L’ambiance actuelle sur la scène politique et entre les composantes de la société rappellent l’ambiance délétère de 2013 où l’expérience démocratique tunisienne a frôlé le pire. Nous étions si proches d’un effondrement du modèle de libertés politiques, en grande partie sous l’impulsion de dangereux clivages sociopolitiques. L’image n’est pas très lointaine : une atmosphère chauffée, des déceptions socioéconomiques et des appels pas innocents pour retrouver un modèle autocratique. Le tout sur fond du retour, pas innocent aussi, du faux débat sur l’identité de la société tunisienne et la recherche de conflits qui sèment la division. Finalement, qui jette de l’huile sur le feu pour attiser la tension qui pourrait s’avérer inctrôlable par la suite ?
Ceux qui le font jouent une dangereuse carte qui complique davantage l’actuel échiquier politique. Et ils ne savent pas peut-être que pousser ces faux conflits en jouant sur la fibre sociétale et identitaire nuira à tout le monde. A la cohabitation avec tout ce que cela peut engendrer comme dissensions politiques propres à toute démocratie, certains poussent vers un schéma d’exclusion, de déni de l’autre et de divergences incontrôlées.
Pendant ce temps, l’Etat se fait de plus en plus faible et fragile à cause de la mauvaise gouvernance politique, et les ratages font l’affaire de cette tendance vers l’exclusion et de ses partisans qui veulent nous apporter les scénarios impitoyables et sanguins des pays voisins. Nous sommes dans une période très délicate sur le plan politique. Les messages, les mots, les gestes, les insinuations mêmes pèsent très lourd. Malheureusement, quand les dirigeants politiques qui gouvernent ne jouent pas leur rôle de médiateur, de protecteur de l’expérience démocratique et quand ils versent dans les conflits idéologiques et même personnels vains, on se doit de tirer la sonnette d’alarme.
La Tunisie reste aux yeux du monde entier le seul modèle transitionnel démocratique qui a survécu, plus ou moins, à tous les aléas. Tout le monde a intérêt à éviter de rentrer dans les petits clivages et calculs qui ne servent pas à produire des changements, mais qui amènent vers les bras de fer et la culture de l’exclusion et de la haine. Ce discours politique haineux, on l’entend depuis des mois. Une véritable boule de neige qui grossit au gré des événements. Le plus dur, c’est qu’il n y a pas de leadership politique qui atténue les effets des dissensions et qui redirige la barque. Ces hommes politiques qui savent anticiper le pire, qui savent comprendre la sensibilité du moment pour éviter l’escalade. Aujourd’hui, nous sommes proches d’une ravageuse explosion si les ardeurs ne sont pas calmées, et si l’on n’arrête pas cette poussée de l’extrémisme dans toutes ses formes. Ce n’est pas un simple jeu pour ceux qui le tentent !