Hatem El Euchi, ancien ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières :
« Les libyens peuvent, depuis la note n°28-2016 fixant le cadre légal relatif aux achats, par des Libyens, de biens immobiliers sur le territoire national et, en respectant certaines conditions, acquérir des propriétés sans autorisation préalable. Un avantage qui s’est renforcé ensuite avec des notes postérieures. Les étrangers peuvent acheter des fonds de commerce sans aucune restriction étant donné que la vente du fonds de commerce ne concerne pas le local. Toutefois, les terres agricoles relevant du domaine public ne peuvent pas être vendues aux étrangers. La loi est sans équivoque depuis la nationalisation des terres agricoles détenues par les étrangers ( la loi du 12 mai 1964), et la loi n°95-21 relative aux immeubles domaniaux agricoles, qui a depuis 1995 interdit aux Tunisiens l’acquisition de ces terres. Ainsi, d’après les lois en vigueur, les investisseurs étrangers ne peuvent pas acquérir ces terres domaniales à moins que cette réglementation soit revue et révisée par le législateur, en précisant que l’investissement demeure possible sous d’autres formes ».
Fadhel Kaboub, économiste et spécialiste des politiques monétaires et budgétaires dans le monde arabe:
« On entend souvent que nous devons emprunter au FMI pour pouvoir financer le budget du gouvernement; autrement dit, selon certains politiques, pour pouvoir payer les salaires des fonctionnaires. Or, ces salaires ne sont pas payés en dollars, mais en dinars tunisiens. Les prêts contractés auprès du FMI ne servent donc pas à cela. Ils permettent surtout au ministère des Finances et à la Banque centrale de défendre efficacement la valeur du dinar, sous pression, en raison des importations massives de denrées alimentaires, d’énergie et du déficit commercial structurel… Un climat de grande morosité a régné sur l’économie tunisienne ces dix dernières années. La baisse des investissements directs étrangers, la perte des recettes touristiques en devises et des recettes d’exportation en général, ont beaucoup pesé sur le pays. Après la révolution, le secteur privé n’était tout simplement pas capable d’absorber les nouveaux venus sur le marché du travail, notamment cette jeunesse frustrée qui s’est soulevée en 2011. On peut comprendre la pression croissante qui s’est alors exercée sur le gouvernement pour créer des emplois. Malheureusement, cette solution a été utilisée comme un remède de court terme, sans vision stratégique. Aujourd’hui, le FMI demande de restreindre la masse salariale du secteur public, mais une telle mesure risque d’être socialement intenable, surtout si elle arrive en même temps que la suppression des subventions alimentaires et énergétiques et d’autres dépenses publiques consacrées aux services sociaux, mentionnée dans le plan gouvernemental, proposée au FMI ».