Accueil A la une Situation épidémiologique : Où va-t-on ?

Situation épidémiologique : Où va-t-on ?

Rien d’exceptionnel n’a été fait pour sauver la mise. On continue à gérer au jour le jour, dans l’improvisation totale. Alors que la situation épidémiologique devient inquiétante et sème la panique. Amnesty International réagit.

La campagne nationale de vaccination contre le Covid-19, entamée en mars dernier, avance à un rythme jugé assez trop lent. Est-ce qu’elle est bien conçue et réfléchie? Pour Amnesty International, elle ne semble pas juste et encore moins transparente. D’autant qu’elle n’a pas abouti aux objectifs déjà tracés. Entre-temps, notre système de santé croule sous une 4e vague si durement ravageuse qui continue à faire des décès et des contaminés partout dans le pays. Le corps médical et paramédical n’a cessé, depuis janvier, de crier haro sur un tel état de dysfonctionnement, fortement aggravé par la saturation des hôpitaux et l’indisponibilité des vaccins. Secoué par un tiraillement politique qui gagna, pendant des mois, les deux têtes de l’exécutif, l’Etat n’a pas, alors, su agir en connaissance de cause. Sa fuite en avant nous a coûté très cher !

Et pourtant, rien d’exceptionnel n’a été fait pour sauver la mise. On continue à gérer au jour le jour, dans l’improvisation totale. Alors que la situation épidémiologique fait peur et sème encore la panique : «On est arrivé, jusqu’ici, à plus de 16 mille morts des suites du Covid, soit le bilan le plus lourd en Afrique. D’ailleurs, le nombre de décès par jour pour 1.000.000 personnes a de loin dépassé la moyenne à l’échelle mondiale après la Namibie…», déplore Amnesty. Pire encore, la courbe des contaminations pour 100 mille habitants va crescendo, créant ainsi un état d’alerte sanitaire. Et un confinement ciblé décrété dans pas mal des régions sinistrées. Où va-t-on ? La porte-parole du ministère de la Santé, Nissaf Ben Alaya, avait déclaré que le système de santé a atteint son déclin. Une déclaration qui avait enflammé la Toile et suscité le mécontentement des officiels. Sur cette même lancée, Mme Emna Guellali, représentante d’Amnesty International dans la région Mena, vient d’enfoncer le clou : «Le système de soins de base en Tunisie est en passe de s’effondrer…». Qu’attend-on pour réagir à temps? Que faut-il faire pour sauver les vies? L’Etat doit sortir de sa léthargie.

Qu’en est-il d’une campagne de vaccination censée toucher, a priori, 50% de la population d’ici à la fin de l’année, selon les allégations du ministre de la Santé ?, ainsi s’interroge, sidérée, Mme Guellali, dénonçant la nonchalance du gouvernement. Elle l’accuse d’avoir pris du retard dans l’acquisition des vaccins nécessaires à la guerre antipandémie. « Jusque-là, un peu plus de 2,2 millions de doses ont été fournies : quelque 1.531.039 personnes avaient reçu seulement une injection, soit 13% de la population, contre 700 mille entièrement vaccinées, recevant deux doses (environ 6%)», révèle-t-elle, statistiques à l’appui. Ce rythme de vaccination défaillant est dû, selon Amnesty, au manque flagrant d’une stratégie de justice et de transparence, en termes des priorités. L’inscription sur la plateforme « Evax » fait-elle défaut ? Pourquoi certaines catégories socioprofessionnelles sont-elles exceptées ? A l’en croire, aucun intérêt n’a été accordé aux personnes à besoins spécifiques et à ceux souffrant des maladies chroniques. De même, aucun privilège n’a été donné aux détenus et aux plus démunis.

Appel à réviser la stratégie

Et là, Amnesty International demande au gouvernement de faire prévaloir le droit à la santé, en fournissant les vaccins à tous les citoyens. A ce niveau, l’on se demande pourquoi certains membres du gouvernement ont fait exception, en se plaçant parmi les premiers à se faire vacciner ? Ce qui a remis en cause le critère de priorité. C’est que, juge-t-on, l’inscription sur « Evax » n’a plus de sens. Du reste, Mme Guellali a appelé les autorités tunisiennes à rectifier le tir et réviser leur stratégie de vaccination, à même de garantir une répartition des vaccins juste et transparente, tout en donnant la priorité aux catégories sociales marginalisées. Son appel intervient au moment où la société civile nationale et étrangère vient nous prêter main-forte. Beaucoup de pays frères et amis n’ont pas lésiné sur les moyens pour acheminer des convois d’aides humanitaires et médicales au profit de la Tunisie  (vaccins, hôpitaux de campagne, concentrateurs d’oxygène..). Soit un large élan en de solidarité envers notre pays. Que faire, de sa part, Amnesty International pour la Tunisie, en ces temps de pandémie ? Juste une question qui se pose.

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