Quelques jours après l’appel lancé par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU : Les abattages de chiens errants reprennent de plus belle…

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Malgré les différents appels au gouvernement pour arrêter les opérations de mise à mort massive des animaux errants, notamment les chiens, rien n’a changé dans le pays depuis des dizaines d’années.

Qui bat son chien bat les siens. Dans un pays comme le nôtre, connu pour ses fameuses campagnes d’abattage de masse des chiens errants et ses méthodes de contrôle inhumaines, la maltraitance animale est et restera un facteur prédictif de violence envers les humains et surtout les enfants. Partant de ce constat, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a été sollicité, par l’ONG l’European Link Coalition, en vue d’interpeller le gouvernement tunisien afin de protéger l’enfant soumis à la violence vis-à-vis des animaux. Il s’agit, entre autres, de protéger l’enfant en protégeant l’animal.

On a bien commencé, mais…

En effet, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a admis la pertinence de ce concept et, lors de sa session, tenue entre les 26 et 28 mai 2021, le gouvernement tunisien, entre autres sujets, a été questionné à ce propos et le 27 mai, il a répondu à la question du comité sur le traumatisme que représente l’abattage des chiens errants pour les enfants. Sa réponse a fait l’objet d’une parution publiée le 1er juin 2021 : « La délégation tunisienne a, par ailleurs, donné des explications sur l’intervention de la police pour se débarrasser des chiens errants. Plusieurs accords ont été conclus avec les municipalités. Certains citoyens demandent que les chiens errants soient tués, mais le ministère de l’Agriculture a opté pour une intervention plus humaniste qui consiste en particulier à recueillir les animaux, les soigner et les vacciner avant de tenter de les faire adopter ou de les relâcher après vaccination, pour qu’ils ne transmettent plus la maladie. Ainsi, le nombre d’animaux tués a été nettement réduit », lit-on dans le rapport du Comité, publié sur le site de l’ONU. A cela, Dr Soumaya Chouk, médecin vétérinaire, anciennement directrice de la Protection de l’environnement à la municipalité de Tunis et qui est également à l’origine des centres de stérilisation et vaccination de la ville de Tunis et de l’Ariana, spécialiste reconnue pour sa compétence en matière de gestion des populations de chiens errants, a répondu que ce sont des initiatives municipales demandées et exigées par des activistes de la cause animale et la société civile et financées, en partie, par des dons et par les budgets municipaux, ce qui a permis la création de centres de stérilisation et vaccination. Ces centres, situés à La Goulette, Ariana, Tunis, La Marsa, qui ouvrira ses portes cet été, et Soliman fonctionnent avec le soutien de bénévoles de la cause animale.

A ce jour, environ 1.700 animaux ont été vaccinés et stérilisés sur l’ensemble des 4 centres en activité. Les centres actifs sont tous situés sur le Grand-Tunis, ce qui signifie que seules 5 municipalités, sur les 350 que compte le pays, ont une gestion qui correspond aux déclarations qu’a faites le gouvernement au Comité de l’ONU. Ce qui signifie que la Tunisie est bien loin du compte pour arriver à une gestion maîtrisée. Dans d’autres municipalités à l’instar de Gabès, Sousse, Radès, et Raoued, l’abattage a été stoppé, et quatre autres municipalités s’interrogent sur la création de centres de stérilisation.

Stopper la maltraitance animale et enfantine

En ce qui concerne la gestion de la vaccination antirabique, Dr Chouk souligne que le ministère de l’Agriculture organise de janvier à mars des campagnes de vaccination qui ne concernent que les chiens de propriétaires… Elle ajoute que ces campagnes se poursuivent depuis 1982 et que, malgré cela, il y a eu à ce jour (juin 2021) cinq cas de rage humaine alors que la moyenne annuelle est de 6 cas !

Au vu de ces résultats, on peut se poser la question de la pertinence d’un tel programme qui dure depuis bientôt 40 ans. A cela, il faut ajouter que pour bien montrer sa détermination à protéger les enfants, le 1er juin 2021, la police municipale de Houmt Souk, sur l’île de Djerba, a massacré des chiens errants sur la Marina, et ce, en plein jour et au vu de tous, laissant les cadavres et les agonisants sur place ! Et donc, encore une fois, on ne cesse de continuer à maltraiter les enfants et les animaux, et ce, seulement 4 jours après les déclarations du gouvernement tunisien au Comité des Droits de l’Enfant à l’ONU… Les mêmes massacres commandités par la municipalité ont eu lieu dans la nuit du 1er au 2 juin à Ben Arous! A cet égard, jusqu’à quand le gouvernement se permettra-t-il de manipuler la vérité face à des instances internationales ? A quand une loi de protection animale en Tunisie, seul moyen de protéger enfants et animaux ? A quand un programme national de stérilisation et de vaccination des animaux errants ? A quand une obligation ou au moins une réelle incitation pour les propriétaires de stériliser et vacciner leurs animaux de compagnie ? Aujourd’hui, il est plus que jamais temps de stopper cette maltraitance animale et enfantine car nos enfants et les animaux vivant sur le sol tunisien méritent le respect et la protection…

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