Nous sommes à la quatrième semaine d’une grève sauvage et continue opérée par les agents des recettes des finances partout en Tunisie. Une paralysie généralisée des recettes fiscales directes de l’Etat, c’est-à-dire les recettes « sûres » et liquides de la fiscalité « directe » et de proximité qui garantissent un consistant fonds de roulement aux caisses de l’Etat.
Et le malheur dans tout cela, c’est que c’est une grève qui dépasse le cadre légal : la durée, les modalités et les dommages créés non seulement à l’Etat, mais au simple citoyen bloqué chaque jour devant des guichets fermés. Le simple citoyen qui désire obtenir une carte d’identité, un passeport pour un déplacement urgent, le simple commerçant déjà étouffé par les taxes en tous genres, mais aussi toutes les sociétés et les personnes qui ont des déclarations fiscales ou qui ont des obligations contractuelles telles que le logement et la cession en immobilier… Tout le monde est bouche bée devant cette incroyable mais vraie grève. La raison est comme d’habitude salariale : une prime convenue il y a quelques années a été débloquée mais les montants sont inférieurs à ceux attendus. Le ministre des Finances est pointé du doigt par la partie syndicale car il a failli à ses engagements selon eux et n’a pas cherché à dialoguer. Une version pas très solide quand on voit les conséquences graves de cette grève sur les caisses de l’Etat déjà fragiles et le besoin de liquidités. Une grève ouverte dans un service public aussi sérieux et vital qui dure depuis des semaines, cela ne peut se produire qu’en Tunisie, et nulle part ailleurs. Le droit du travail, les constitutions les plus démocratiques garantissent le droit à la grève, mais il y a une procédure, des délais, des obligations d’assurer le service public minimum. Malheureusement, cette grève des agents des recettes des finances et celle annoncée par le syndicat du transport, ajoutées à d’autres grèves subies par des gouvernements « faibles » ou qui ne savent pas négocier, dévalorisent en quelque sorte ce noble droit pour améliorer les conditions de travail et les droits du personnel. Et finalement, c’est le simple citoyen et contribuable qui paie les pots cassés. Lui seul en premier lieu se trouve en position inconvenante quand ses intérêts sont mis en danger. La grogne est à son apogée à cause de ces grèves illimitée observées dans tous les domaines de la vie et qui se trouvent mal gérées par les gouvernements, mais surtout par l’entité syndicale qui a les moyens de freiner cet élan indiscipliné et cette tendance à décréter des grèves sauvages et illégales. Une chose est sûre, les fonctionnaires ne gagneront pas grand-chose à bloquer la machine et à mettre en péril leurs propres intérêts, eux qui sont payés par les caisses de l’Etat. On attend enfin un retour à la normale, mais on attend surtout un pacte solide pour organiser les grèves et éviter qu’elles deviennent une insubordination injustifiée. Trop, c’est trop !