S’il y a quelque chose de très urgent à combattre, ou plutôt qu’il faut commencer à combattre sérieusement, c’est sans doute la corruption qui a envahi tous les secteurs sans exception. Elle concerne tout le monde : partis, fonctionnaires, hommes d’affaires, entreprises publiques, santé, justice, culture et sport, enseignement, énergie, médias… Bref, un fléau qui a fragilisé l’économie et privé l’Etat d’un immense vivier. En même temps, le coût de la corruption est énorme et pèse lourd sur les équilibres macroéconomiques. Et si on est arrivé à ce stade de chaos, c’est en grande partie à cause de la corruption et de l’impunité devant des dossiers lourds et argumentés par des preuves. Cette feuille de route que l’on veut doit comporter systématiquement un plan clair de l’approche anti-corruption. Les dossiers sont là, les organes de la justice tunisienne, malgré toutes les infiltrations, tiennent encore bon. Il suffit d’accélérer la cadence, de passer à l’action et de donner les moyens qu’il faut à notre justice pour mettre fin à ces tragédies et à ces scandaleux agissements.
Cela va avoir des effets impressionnants à court terme sur le plan international. Les bailleurs de fonds, les investisseurs et les pays partenaires auront une motivation de plus pour rentrer dans des ententes et des projets communs. La transparence est, rappelons-le, un indicateur clé en finance internationale : autant on offre une garantie solide pour la protection des intérêts des investisseurs nationaux et internationaux, autant les capitaux vont affluer. On le répète, la lutte contre la corruption (un fléau qui dure depuis des décennies) est la base de tous les projets de réforme. Malheureusement, des voix s’élèvent ces jours pour essayer, au nom d’une fausse lecture des lois et d’une malsaine intention, d’enterrer la vérité, de détourner l’attention sur la récupération des fonds spoliés depuis des années. Ces gens, portant la casquette d’analystes économiques, jouent un rôle pas innocent comme ce fut le cas en 2011. Ce n’est pas le moment de rater cette occasion de commencer une nouvelle page dans notre histoire. Il est temps de mettre fin aux détournements des deniers publics sans qu’il y ait des poursuites. C’est capital si l’on veut réussir cet après-25 juillet encore flou et sceptique, faute de décisions en profondeur. Le temps n’est pas un allié de circonstance.