ON ne se lassera jamais de le souligner : le discours médiatique partisan ne fait que renforcer, de jour en jour, le doute, la suspicion et la méfiance auprès de l’opinion publique à propos des événements, des affaires et des polémiques qui surviennent quotidiennement sur la scène politique nationale.
Ainsi, le citoyen qui suit la tournure des événements en écoutant les déclarations et en lisant les analyses des uns et des autres parmi les acteurs influents du paysage politique national ne sait plus qui croire, qui accuser de chercher à l’induire en erreur ou de lui servir un discours de racolage dans le but de l’influencer et de le pousser à soutenir une certaine vision ou une approche quelconque.
La récente affaire relative au document fuité sur «le présumé complot constitutionnel» ainsi que le traitement médiatique réservé à cette affaire montrent bel et bien que les différents protagonistes des scènes partisane et parlementaire ainsi que du tissu associatif ont instrumentalisé, chacun sur la base de ses objectifs et en fonction de son agenda, l’événement pour produire un discours qu’ils prétendent pédagogique et discursif, mais qui est plutôt orienté vers la persuasion de l’électorat de chaque parti de la justesse et de la pertinence de l’approche du parti qu’ils sont censés soutenir.
Le résultat ne s’est pas fait attendre près d’une semaine après le déclenchement de l’affaire du document fuité. Les Tunisiens naviguent toujours à vue et personne n’est en mesure de convaincre quiconque qu’il existe une partie qui a manipulé, manigancé ou programmé pour impliquer ou compromettre une partie adverse dans «un scandale» qui viendrait s’ajouter aux autres scandales dont on attend toujours que les auteurs soient démasqués et exposés à l’opinion publique.
L’heure n’a-t-elle pas sonné — vu la crise multidimensionnelle qui secoue le pays depuis maintenant près de six mois — pour que nos politiciens, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition et aussi nos analystes et politologues, soient convaincus qu’il est plus que jamais urgent de dépasser les divisions qui règnent sur la scène et de convenir au moins d’une trêve médiatique qui pourrait réconcilier les Tunisiennes et les Tunisiens pour une période déterminée, loin des dissensions, de la discorde et de la rupture.