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Immigration clandestine: L’été de tous les abus

Le nombre de migrants débarquant sur les côtes italiennes connaît actuellement son pic. Combien de Tunisiens y figurent-ils ?

Il est important de signaler que le phénomène de l’émigration clandestine vers l’Italie connaît, en ce moment, un formidable coup d’accélérateur devant lequel personne, du moins pour le moment, ne peut prévoir quand surgira le frein. En effet, selon les dernières statistiques avancées par des médias italiens, ils sont près de trois mille migrants à avoir débarqué, depuis le début du mois de juillet, sur l’île de Lampedusa. Loin, très loin, d’après les mêmes sources, des chiffres concernant le trafic de la saison hivernale. Suffisant pour donner le tournis à un pays où, pour contenir les foudres d’une opposition adepte des méthodes de choc dans la gestion de cette crise, l’Etat continue de faire preuve d’une tolérance zéro dans ce combat. Le plus inquiétant est que, sur les trois mille migrants recensés et arrêtés, on ignore combien d’autres ont, entre-temps, réussi à échapper aux gardes-côtes pour s’évaporer dans le territoire de la Péninsule, et cela en dépit d’une surveillance à distance 24 heures sur 24 établie le long des frontières maritimes ! Psychose…

Les Tunisiens de la partie

Inévitablement, les migrants tunisiens doivent constituer le fer de lance de cette ravageuse vague qui s’est abattue sur l’Italie. Certes, les statistiques officielles l’attestant ne sont pas disponibles. Mais l’on sait pertinemment ici et au pays du spaghetti que les « nôtres», connus pour être en la matière des aventuriers aguerris, ont été toujours de la partie. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou qu’il chauffe ! Pour eux, l’aventure devient autrement plus tentante dès que l’été s’installe. C’est la période faste, quoi, avec, pour principaux motifs d’incitation, une mer plus calme, une traversée moins risquée et, surtout, deux chances sur trois d’éviter le noyade. Naceur Salhi, 52 ans, est un ex-délinquant maintenant assagi. Vieux harrag issu du quartier populaire de Mellassine, il assure avoir raté, en 2008, sa première traversée clandestine vers l’Italie suivie de son extradition immédiate en Tunisie, avant de revenir à la charge, un an plus tard, et de parvenir enfin à atteindre illicitement Lampedusa. «L’échec de ma première opération, se remémore-t-il, est dû essentiellement aux mauvaises conditions climatiques d’un hiver fort rigoureux, ce qui nous a fait prendre, en pleine tempête, par un navire militaire italien qui nous a ainsi sauvés d’une mort certaine. En revanche, ma deuxième tentative fut la bonne, parce que justement effectuée en été, donc dans des conditions favorables».

Le long du littoral

C’est que dans la conviction de nos harragas, l’été c’est aussi tout le littoral du pays qui devient mieux exploitable et tout à fait à leur portée. «On peut, soutient notre interlocuteur chevronné , passer jusqu’à trois nuits sur une plage dans l’attente du début de la traversée. Et cela marchait à l’époque et je pense que ça marche encore, notamment sur nos côtes nord». Et c’est vrai, car le littoral sud du pays est, c’est connu, fortement sollicité, durant la haute saison estivale, par les nombreuses embarcations de la mort affluant de Libye et à leur bord des centaines d’Africains de différentes nationalités.

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