Avec un label à généraliser sur tous les produits tunisiens sans exception, on pourra interpeller la conscience éco-responsable du consommateur autochtone qui privilégiera un produit local, surtout quand la qualité est la même que celui importé. D’autant plus s’il est moins cher sans affecter sa qualité. Et vous, que pensez-vous de l’idée d’un visuel pour défendre le produit national ?
L’invasion de produits d’origine étrangère ne connaît aucun répit si bien que le système économique national, basé sur la production locale, s’effondre d’année en année. Cela sans qu’aucun décideur ou dirigeant local ne lève le petit doigt pour prendre des mesures radicales et changer cette sombre réalité. Il semble que cela dépasse leur fonction dans laquelle ils se contentent de parer au plus urgent sans stratégie ni visibilité. Jamais la Tunisie n’a croulé autant sous le diktat commercial imposé par la mondialisation et le libre-échange qu’aujourd’hui. Les produits industriels alimentaires et non essentiels importés sont devenus omniprésents et largement répandus dans tous les quartiers d’affaires et résidentiels jusqu’aux plus populaires de Tunisie. Des chips égyptiens, algériens ou allemands, malgré la grande variété de produits locaux, des jus et boissons de même origine ou encore des pays de l’Europe de l’est comme la Slovénie ou la Pologne, tout ceci en y ajoutant la Turquie, partenaire économique et commercial de la Tunisie de poids. A l’instar de la France, de nombreux produits d’origine turque sont vendus en Tunisie notamment durant la dernière décennie. La consistance des appareils automatiques et ustensiles, ajoutée à la grande variété des articles turcs même de bonne qualité, ont sapé la bonne marche du tissu productif tunisien. Lorsqu’on constate la crise économique sans précédent en Tunisie avec une baisse des avoirs en devises et monnaies étrangères, le bât blesse et on ne peut continuer de tolérer une telle situation. Paradoxalement rien ne change, tout empire dans un climat politique extrêmement tendu et défavorable.
L’idée est donc de proposer des solutions substantielles, provisoires pour atténuer la crise que traverse la nation tunisienne. Le hastag #consommitounsi619 qui a un succès retentissant sur les réseaux sociaux avec près de 500.000 abonnés sur sa page facebook, marque des points et sort du mutisme et de l’attentisme des décideurs. Mais l’action citoyenne et responsable de la société civile ne suffit pas à elle seule. Il faut y ajouter des initiatives productives et intelligentes. Imposer un label rond et rouge sur chaque produit tunisien pour rappeler le bienfait qu’il y a à consommer un tel produit est une proposition qui présente de nombreux avantages.
A la manière du logo Tunisie que l’on trouve sur des appareils téléphoniques comme les smartphones d’une marque sud-coréenne pour rappeler que le produit est garanti et labellisé en Tunisie et distribué officiellement, l’idée pourrait faire son bonhomme de chemin. Pour plusieurs raisons.
En captivant l’intérêt du consommateur tunisien qui n’a pas perdu goût ni intérêt pour le produit tunisien, on peut rattraper le temps et l’énergie perdus à inciter sans agir. Le consommateur n’a pas le temps ou il ne lui vient pas à l’esprit la nécessité de lire le code à barres pour vérifier si le produit est bel et bien tunisien, un geste qu’on peut mettre en pratique rapidement et systématiquement avec un visuel tout trouvé. La fabrication locale de produits industriels alimentaires et annexes riche et fournie ne doit pas être négligée de la sorte même si elle est de moindre qualité, sans que cela soit systématique non plus.
Privilégier les produits locaux
Le code à barre à dix chiffres qui commence avec la série 619 est largement répandu, mais il trouve quasiment son équivalent ou un concurrent dans toutes les lignes de produits alimentaires. Hormis des produits comme l’eau, le lait ou les produits typiquement nationaux comme l’harissa ou l’huile d’olive, la concurrence des articles importés étouffe le consommateur local qui achète ce qui lui chante sans aucune motivation particulière. Il ne manque plus qu’on trouve une huile d’olive grecque ou italienne pour toucher le fond. Tant qu’il en trouve sur les étals des épiciers et des rayons des supermarchés, à quoi bon? Pourtant la relance de l’intérêt pour la consommation de biscuits et jus tunisiens, de chocolat et confiseries locales avec la saison estivale qui pointe le bout du nez, doit redevenir une logique et une priorité nationale. Une eau de source naturelle qui porte le nom en anglais de la «Tunisie du possible» a trouvé le bon filon pour vendre dans ce marasme. Le pouvoir d’achat du Tunisien qui s’amenuise comme peau de chagrin doit permettre ce retour aux sources. Il n’est pas joyeux d’en arriver là mais c’est le prix à payer pour remettre une partie de l’économie tunisienne à flot. Les citoyens continuent de promouvoir la qualité tunisienne dès qu’elle se manifeste à travers des publications incitatives pour influencer l’intérêt à consommer tunisien notamment sur «consommi tounsi #619». Le produit tunisien résiste bien aux chocs et séismes provoqués par les produits importés depuis 2011, notamment dans les rayons des produits d’hygiène et d’entretien mais le chemin est long pour atteindre les normes internationales et les standards les plus élevés. La faute à un climat économique et politique délétère qui ne protège, ni n’encourage véritablement la production locale. Ce ne sont pas les industriels qui diront le contraire. L’heure est à la mobilisation générale pour privilégier au mieux et le plus possible le produit local là où c’est acceptable et avouable à l’esprit. La qualité a un prix mais pas n’importe lequel. Il est temps de faire profil bas et de revoir son rapport avec la consommation des produits importés.