Vu le besoin urgent en fonds pour acheter le matériel médical pour différents hôpitaux de Kairouan, l’Otjm et l’Amtm appellent les citoyens, les entreprises, le secteur privé et les composantes de la société civile à continuer à participer à cet élan de solidarité…
Devant l’état sanitaire critique à Kairouan et devant le manque d’équipements, l’Organisation tunisienne des jeunes médecins (Otjm) et l’Association des médecins tunisiens dans le monde (Amtm) lancent, depuis le 20 juin et durant un mois, une campagne de collecte de fonds pour venir en aide aux hôpitaux de la région en détresse.
«Tous unis contre le virus», malgré tout…
Cyrine Chelly, assistante hospitalo-universitaire en gynécologie obstétrique, à l’hôpital Ibn El Jazzar Kairouan, indique que cette campagne de collecte de fonds a été lancée sur la plateforme ‘’Cha9a9a.tn’’ pour renouveler cet élan de solidarité chez les Tunisiens, d’une part, et surtout pour équiper les hôpitaux de Kairouan qui manquent cruellement de moyens pour faire face à l’afflux continu de patients graves nécessitant une assistance respiratoire. « Nous allons privilégier l’achat de concentrateurs d’oxygène, ou autres équipements selon le montant total collecté… A l’heure actuelle, cette campagne connait un succès, étant donné que deux jours seulement après son lancement, nous sommes parvenus à collecter 30 mille dinars… Nous comptons sur la grande générosité des Tunisiennes et des Tunisiens, car chaque don participera à sauver des vies et apportera main-forte aux efforts du ministère de la Santé et des autres organismes publics, qui militent pour endiguer la propagation du virus », souligne-t-elle.
Sur un autre plan, la Faculté de Médecine Ibn El Jazzar de Sousse (FMS) vient de lancer un appel à ses étudiants du niveau DCEM1 au DCEM3, aux internes et aux résidents, pour apporter leur aide et soutien aux équipes médicales de l’hôpital de Kairouan Ibn El Jazzar. « La ville de Kairouan est au bord de l’effondrement sanitaire…Nous avons besoin de vos compétences (externes, internes, résidents, médecins généralistes, retraités, infirmiers, aides soignants…) pour assurer les soins journaliers ou pendant les gardes…Les bénévoles seront demandés à faire des gardes de 13h00 au lendemain pour surveiller les patients sous l’encadrement des médecins… », souligne la FMS sur sa page Facebook, tout en ajoutant que la faculté assurera la prise en charge logistique des bénévoles.
Arrêter de tout mettre sur le dos des citoyens…
Face à cette situation alarmante, le président de l’Otjm, Jed Henchiri, n’a pas mâché ses mots pour exprimer sa frustration, sa colère et son désarroi face à ce qu’il considère comme de l’inaction de la part du gouvernement. «Nous sommes tous concernés par cette épidémie et avons tous la responsabilité d’y faire face et de limiter ses conséquences… L’expérience l’a prouvé déjà ; les efforts de l’Etat ne suffisent pas, et par conséquent, l’implication de tout le monde (citoyens, société civile, secteur privé, associations…) est indispensable pour limiter la propagation du coronavirus, réussir à maîtriser la situation — si c’est encore possible — dans les régions classées comme foyers de contamination…, et le plus important éviter de répéter le même scénario dans d’autres villes, ce qui n’est pas loin d’être le cas, d’ailleurs, puisque des gouvernorats comme Nabeul ou le Grand-Tunis connaissent actuellement une propagation rapide du coronavirus avec des foyers importants dans plusieurs villes», regrette-t-il.
Le jeune médecin ajoute qu’il faut arrêter de tout mettre sur le dos des citoyens et accuse le gouvernement d’une gestion catastrophique de la pandémie et d’avoir noyé le pays dans cette crise sanitaire sans précédent. « On est loin d’être un peuple parfait, mais cette crise-là est l’œuvre d’une bande de politiques incompétents, avares, traîtres et insouciants ayant la main basse sur l’Etat…Ils n’ont pas tous les mêmes visages, mais ils partagent tous le même ‘’projet’’ de destruction de l’Etat au profit de quelques richards détenant toutes les richesses du pays, qui sont prêts à profiter de toutes les situations même les pandémies pour gonfler leurs profits aux dépens de la vie des Tunisiens», reproche-t-il.