Une saison ratée encore une fois et les professionnels doivent se débrouiller comme ils peuvent pour maintenir leur patrimoine en vie
Le secteur du tourisme vit depuis belle lurette une situation de crise à cause des problèmes structurels et surtout à cause des effets néfastes de la pandémie qui a mis à rude épreuve plus d’une unité hôtelière. Malgré les mesures préventives prises par les pouvoirs publics pour rétablir la confiance des touristes vers la destination Tunisie, voilà que la France place, récemment, notre pays dans la liste rouge. C’est-à-dire dans la liste des pays qui présentent un risque majeur lors du déplacement. Pourtant, les professionnels attendaient beaucoup de cette saison touristique après une haute saison catastrophique en 2020, et ce, pour sauver la mise et assurer la relance d’un secteur en mort clinique.
Il faut reconnaître aussi que la situation pandémique en Tunisie est à son niveau le plus négatif vu l’état des hôpitaux qui n’arrivent plus à recevoir les malades infectés par le Covid, le manque d’oxygène et des respirateurs ainsi que des médicaments. Un reportage télévisé réalisé, récemment, par une chaîne française a mis à nu tout un secteur de santé lamentable. D’ailleurs, plusieurs pays, à commencer par la France, se sont précipités pour envoyer des aides médicales à la Tunisie afin de la faire sortir de la crise. Parmi les pays donateurs, on peut citer aussi le Maroc, la Mauritanie, l’Egypte et autres.
Quels emplois préserver ?
La Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) a tenu, mercredi 14 juillet à Hammamet, une réunion de son Conseil national. Durant cet événement, les professionnels ont exprimé leur profonde préoccupation face à la situation actuelle du secteur suite à la propagation du coronavirus. « Le secteur a connu une année blanche en 2020», lit-on dans un communiqué de la FTH intitulé «La situation est devenue insoutenable !». La propagation du virus a accentué la gravité de la situation puisqu’elle vient s’ajouter aux crises que traverse le secteur de l’hôtellerie en raison de l’instabilité politique et sécuritaire depuis 2011.
Désormais, on ne parle plus de préservation des postes d’emploi mais surtout de maintien en vie des unités hôtelières pour qu’elles puissent, le moment venu, de renaître de leurs cendres. Les professionnels demandent plus des pouvoirs publics pour pouvoir résister à la dégradation du secteur. Parmi les doléances, celles qui concernent la fiscalité, le report du remboursement des crédits et pourquoi pas l’octroi de nouveaux crédits pour pouvoir mener les travaux de restauration nécessaires et payer les salariés. Les hôteliers saignent par quatre veines mais n’ont pas de solution en vue pour arrêter cette machine de destruction massive qui risque de mettre à plat tout le secteur touristique. Et dire que les pouvoirs publics ont fait un premier pas envers les professionnels en leur fournissant certaines aides qui se sont avérées insuffisantes. Le secteur touristique risque de s’écrouler totalement et certains hôteliers ont consenti des baisses conséquentes pour encourager le tourisme intérieur.
Un acquis et un patrimoine de valeur
Les professionnels de l’hôtellerie, selon le même communiqué, avaient essayé, en 2020, de maintenir, autant que possible, le fonctionnement des établissements hôteliers. Ils avaient, également, exprimé leur soutien aux efforts de l’État. Les professionnels de l’hôtellerie sont conscients « de la nécessité d’unir les efforts afin de dépasser la crise sanitaire », poursuit le communiqué. Il faut attendre l’année 2022 pour voir une lueur d’espoir pointer à l’horizon. C’est aussi une saison ratée et les professionnels doivent se débrouiller comme ils peuvent pour maintenir leur patrimoine en vie. En fait, l’infrastructure hôtelière tunisienne, renouvelée régulièrement, constitue un vrai acquis fait d’efforts et d’investissements durant des décennies. Des hommes d’affaires se sont donnés corps et âme pour réaliser cette prouesse, aujourd’hui dans son état le plus bas.
Cependant, la FTH a critiqué le manque de clarté dans les stratégies et l’incapacité de l’État à gérer la crise sanitaire. Elle a considéré que ceci a poussé le secteur à subir une deuxième année blanche consécutive. La fédération a considéré qu’il s’agissait d’une crise sans précédent pour le tourisme tunisien. «Plusieurs professionnels ont affirmé être dans l’obligation de fermer leurs établissements», poursuit le communiqué. La fédération a expliqué que ces professionnels sont dans l’incapacité de supporter à eux seuls l’impact financier de la crise.
Ceci aboutira à une fragilité de la situation et des conditions sociales des employés et travailleurs de ce secteur. Plusieurs propriétaires d’établissements hôteliers ont souligné l’impact de la crise que traverse le secteur touristique et ses effets sur sa capacité opérationnelle et sa contribution à l’économie nationale durant la prochaine saison. Quoi qu’il en soit, le secteur du tourisme est vraiment malade malgré les soins intensifs prodigués par les pouvoirs publics pour le remettre sur pied et surmonter cette période de crise.