’au XVIIe siècle, la musique s’est développée en tant qu’expression de choix du vécu social, et plus récemment aux XIXe et XXe siècles, elle est devenue une matière incontournable de cette culture.

Dans cette optique, un rendez-vous ponctuel entre les multiples intervenants dans la sphère musicale est devenu indispensable, et le festival de la musique tunisienne prit naissance, avec des racines qui remontent aux années 60, et comme précurseur le festival «Saliha» initié par la Radio nationale, et plus tard le festival «Ali-Riahi» en 1979 ou «Les soirées de Carthage». Sans oublier le rôle de choix joué par les nombreuses sommités musicales que la Tunisie a connues, d’Ahmed El Ouafi à Salah El Mehdi, pour la promotion de l’héritage musical tunisien et son rayonnement, lit-on dans le catalogue du festival.

Pour mieux ancrer la musique dans les habitudes des jeunes générations, particulièrement, il y eut le lancement en 1972 des clubs de la jeunesse musicale, un organisme faisant partie de l’Organisation internationale de la jeunesse musicale.

En 1986, fut lancée «La semaine de la musique tunisienne», un autre événement créé pour réunir artistes, poètes, musiciens, chanteurs, paroliers, compositeurs, et autres acteurs dans la sphère de la musique tunisienne. Et c’est le maestro et grand professeur de la musique tunisienne, Fethi Zghonda, qui lança en 1987 la première édition du festival de la musique tunisienne qu’il dirigea durant sept sessions de la première en 1987, jusqu’à la huitième en 1994 (avec un intermède en 1992, session dirigée par Khalil Hafhouf).

Succèdèrent à Fethi Zghonda plusieurs autres grands musiciens à la tête de ce festival de la musique tunisienne, dont feu Ahmed Achour (1996), Mohamed Boudhina (1999), Riadh Marzouki (2000), Abdelkrim Shabou (2001), Hamadi Ben Othman (2002), alors que Sonia M’barek prit la direction de la 16e édition en 2005 et jusqu’à la dernière, la 19e en 2008. Depuis cette date, le festival vit la disparition de cette manifestation 12 ans durant pour reprendre cette année dans sa 20e édition sous le nom du festival de la chanson tunisienne et sous la direction de Chokri Bouzayène.

Le printemps de la musique tunisienne contemporaine

Lors de ces éditions passées, la chanson tunisienne a vu l’éclosion de nombreuses vedettes qui feront, selon les experts, le printemps de la musique tunisienne contemporaine, ou ceux qui ont été les invités d’honneur de ces sessions tels que Chedly Hajji, Adnene Chaouachi, Lotfi Bouchnaq, Saber Rebaï, Sonia M’barek, Nabiha Karaouli, Mohamed Jebali et bien d’autres, mais aussi les instrumentistes Belgacem Ammar et Hassen Gharbi honorés à leur tour.

Des hommages ont également été rendus aux autres grands noms de la chanson tunisienne, la génération de l’Indépendance, les Khemaies Hannafi, Hédi Jouini, Ali Riahi, Sadok Thraya, Naâma, Oulaya, Safia, Ahmed Hamza, Choubaila Rached, Zouheira Salem, et autres célébrités, tout comme les éminents compositeurs et paroliers, les inoubliables Salah El Mehdi, Mohamed Triki, Abdelmajid Ben Jeddou, Mohamed Ridha, Ridha Khouini et bien d’autres.

Quant aux prix décernés aux chanteurs lors des premières éditions, au niveau des performances individuelles, ce sont les reprises de ces chansons d’anthologie qui ont permis aux lauréats de se distinguer, des chansons telles que «Ghezali Nafar» (Sonia M’Barek), «Frag Ghezali» ( Radhia Fathallah), «Selsa wel khal» (Moncef Abla), «Ghezela bin lajbel» (Mohamed Jebali), etc.

A cela s’ajouteront les nouvelles productions primées lors de ces mêmes sessions, avec les jeunes chanteurs en ces temps-là, comme Sonia M’Barek, Dhikra Mohamed, Dorsaf Hamdani, Slim Dammak, Slah Mosbah, Soufia Sadok, Lotfi Bouchnaq, Adnane Chaouachi, Nawel Ghachem, Mounira Hamdi, Jamel Chebbi, Ibtissem Rebai, Alya Belaid, Salah Hmidet, Moufida Aissa, Mounir Mehdi… Tous gratifiés grâce aux remarquables textes de Abdemajid Ben Jeddou, Abdelhamid Rebai, Hassouna Gassouma, Hassen Mahnouch, Hassen Chelbi, Ameur Ettounsi, Habib Mahnouch, Jlidi Aouini, Bechir Fraj ou Ridha Besbes, et les compositions de Abdelkarim S’habou, Abderrahmane Ayadi, Samir Agrebi, Khaled Sdiri, Mohamed Salah Harakati, Hamdi Ben Othman, Jamel Ellejmi, Chedly Hajji, Béchir Selmi, Mohamed Idriss, Hédi Ali, Hamdi Ben Othman et même l’ensemble «Ochak el watan».

Les dernières éditions des années 2000 ont vu aussi la consécration d’une autre génération de chanteurs, à l’image de Foued Becheikh, Hassen Dahmani, Mounir Mehdi ou Tarak Jihad. Toutes ces générations d’artistes ont été accompagnées durant ces joutes musicales par la Troupe de la radio et de la télévision tunisienne, ainsi que celle de la Rachidia, de la troupe de la Ville de Tunis, celle de radio Sfax, de même que la troupe nationale et celle de l’Institut supérieur de musique (ISM), alors que durant la session de 1994, c’est l’Orchestre symphonique qui a aussi signé sa présence.

Plus tard, lors des toutes dernières sessions, c’est une troupe formée d’une sélection d’instrumentistes de toutes les régions qui a accompagné les différents candidats du festival.

En 2021, un incontournable festival de la chanson tunisienne reprendra son cours pour cette 20e édition avec une nouvelle allure et de nouveaux choix mis en place par le comité d’organisation chargé de cette mission, afin de relancer la chanson tunisienne, faire prévaloir ses spécificités et son caractère typique, dans le but d’étendre son rayonnement aux autres contrées dans le monde arabe et ailleurs.

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