Accueil Editorial «J’accuse»

«J’accuse»

C’est avec des trémolos dans la voix que ceux qui nous gouvernent osent demander l’aide internationale. Le problème ne réside pas dans le fait d’admettre que la situation est déjà hors de contrôle. Mais qui daignera l’avouer ? Ni le Chef de l’Etat, ni le Chef du gouvernement et moins encore le président du Parlement ne sont prêts à assumer le poids politique d’une telle annonce qui pourtant serait le sésame pour fournir au pays aide et assistance. Où est le mal de laisser d’autres pays voler au secours d’une population en détresse, de prendre en charge les malades qui n’ont pas trouvé de lits de réanimation chez eux ou d’envoyer des équipes médicales prêter main-forte à une armée blanche au bord de l’effondrement ? Que nenni. Ils se regardent en chiens de faïence alors que des vies sont menacées de mort. Chacun campe sur sa position en attendant de voir l’autre faire un faux pas pour lui tirer dans les pattes. Entre-temps, aucune mesure aussi importante soit-elle ne pourrait renverser la vapeur. Car les mêmes recettes ne peuvent produire que les mêmes effets. La gestion des lits de réanimation dans les hôpitaux publics ou même à l’Hôpital militaire reste une chasse gardée de quelques personnes influentes qui y placent avec une grande aisance et facilité leurs proches et leurs connaissances. La réquisition des lits dans le secteur privé est une question taboue que nul ne peut imposer même en temps de crise où la sécurité nationale est en jeu. Pourtant, le coût est presque le même avec environ 2.470 DT la nuit par malade dans les établissements hospitaliers publics. Le ministère public, l’Instance de lutte contre la corruption et tout l’arsenal des instances démocratiques plongent dans un sommeil profond. Pourtant, il y a mort d’hommes et des cas de non-assistance à personne en danger. A l’ARP, on préfère lisser la crise sans froisser l’orgueil du Président de la République en retirant de l’ordre du jour le débat sur la Cour constitutionnelle.

Le citoyen lambda souhaite vivement voir le pays sous confinement général prolongé mais le Comité scientifique agit politiquement. La grande trouvaille est un bide sans nom : faire avancer le couvre-feu de deux heures n’est qu’un rafistolage. La vérité est que les Tunisiens sont livrés à eux-mêmes jusqu’à ce que la vague entame sa courbe baissière naturellement. Le virus n’est pas invincible et la république populaire de Chine l’a démontré. Au fait, on est en train de récolter les résultats des mauvais choix politiques dans la gestion de cette crise depuis le début. Et même si l’appel à l’aide internationale froisserait plus d’un, pourquoi rechigner à faire appel à la solidarité populaire pour dépasser cet épisode sinistre ? L’histoire retiendra la passivité de tous les acteurs impliqués dans le décès de plus de 15 mille personnes en Tunisie. Vous bénéficiez certes d’une immunité politique temporaire mais le jour de la reddition des comptes viendra. Vous répondrez tous des forfaits commis délibérément ou inconsciemment. C’est la force de l’histoire et de la mémoire collective.

Ni la censure, ni le musellement ni encore la répression ne pourront vous extirper de cette responsabilité.

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Un commentaire

  1. Jamila Lahmar

    2 juillet 2021 à 16:07

    Très bon article, Merci pour ce coup de gueule!! La Tunisie devrait proposer des traitements tels que l’ivermectine qui semble marcher et distribuée au Mexique et en Inde, en Italie du Nord l’hydroxychloriquine est prescrite avec un antibiotique. Le tout vaccinal n’est pas la solution. j’espère que le Gouvernement fera de bons choix et permettra aux concitoyens de se faire soigner à un stade précoce de la maladie et surtout aux médecins de prescrire ces molécules qui sont vantées dans de nombreux articles de la presse scientifique relatés notamment sur le site de France Soir. Les pays qui ont le plus vaccinés font face à des variants et envisage le re confinement . Bien à vous.

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